Ridley Scott semble bien décidé à piller ses succès passés. Heureusement que Denis Villeneuve nous a épargné un Blade Runner 2 by tonton Scott. En plus ici il touche à ma madeleine de Proust adolescente. Le résultat ne s’avère peut-être pas aussi catastrophique qu’annoncé. Plutôt dans la lignée d’une fin de carrière en dent de scie que l’on préfèrera oublier.
Contrairement au récent Joker 2 qui avait pris à contre-pied le public, ici les scénaristes s’appliquent à copier-coller la recette du premier opus avec un respect scrupuleux des mêmes étapes pour que le gladiateur puisse trouver sa vengeance. Une trame scénaristique identique paresseuse, mais également une écriture des personnages aux fraises. Les motivations ne seront jamais claires notamment pour le héros, Lucius, incarné par un Paul Mescal transparent, qui fait pâle figure comparée à Russel Crowe. Animé par une vengeance crée artificiellement en la personne du général Acacius, Pedro Pascal, impeccable et qui surnage dans ce marasme. L’émotion reste à la porte du cinéma, rien ne fonctionne réellement. On se console avec les numéros des deux empereurs jumeaux et d’un Denzel facétieux qui apportent une touche nanardesque et un peu de fun. Le nouveau troll de papy mais pourquoi pas. Du moment que l’on fait le deuil d’un vraiment méchant tel que Commode.
Oui après tout, mettons les potards à fond pour un divertissement bas du front. Et c’est ce que Gladiator 2 sera pendant un temps. Une belle scène de débarquement et ensuite une séquence de combat toutes les 15 minutes qui repoussent les possibilités du Colisée et achève toute crédibilité historique. De la même manière que son récent Napoléon, j’apprécie uniquement les séquences d’action qui ont le mérite d’innover légèrement. Pour autant, malgré le budget confortable et des CGI acceptables, j’ai encore du mal avec les torrents d’hémoglobine en image de synthèse. Je n’y crois pas.
Mais dans son dernier quart, le film s’émancipe vers un ailleurs. Cependant les manigances et tractations politiques esquissées ne se mêlent guère au spectacle de l’arène. Le film cherche à émouvoir en rappelant Enya, souvenir lointain d’un blockbuster solide qui construisait de beaux moments, parfois iconiques. Les personnages importants tombent, mais le spectateur s’en moque. Une suite bâclée supplémentaire qui témoigne de l’appauvrissement du blockbuster hollywoodien contemporain.