D'abord, il faut régler définitivement un problème. ce film s'appuie sur des personnages qui ont réellement existé : Marc-Aurèle, Commode, ...
Mais l'utilisation qui en est faite ne correspond pas à l'Histoire, même de loin. Ce n'était sûrement pas dans les objectifs de Marc-Aurèle de revenir à un régime républicain et d'abandonner les fastes et les pouvoirs octroyés par l'Empire. Par ailleurs, Commode a d'abord été pendant plusieurs années coempereur aux côtés de Marc-Aurèle signifiant ainsi que Marc-Aurèle ne le dédaignait probablement pas tant que ça. De là à faire dire à l'Histoire que Marc-Aurèle a été assassiné par son fils...


Par contre si on parle du péplum "Gladiator" de Ridley Scott, c'est une toute autre (h)istoire !
Le début du film est une parabole sur le pouvoir, sur l'utilité des conquêtes et en particulier sur le fait qu'un empereur n'ait passé que quatre ans sur vingt à réellement gouverner à Rome.
La suite du film est la prise de pouvoir de l'Empire par Commode au détriment de Maximus qui était le favori pressenti. Commode fait assassiner la femme et le fils de Maximus tandis que Maximus devient esclave en Mauritanie.


Il est ensuite vendu à Proximo, un organisateur de combats de gladiateurs qui l'emmènera à Rome. Ainsi Maximus pourra, grâce à son talent de gladiateur, peu à peu reconstruire sa légende et peaufiner sa vengeance.


L'introduction du film avec la bataille de l'armée romaine contre les guerriers germains est très bien filmée et d'une efficacité redoutable. Le temps brumeux et le froid glaçant de l'attente conjuguée avec la chaleur des combats et les clameurs des guerriers en écho comme provenant de la profondeur des forêts en font certainement une scène de bataille dont on se souvient longtemps. Le film alterne entre les scènes de combat sur l'arène et les scènes oniriques où Maximus rêve de son bonheur et de sa famille perdus et donne une grande humanité au personnage principal, Maximus, à qui le spectateur ne peut que s'attacher et en être complètement solidaire.


L'atmosphère du Cirque romain avec sa distribution de pain qui précède le spectacle me parait assez conforme avec l'idée que j'ai du "panem et circenses" où le but premier du pouvoir Romain est de flatter le peuple (pour éviter les révoltes de la Plèbe). Peuple qui fait ou défait les héros du cirque. On y voit d'ailleurs de façon assez réaliste comment on y fabrique un dieu vivant que l'empereur lui-même ne pourra pas facilement éliminer. La Vox populi ...
Le premier combat de Maximus sur l'arène du Colisée... Commence par une soigneuse préparation où les gladiateurs sont dans des cages et soumis à la vue du public. La naïveté du neveu de l'empereur en est touchante dans cette petite scène "de dupes" où ni l'un ni l'autre ne savent vraiment à qui ils parlent.
Le combat qui suit est très réaliste et magnifiquement réalisée ; le cœur du spectateur s'associe - presque - aux clameurs du public jusqu'à la scène d'anthologie où Maximus dit l'Espagnol, dit Gladiator, révèle son identité à Commode.
Et je ne parle pas, pour ne pas prendre le risque de spoiler, du dernier combat d'une intensité incroyable et dont les coups puissants portés font presque du bien au spectateur, noyé dans son stress, au fond de son fauteuil. La grandeur face à la bassesse. Avec brusquement le silence des spectateurs du cirque qui suit les effrayantes clameurs. Comme si un cap venant d'être tourné, le vent tombe brusquement. La loyauté face à la fourberie. J'ai repassé cette scène, je ne sais combien de fois et à chaque fois je ne peux que constater l'impeccable mise en scène.
Et le film se conclut sur un symbole politique majeur.
Je n'ai pas encore parlé du casting.
Russel Crowe que le film "Gladiator" a consacré définitivement. L'homme de la situation. Des gros bras mais pas que. Une attitude modeste et respectueuse des autres, appréciée de ses subordonnés. Un attitude de victime frappée dans le dos qui garde le silence mais n'en pense pas moins. Il est l'incarnation de la rage froide. La scène de restitution de ses dieux lares par Ciceron, son ancienne ordonnance, est d'une grande émotion.
Joaquin Phoenix, que je crois n'avoir vu que dans ce film, joue un Commode détestable, ambitieux mais seul et violent.
Connie Nielsen (que j'ai vu aussi dans Mission to Mars sans avoir été franchement impressionné) joue ici le rôle de la sœur de Commode, terrorisée par le comportement ambigu de Commode mais en même temps émouvante.
Et pour finir Derek Jacobi que j'ai déjà vu à maintes reprises chez Branagh notamment, qui joue ici le rôle de Gracchus, sénateur, au nom ô combien illustre du temps de la république, encore un symbole.
Un film immense, dense dont on sort un peu liquéfié mais heureux ...

JeanG55
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le 13 févr. 2021

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JeanG55

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