Kirill Mikhanovsky, comme son nom l'indique, est russe et bien que Give me Liberty soit américain, le chaos ambiant qui y règne ressemble à un film slave qui aurait migré du côté de Milwakee, Wisconsin. C'est sa propre expérience de chauffeur de handibus qui a conduit le réalisateur sur la voie rapide d'un film qui ne s'arrête pas au feu rouge et grille les priorités. Le personnage principal en est bien Milwaukee et ses communautés, russe et afro-américaine, côtoyant ici le sort d'handicapés, que la caméra scrute avec une bienveillance et un amour rares. La base de Give me Liberty est largement documentaire mais le rythme échevelé n'a rien à voir avec le genre, s'époumonant et nous épuisant dans un capharnaüm qui ne laisse place au calme qu'en de maigres occasions. Vient fatalement l'impression que le scénario n'est construit que comme une somme de saynètes le plus souvent agitées dans ce transport en commun de matières inflammables. Certes, ce portrait de groupe de marginaux se révèle riche en générosité mais cette sorte de After Hours de jour finit par s'essouffler ou plutôt use de plus en plus notre résistance devant le désordre permanent. De manière surprenante, le chauffeur du van, censé être le protagoniste principal, reste relativement transparent, spectateur quasi impavide des comportements plus ou moins excessifs de ses passagers. A l'image du réalisateur, sans doute, lequel a signé un premier long-métrage, Sonhos de peixe, consacré à des pêcheurs brésiliens, avant de cosigner le scénario de Gabriel et la montagne. Kirill Mikhanovsky est visiblement un artiste difficile à cerner.