Il est de ces films qui parviennent à toucher cet état de grâce où intelligence et émotion s'alimentent en permanence, où le cérébral et le sensoriel s'entrelacent à la perfection... où chaque plan est un enchantement pour les yeux, où le moindre son est du miel pour les oreilles, où chaque cadrage est une intention de mise en scène claire, sans être sur signifiant, où les émotions surgissent avec subtilité, grâce à des performances d'acteurs qui n'en font jamais trop...
C'est le cas de Girls will be girls qui, après le Grand Prix obtenu par All we imagine as light, au dernier Festival de Cannes, confirme la très bonne forme et l'excellent niveau du cinéma indien actuel.
Le sujet du film, ambitieux, est un autre point fort. En croisant une thématique universelle (les difficultés d'une émancipation féminine dans une société conservatrice) à un sujet plus intime et audacieux (une jeune fille et sa mère qui s'éprennent du même jeune homme), la cinéaste indienne nous plonge dans un récit passionnant.
Ce récit d'apprentissage met en scène des personnages écrits avec beaucoup de modernité : une jeune fille à la personnalité forte, qui prend à bras le corps la découverte de sa sexualité, une mère qui refuse de s'oublier en tant que femme, un jeune homme d'apparence candide, aux intentions pas aussi claires qu'elles en ont l'air. Les trois acteurs sont épatants.
Certains reprocheront au film quelques longueurs et une forme trop classique et prévisible de "film de festival", d'autres seront impressionnés par la rigueur de la mise en scène (qui m'a parfois rappelé celle des Herbes Sèches, sorti l'an passé) et l'acuité du regard de la réalisatrice. J'appartiens définitivement à cette seconde catégorie !
Ma page ciné instagram : fenetre_sur_salle