Give Me Liberty est une belle surprise du cinéma indépendant américain. De façon assez magistrale, le film s'ouvre sur une course contre la montre où un jeune ambulancier est en retard pour déposer ses patients. Dès le début, le titre prend tout son sens, que ce soit pour le jeune homme qui encaisse les imprévus un par un ou pour ses patients majoritairement handicapés, enfermés dans un corps qui les contraint. La mise en scène aux connotations gipsy appelle à la suffocation, à l'étouffement et nous entraine dans un rythme effreiné où les situations cocasses s'accumulent. Un enterrement laborieux prête au sourire tandis que l'ouverture d'une boite de conserve réussit à nous émouvoir. Cet ambulance se transforme soudain en lieu de rencontres, où les passagers, aussi différents soient ils, se côtoient et se considèrent. La communication s'établit avec humour et incompréhension, entre ceux qui parlent russes, ceux qui chantent et d'autres qui n'arrivent pas à parler. Kirill Mikhanovsky fait parler une population oubliée, mise de côté et peu considérée. C'est là tout l'intérêt de son film : il nous ouvre les yeux sur une Amérique profonde, invisible. Et on y découvre de très bons acteurs, Lauren Spencer et Maxim Stoyanov au premier plan. Mais le côté expérimental de sa caméra finit par se perdre dans une démonstration d'effets qui, pour moi, a considérablement terni l'authenticité du démarrage. Une scène en noir et blanc sortie de nulle part, pour pas grand chose, ainsi qu'une scène de boite de nuit où des personnes handicapées se déhanchent sur le dance-floor m'ont dérouté quant au sujet du film et comment en parler. J'ai décroché et j'ai trouvé cette fin bien moins saisissante. C'est dommage car Give Me Libety a osé relever un challenge rare pour un film américain. Mais les scènes anecdotiques de fin ne laissent malheureusement pas une marque indélébile et rendent le tout inégal.