Comment faire une suite à un film qui n'en a pas besoin ? En rendant ce Gladiator II complétement oubliable.
Oubliez tout ce qui a fait l'immense succès du classique qu'est son grand-frère :
Une histoire épique et tragique ? Voici un péplum de seconde zone
Une B.O. magique ? Même en recomposant " Now we are free ", c'est pathétique et quasiment absent
Un déluge de moyens pour retranscrire une Rome crédible ? La comparaison est parfois peu flatteuse.
Un acteur au summum du charisme ? Pauvre Paul Mescal
On suit ici les aventures de Hanno/Lucius dans sa quête de vengeance après la mort de sa femme chérie et... ah non désolé, pas du tout en fait, car étant traité de manière tellement expéditive au début du film (dans une scène d'assaut amphibie brouillonne et purement là pour faire une bande-annonce.) on s'en contrefout tout comme le "héros" qui, transformé en gladiateur, va finalement se battre contre des faux méchants pas très gentils pour rétablir l'oligarchie du conseil des sages, a.k.a le sénat (toute ressemblance avec quelconque projet de gouvernance occidentale est fortuite)
Non, ici le héros, c'est Macrinus et ses ambitions, entourées de caricatures inutiles du pouvoir romain. Même la tentative forcée de rattacher brutalement Lucius à son rôle de sauveur, en forçant tel un prédicateur le lien de parenté avec Maximus, ne suffit pas à lui donner une quelconque importance, tant le drame politique autour aurait pu se dérouler exactement de la même façon avec ou sans lui.
Oubliez donc ici l'histoire, et aussi l'histoire avec un grand H. Je sais qu'on ne peut plus rien attendre de Ridley Scott vis-à-vis de la véracité historique, mais tout de même... Des trébuchets en Numidie antique...La dite Numidie déjà conquise avant les événements du film...La naumachie avec des requins dans un Colisée déjà construit depuis longtemps...
On saupoudre de cosmopolitisme Hollywoodien avec un Macrinus couleur ébène, un soigneur Paki qui pense avoir un fils aux yeux bleus, une femme soldat, le ridicule maquillage des Empereurs roux qui étaient eux pour le coup descendants berbères, etc.
Oui oui, on me dira, c'est anecdotique et pas important pour apprécier le film, et la super-classe vous remercie, mais effectivement, ce n'est qu'un détail dans l'échec du film.
Alors que reste-t-il à aimer ? Et bien ce plaisir coupable mais jouissif de regarder des scènes de combats de gladiateurs bien nerveuses, bien sanglantes, bien chorégraphiés où l'on se dit " ah merde déjà fini ? "
Car oui, je persiste à croire que le film aurait été meilleur en compilation de combats d'arène musclés, car quitte à rater l'histoire autour, mieux vaux la supprimer et ne pas lorgner sur l'immense premier film.
Et on est servi, combats avec des singes mutants (dont la CGI timide fait penser à Dinotopia. ), affrontement à dos de rhinocéros, mêlée générale, naumachie enflammée, massacre de Prétoriens ! Voici les uniques rebonds du film, et les seuls moments où l'on ne regarde pas sa montre pendant ces 2h30.
Les efforts visuels sont concentrés dans ses scènes, et l'on aperçoit un début de photographie agréable digne d'un Scoot des grands jours. Mais en dehors, le néant.
Je m'imagine alors que c'était le but initial du film, la surenchère de combats imaginaires pour appâter la plèbe abreuvée aux blockbusters minables qui font tourner les cinémas de l'empire américain, quitte à sacrifier le Romain. Mais alors fallait-il l'assumer pleinement.
On aurait donc pu trouver une excuse suffisante pour secourir ce naufrage, mais Ridley a eu la sublime idée d'insérer des extraits de Gladiator premier du nom à différents endroits et un honteux rappel de scène de fin... Terrible... Terrible comparaison... Car on ne peut décemment se replonger dans ce téléfilm gros budget après ces claques.
Et la seule chose qu'on a envie de faire en sortant de la salle, c'est donc de l'oublier et de courir regarder Gladiator.
Et pour ça, merci ?