Près d'un quart de siècle après nous avoir offert l'un des meilleurs films des années 2000, ayant marqué le retour au cinéma du péplum (et figurant pour ma part dans le Top 3 des œuvres de son réalisateur, aux côtés d'Alien et de Blade Runner), Ridley Scott ressort les glaives pour ce «Gladiator II».
Un film dont le plus gros défaut (parmi d'autres bien sûr) est justement de se nommer «Gladiator II», la comparaison évidente avec son illustre prédécesseur étant déjà perdue d'avance, et une séance au cours de laquelle je me suis constamment posé cette question : mais pourquoi cette suite ?
Doté d'un budget conséquent (estimé à 300 millions de dollars), un film dont la première partie s'apparente à un soft remake du film original (son protagoniste, un combattant perdant sa bien-aimée, et la revoyant dans des visions de l'au-delà. Désormais animé par la vengeance et réduit en esclavage, il est repéré par un maître de gladiateurs, ancien esclave lui aussi, qui va le ramener à Rome pour se battre dans l'arène et conquérir le cœur du peuple), avant de dérouler un récit fait de combats, de trahison et de révolte.
Un récit face auquel je suis resté en très grande partie indifférent, tellement l'ensemble semblait trop appuyé, trop artificiel pour y croire, à l'image de sa mise en scène/photographie, moins soignée que celle du film de 2000.
Ajoutez à cela certains fonds verts m'ayant rappelé le très moyen «Exodus» du même Scott et l'usage trop présent d'effets numériques dans l'arène (les singes et le rhinocéros notamment, m'ayant là étrangement rappelé «Astérix & Obélix contre César», ce qui n'est pas forcément une bonne chose ^^), rendant les combats moins palpables et donc bien moins dangereux.
Alors oui, Ridley Scott, du haut de ses 87 ans, en a encore un peu sous la pédale pour nous proposer quelques scènes d'action de bonne tenue et d'une certaine ampleur.
Le problème, c'est qu'il le fait à l'intérieur d'un film trop standardisé, voulant foncer tête baissée dans le spectaculaire, mais oubliant trop souvent de le faire de manière suffisamment incarnée et ainsi créer un vrai lien émotionnel entre les personnages et les spectateurs.
À l'image de ces nombreuses morts expéditives qui m'ont laissé complètement froid (la palme revenant à...ATTENTION SPOIL...celle de Lucilla, aussitôt tuée, aussitôt oubliée).
Quant aux interprétations, là aussi, l'ensemble reste assez hétérogène : Paul Mescal s'est clairement donné à fond dans son rôle (en particulier physiquement), mais ne parvient pas au niveau de la présence presque mystique de Russell Crowe ; Denzel Washigton reste toujours charismatique et semble prendre un certain plaisir à jouer ce personnage manipulateur et avide de pouvoir, même si son arc narratif reste assez prévisible ; le personnage interprété par Pedro Pascal semblait intéressant (un général romain, tiraillé entre son devoir de soldat aux services de l'empire et sa volonté de renversement du pouvoir, entre l'amour qu'il voue à Lucilla et ce qu'il a fait subir à Lucius), mais se retrouve relégué au second plan et sacrifié sur l'autel du divertissement ; la fausse note revient clairement aux deux frères empereurs (incarnés par Joseph Quinn et Fred Hechinger, qui a des faux airs de Joaquin Phoenix), entre lesquels l'alchimie ne se fait pas, sans doute à cause du jeu trop balourd et gênant d'Hechinger.
En bref, je me suis retrouvé face à une suite forcée et assez opportuniste, formatée pour le spectacle et dénuée d'émotion, qui déroule son intrigue avec un certain entrain visuel, plus démesuré, mais sans jamais y croire vraiment (à l'image de la musique, en mode aléatoire), proposant quelques pistes intéressantes (le soulèvement des gladiateurs et du peuple), mais ne les menant jamais vraiment au bout, jusqu'à cette partie finale expéditive et artificielle.
J'avoue que je m'attendais un peu à pire, mais je ne m'attendais pas vraiment à mieux, et c'est ce à quoi j'ai eu droit : un film moyen et surtout pas très utile.
Parlera-t-on encore de cette suite dans un quart de siècle ? Je ne serai, personnellement, pas très optimiste là-dessus.
Car il n'y a qu'un vrai Gladiator, et son nom fut Maximus Desimus Meridius, commandant en chef des armées du Nord, général des légions Felix, fidèle serviteur du vrai empereur, Marc Aurèle. Père d'un fils assassiné, époux d'une femme assassiné, il a eu sa vengeance dans cette vie. Et il fallait le laisser tranquille.