Gladiator II
5.4
Gladiator II

Film de Ridley Scott (2024)


Gladiator 2 de Ridley Scott ou La resucée magnifique.


Rien n'a changé depuis Gladiator, le premier. La légion marche toujours d'un pas alerte et décidé, accompagnée de sa cavalerie piétinante et piaffante. Le scutum est toujours rutilant, le gladius tranchant comme une lame de rasoir (qu'il remplace souvent pour que le légionnaire reste glabre) et les galeae forgées à l'identique pour signifier qu'elles sont pièces d'uniforme et d'uniformité et faciles à empiler quand Astérix et Obélix passeront par là.


Dans l'arène, les corps sont musculeux et patibulaires à souhait ; dans les gradins, la bêtise et la cruauté vengeresses, et à la tribune d'honneur, la perfidie, la ruse, la brutalité, la malveillance, la délectation dans l'horreur, parfois assortie d'une légère pointe de dégoût cependant, s'affichent toujours. A défaut de mettre en scène ces passions, ces vices et ces humeurs pour qu'ils soient véritablement au cœur de l'action, le réalisateur les fait porter sur le visage par des lèvres serrées, des nez et sourcils froncés, des rires menaçants, des sourires narquois ou, dernière manifestation d'humanité profonde, une larme silencieuse.


Gladiator 2 n'en est pas moins instructif. Nous y apprenons une foule de choses que nous étions susceptibles d'ignorer totalement.


Nous voyions depuis toujours nos lointains petits cousins babouins, macaques et autres gibbons comme d'aimables mangeurs de bananes ; nous soupçonnions bien que derrière leurs facéties pouvait se cacher une part de méchanceté, mais nous ignorions que l'innocente et enjouée guenon pouvait devenir un terrible et agressif prédateur si elle était issue d'un accouplement entre un bonobo et un tigre du Bengale organisé par l'Intelligence Artificielle.


Nous savions que le rhinocéros blanc avec ses quatre mètres de la corne à la queue, son mètre cinquante au garrot et ses trois tonnes, quoique parfaitement herbivore, avait un caractère de cochon. Ce que nous ne savions pas c'est qu'il était, tout comme le sanglier, incapable d'effectuer un virage serré et que sa force d'inertie le faisait toujours filer droit devant. Pour éviter leur charge, il suffit de faire un bond de côté. Ainsi, il en est du rhinocéros et du sanglier comme d'un TGV ou d'un autobus lancés à folle allure : sautez de côté pour les éviter.


Nous savions que le rhinocéros avait de petits yeux et une vue de taupe et qu'il fonctionne surtout à l'odorat et à l'ouïe ; de surcroît, ses petits yeux sont protégés par un repli de peau protubérant qui lui sert d'arcades sourcilières et même de paupières. Ajoutez à cela une corne impressionnante en plein milieu du champ visuel et on se demande bien pour quelle raison Lucius, fils de la princesse Lucilla, donc petit-fils du grand Marc Aurèle, a voulu l'aveugler en lui jetant une poignée de sable dans les yeux.


En cela le prince Lucius marche sur les traces de son père putatif Maximus le clément qui ramassait du sable dans l'arène pour s'en frotter les mains ; cependant, à la différence de son possible géniteur, il ne le laisse pas filer ensuite entre ses doigts mais le lance dans le regard du rhinocéros. Nous avons tous compris le message subliminal, et même Lucilla tressaute et en lâche une larme avec un imperceptible tremblement des lèvres.


Nous découvrons également que l'amour maternel était déjà très fort du temps de Rome, que les mères poussaient parfois cet amour jusqu'à abandonner un fils pour le soustraire à un impitoyable méchant et que le ressentiment que pouvait éprouver l'abandonné n'était pas moins fort qu’ aujourd'hui. Il y a là encore matière à une petite larme et des regards embués, tant sur l'écran que dans la salle.


Petite fantaisie toutefois mais qui ne semble pas avoir valeur de vérité historique, un petit singe de compagnie délicatement vêtu d'une jupette et d'une culotte pouvait à l'occasion être nommé sénateur et même Consul du Sénat de Rome.


Pour le reste, que l'on se rassure, la tragédie reprend ses droits, la douce maman sera frappée d'une flèche mortelle, le méchant empereur jumeau survivant sera transpercé d'une aiguille à tricoter à travers la tête d'une oreille à l'autre, l'étrange et crépusculaire Macrinus/Denzel Washington sera trucidé par un Lucius au mieux de sa forme, sous le regard de deux légions romaines qui étaient prêtes à en venir aux mains et qui s'en retourneront dans leurs campements respectifs. Ce qui a, non seulement évité à la Production de voir le budget du film exploser, mais encore prolongé inutilement la durée du film sans apporter quoi que ce soit de plus à l'absence d'intrigue véritable et surtout sans compromettre un prochain Gladiator 3 auquel nous pourrions ne pas échapper.


Tout est donc bien qui finit mal là comme il se doit et bien comme il le faut pour pouvoir envisager un avenir à l'ensemble.


Pour ma part, je voudrais revenir un court instant à cette histoire de rhinocéros que l'on pourrait envisager d'abattre définitivement afin d’éviter son retour inopiné dans un éventuel Gladiator 3.


Nous savons que l'épaisse carapace cuirassée qui couvre son corps est imperméable aux balles d'un fusil (mais gardons-nous de tout anachronisme) et donc à plus forte raison à une flèche, même tirée par un archer émérite sachant bander son arc comme personne.


Comme toute carapace, celle du rhino a cependant une faille. Pour l'abattre, il faut essayer de lui loger une flèche dans l'oeil. Par malheur, ses yeux sont petits et protégés par un repli de peau. Presque invisible, l'oeil du rhinocéros est toujours délicat à localiser. Il faut dès lors ruser et ce n'est pas à la portée du premier venu.


Dans la nature, il faut d'abord repérer le rhino. Heureusement que dans l'affaire qui nous occupe le rhino est sans doute dans son enclos, ce qui va faciliter les opérations. Le rhinocéros, surtout en captivité, a une prédilection pour le chou, qu'il soit rouge, blanc ou frisé. Vous posez alors délicatement au milieu de l'enclos un chou de Bruxelles et vous le laissez s'en approcher tout en vous embusquant à bonne distance avec votre arc bandé. Laissez tout son temps à la bête et prenez votre mal à patience. Parfois, il faut du temps, à d'autres moments cela va très vite, tout dépend de ce à quoi est occupé le mastodonte.


Le rhino ne manquera pas de s'approcher de votre petite offrande, il la retournera délicatement  du bout de son ongle incarné, la reniflera puis s'exclamera : « Ça, un chou ? Mon œil ! ».  Joignant le geste à la parole, de son troisième doigt, celui du milieu, il montrera son œil. L'oeil est donc localisé et la flèche que vous décocherez frappera ce seul point vulnérable. Alors l'affaire sera dans le sac. A condition toutefois que vous sachiez viser car il est peu probable que le rhinocéros tombe une seconde fois dans le panneau.





















Freddy-Klein
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le 17 nov. 2024

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