En Inde, une fille n’a toujours pas les mêmes droits qu’un garçon en matière de vie amoureuse.

Le film nous apprend, sans surprise, qu'une fille, aujourd'hui, n’y est toujours pas l’égale d’un garçon dans ce domaine. Ainsi, pour elle, découvrir ce que c’est, concrètement, que l’amour, ce que c’est que d’avoir une relation amoureuse avec un garçon, ce que sont les pratiques amoureuses, c’est toujours prendre le risque, si cela se sait, de déchoir, de perdre l’estime des autres, de ses parents, ses professeurs, ses pairs ou supérieurs, le risque d’être raillée, sanctionnée, voire même rejetée de la communauté ou du collège qu’elle fréquente. C’est sur cette trame générale que repose Girls will be girls, le premier long métrage de la réalisatrice indienne (formée aux Etats-Unis) Shuchi Talati.

L’histoire est celle de Mira, seize ans, élève exemplaire qui vient d’être choisie comme préfète en chef d’un collège huppé, mixte et très conservateur du nord de l’Inde, dans le piémont himalayen. Comme elle est en classe terminale, avec un examen final particulièrement difficile, sa mère est venue habiter la résidence secondaire que la famille possède tout près du collège, afin que Mira puisse, sous sa surveillance, y étudier et dormir dans les meilleures conditions. Offerte en modèle aux autres élèves (auprès de qui elle est chargée par la direction du collège de faire respecter, en tant que préfète en chef, la discipline très stricte de l'établissement) et un peu leur point de mire, elle attire l'attention, et tombe amoureuse, d’un nouvel arrivant (en provenance de Hong-Kong) passionné d’astronomie : Sri, à qui elle donne bien rapidement (mais une jeune fille de seize ans, même élève modèle, n'est pas forcément maîtresse de ses sentiments, de sa jeune sensualité) le n° de téléphone de là où elle habite avec sa mère.

Bon genre, assez mature et plus malin qu'il n'y paraît, Sri saura peu à peu se gagner les bonnes grâces de la mère (de Mira) qui autorisera puis facilitera chez elle les rencontres, au prétexte de révisions, des deux jeunes gens. Au point qu'une sorte de triangle amoureux va même naître entre les trois protagonistes, avec une rivalité inexprimée mais violente entre la fille et la mère. Rivalité qui ne sera pas sans répercussions sur les résultats scolaires de Mira et sur son image d’élève modèle dans le collège où, préfète en chef, elle est supposée veiller à l’irréprochabilité de la conduite de tous les élèves et, a fortiori, de la sienne. L'épilogue, peu explicite mais néanmoins prévisible, conformiste et pessimiste, m'a quand même laissé rêveur.

Le rythme dramatique du film est bon, avec peut-être quelques longueurs (langueur ?) dans son milieu. Les trois acteurs principaux sont bien choisis et tout à fait convaincants (mention particulière pour Mira / Preeti Panigrahi, et sa mère / Kani Kusruti, fascinante). C’est bien photographié ; les éclairages des intérieurs servant de "terrain de bataille" entre la mère, la fille et son boy friend sont excellents. Le montage est bon. Assez peu de musique, mais bien choisie.

C’est la première fois qu’un film indien (mais, il est vrai, également franco-américano-norvégien) m’intéresse autant.

Fleming
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Tous les films sortis et vus en 2024, du meilleur au pire

Créée

le 27 août 2024

Critique lue 339 fois

2 j'aime

Fleming

Écrit par

Critique lue 339 fois

2

D'autres avis sur Girls Will Be Girls

Girls Will Be Girls
Fleming
7

En Inde, une fille n’a toujours pas les mêmes droits qu’un garçon en matière de vie amoureuse.

Le film nous apprend, sans surprise, qu'une fille, aujourd'hui, n’y est toujours pas l’égale d’un garçon dans ce domaine. Ainsi, pour elle, découvrir ce que c’est, concrètement, que l’amour, ce que...

le 27 août 2024

2 j'aime

Girls Will Be Girls
Fenetre_sur_salle
9

Critique de Girls Will Be Girls par Fenetre_sur_salle

Il est de ces films qui parviennent à toucher cet état de grâce où intelligence et émotion s'alimentent en permanence, où le cérébral et le sensoriel s'entrelacent à la perfection... où chaque plan...

le 24 août 2024

2 j'aime

Girls Will Be Girls
Shawn777
6

Hormones

Ce premier long-métrage de la réalisatrice Shuchi Talati n'est pas mal mais sans plus. Nous suivons ici l'histoire d'une adolescente qui devient la proviseure de son école (sorte de déléguée ++ dans...

le 21 août 2024

2 j'aime

Du même critique

Le Sommet des dieux
Fleming
7

Avec la neige pour tout linceul

J'ignore à peu près tout des mangas. Je n'aime généralement pas les films d'animation, les dessins retirant, selon mon ressenti, de la vérité au déroulement filmé de l'histoire qu'on regarde. Et je...

le 24 sept. 2021

37 j'aime

19

Amants
Fleming
5

On demande un scénariste

J'ai vu plusieurs films réalisés par Nicole Garcia. Le seul qui me reste vraiment en mémoire est Place Vendôme que j'avais aimé. Elle, je l'apprécie assez comme actrice, encore que je ne me souvienne...

le 17 nov. 2021

33 j'aime

16

BAC Nord
Fleming
6

Pour les deux premiers tiers

Les deux premiers tiers du film sont bons, voire très bons, en tout cas de mon point de vue. J'ai trouvé ça intéressant à regarder et à suivre. Et même passionnant. Est-ce outrancier ? Je ne connais...

le 16 août 2021

33 j'aime

19