Comme d'habitude, Ridley Scott confond qualité et quantité. On en prend plein les yeux, le spectacle n'arrête pas, et le budget du film vaut le PIB d'un état. Ceux qui viennent y trouver des gladiateurs en sueur couverts de sang ne seront pas déçus : ça combat à tout va et c'est brutal tout comme il faut. Si on vient pour le spectacle, ma foi, le film fait le taf. Sauf qu'en plus, il est hilarant.
N'est pas Cecil B. DeMille qui veut. La Rome de Gladiator II a tout du faux vrai, et le soin apporté aux décors et costumes ne masquent pas le lourd parfum de pacotille de l'ensemble. Les animaux sont particulièrement à l'honneur : entre des singes mutants tout droits sortis d'une production Hammer, des requins tout autant ridicules dignes de Sharknado, et un rhinocéros proche du dinosaure ou évadé de L'attaque des clones, on ne sait plus où donner de la tête. Les combats dans l'arène ne se limitent cependant pas à des affrontements avec des animaux. Sans spoiler, disons qu'il ne manquait aux Romains que le show laser et les hologrammes pour s'amuser.
Côté intrigue, c'est un festival de raccourcis et d'invraisemblances. Le monde antique est un village où tout le monde se croise et se retrouve, des personnages importants sont massacrés sans vergogne dans l'indifférence générale, on s'évade des geôles en demandant poliment les clés, on mobilise une armée parce qu'on a une bonne tête, on se déteste puis on tombe dans les bras l'un de l'autre la scène d'après, et on multiplie encore plus les scènes d'actions à mesure que la fin approche. Bref, c'est la fête, on rigole, rien ne tient debout.
L'interprétation est à l'avenant. Denzel Washington rigole à tout bout de champs comme il sait faire, sans qu'on sache ici trop pourquoi. On pleure comme dans un telenovela. Et pour que le public ne se trompe pas sur les motivations des personnages, leur physique s'accorde bien avec leur tempérament : les costauds sont donc solides, et les chétifs plutôt sournois.
Qui plus est, cerise sur le gâteau, le film livre une idée totalement fausse de la Rome antique, présentée comme un projet d'harmonie et de paix, perverti de temps à autre par la folie de tel ou tel empereur. Rome vue par les majors américains en somme.
Bref, un moment de franche rigolade.