Monumental! Grandiose! Phénoménal! On peut associer tous les adjectifs. La bande-annonce montre le sang, la sueur, la bave aux lèvres, les plaies et les bosses. On peut presque sentir l'odeur de transpiration dans les vestiaires remplis de testostérone. Face aux gladiateurs, les babouins, requins et rhinocéros sont autant de menaces pour les perdants. Pas question d'être un loser lorsqu'on entre en scène sur la terre battue du Colisée. (constuit de 69 à 79 par Vespasien). Avoir I'un des plus grands réalisateurs à la tête d'une des plus grandes productions hollywoodiennes est un appel à se rendre au cinéma dans l'une des plus belles salles. En imax, si possible.
Jamais le Colisée n'a aussi bien été filmé. La réplique de la bataille navale de Salamine, entre les Grecs et les Perses (480 av. JC.) est une scène au moins aussi épique que les courses de char de Ben Hur ou des Dix Commandements. Avec le гаz de marée GLADIATOR, le réalisateur britannique Ridley Scott avait marqué l'année 2000 avec un peplum de grande enveloppe. Nous finissons l'année 2024 avec GLADIATOR II qui marquera certainement autant les esprits, 25 ans plus tard. Dans ce nouveau film Lucius (Paul
Mescal) est le fils de Maximus (Russel Crowe) du film précédent et de Lucilla (Connie Nielsen). Maximus avait été le gladiateur qui luttait pour la vengeance. Lucius va lutter pour sa survie.
On se demande comment une équipe de production aussi douée soit elle, peut-elle tourner des scènes de combats avec autant de figurants et autant de précision. A peine sorti, on a envie de retourner voir ce film grandiose. Il faut savoir que Jules Cesar a bien fait aménager une Naumachie (spectacle de reconstitution de combat naval) avec des dizaines de navires et 6.000 hommes dont 2.000 combattants et 4.000 rameurs. Les personnages du film sont entièrement fictifs, même si Marc Aurele, l'empereur romain qui épousa Faustine la Jeune a bien eu pour petit fils Lucius Aurelius Verus. Dans l'histoire, Marc Aurèle, Lucilla et Aelius ont bien existé (dans le film, il devient Maximus) mais Ridley Scott ne veut pas faire un documentaire historique, On l'a vu avec Napoleon (2023). On est dans la fiction qui permet de s'interroger sur la cruauté de la nature humaine. Des détracteurs resteront en embuscade pour critiquer le réalisateur et tant pis pour eux s'ils ne peuvent pas jouir. S'ils n'ont pas pu bander sur des chefs d'œuvres tels que Duellistes, Alien (1979), Blade Runner (1982), American Gangster (2007), Mensonges d'État (2008), Robin des Bois (2010) Prometheus (2012), Alien: Covenant (2017), Napoleon (2023) et tant d'autres, pour moi ils sont devenus des films cultes à voir, revoir et analyser. Il faudrait tous les citer car ce réalisateur britannique est un génie qui dessine les scènes avant de les tourner.
Ce film démarre avec le point de vue des barbares, c'est à dire des non romains. Très vite, les barbares sont des poètes et les romains des agresseurs. La civilisation romaine est totalement dépravée avec deux empereurs jumeaux Geta et Caracalla aussi cruels et sanguinaires que tarés et non binaires, selon l'expression d'aujourd'hui. L'un comme l'autre seront assassinés avant leurs 30 ans non sans avoir commandité plus de 20.000 meurtres. Peu importe la vérité historique. Ridley Scott n'hésite pas à malmener le scénario de David Scarpa. Ce qui compte c'est l'impact des émotions provoquées par les images et les compositions musicales de Harry Gregson-Williams. Après avoir marqué les esprits dans American Gangster (2007), Denzel Washington (69 ans) n'hésite pas un instant à interpréter le rôle de Macrinus, un homme du peuple devenu un intriguant. Un rôle sur mesure pour l'Equalizer dont le bouc et le cheveu ultra court grisonnant et les mains et oreilles chargées de bagues et boucles d'oreille le font passer du statut de mentor à celui d'empereur. Il préfère la corruption et la soif de pouvoir. "Je ne connais pas l'abaque" dit-il. Mais notre homme sait compter et s'enrichir avec son sens de l'observation et sa façon de se monter fort avec les faibles et faible avec les forts. On retiendra ses dialogues avec Paul Mescal, Connie Nielsen comme du théâtre. Une tragédie digne de Shakespeare entre l'amour d'un fils et celui d'un mari. Et cette silhouette drapée de rouge gagnant la confiance des empereurs tarés pour mieux les trahir. L'acteur est la star du film, comme Joaquin Phoenix avait porté le premier opus. Pour avoir un bon héros, il faut un méchant d'envergure. Le scoop c'est qu'avant de tirer sa révérence Denzel Washington va rejoindre l'équipe de Black Panther pour Marvel. Ce qui est magnifique pour l'humaniste de 86 ans, qui nous a terrifiés avec Alien, c'est qu'aujourd'hui, il nous montre que le pire ce sont les personnages en demi-teinte qui pourraient nous charmer tant qu'ils ne sont pas pollués par l'appât du gain et du pouvoir qu'apporte la politique - A méditer envers nos élus.
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