Vous souvenez-vous de cette antique publicité pour le papier toilette Le Trèfle ?


Glass, le dernier opus de l'ami Manoj Night Shyamalan, procure un peu la même impression, sauf qu'en 2019, le trèfle, hé bien, il est loin de sentir la rose.


Alors même que le film, dans sa première heure, convoque certains parfums et arômes délicieux, en forme de flashbacks iconiques, du chef d'oeuvre que constitue aujourd'hui Incassable, tout comme il se réfère parfois avec astuce à un Split qui était finalement assez bien troussé.


Sauf que l'on se rend compte, assez rapidement, que quelque chose cloche. Cela commence avec le cameo de son réalisateur, qui cherche tellement la connivence et le clin d'oeil qu'il se sent obligé d'expliquer de quel film il vient et dans quelles circonstances il a côtoyé l'un de ses héros. Si le malaise ne gagne pas encore le spectateur, il se dit pourtant que cette grosse lourdeur fait un peu tâche dans l'entame d'un film super attendu, en forme d'apothéose de sa trilogie tardive.


Et tout d'un coup, on se rend compte que cet asile, en forme d'Arkham aseptisé, est ouvert à tous vent, qu'on s'y déplace presque comme dans un moulin malgré les centaines de caméras qui, apprend-on, couvrent tous les angles possibles. Au point, presque, que Glass tourne en mode 1 Duplex pour 3, tellement ses illustres pensionnaires, enfin, l'un d'entre eux du moins, a les mains libres et fait ce qu'il veut.


Sauf que le spectateur, tout à ses attentes, peut être démesurées, se raccroche à certaines scènes menées avec une précision diabolique, comme celle de cette thérapie collective qui, à travers ses questions posées à ses héros en cage, sonde bien plus les croyances de celui qui a payé sa place que la maladie mentale dont Elijah, David et Kevin semblent souffrir.


Shyamalan, ainsi, comme dans Incassable, ramène violemment le fantastique au sein d'un monde normal, auscultant le super héroïsme, ses archétypes et ses travers de manière désenchantée.


Sauf que quelque chose cloche après cette heure et demi au final (très) bien menée.


Car Shyamalan semble ensuite tout simplement ne plus savoir quoi faire avec la mythologie qu'il a créée, avec ces personnages fabuleux issus de son esprit créatif, du parallèle qu'il tissait jadis avec astuce et intelligence avec la culture comics.


Parce qu'au bout du compte, il traîne tout cela, littéralement, dans la boue, le temps d'un plan fugitif de Bruce en difficulté. Dans un triple twist d'abord très paresseux et facile, virant au nawak en faisant entrer en scène, de manière gratuite et malhonnête,


une force supérieure dont on ne soupçonnera jamais l'existence (et aux objectifs totalement incohérents),


avant de se terminer en ineptie plate mettant le spectateur dans une colère noire. Et le laisse atterré, interdit, à deux doigts de pleurer devant l'entreprise de démolition.


Comme si Shyamalan, réalisant qu'il ne trouverait jamais une fin à la hauteur de ses (nos) attentes, avait salopé son tableau d'un coup de pinceau rageur et délirant, tant son dénouement raté fait penser à X-Men : L'Affrontement Final, où personne ne fait trop attention à ce qu'il se passe, et ne prend par exemple jamais la peine de régler le compte d'un de ses opposants alors qu'il reste là sans rien faire.


Comme si Shyamalan envisageait Glass comme le plan machiavélique et tordu d'un petit malin, alors que le scénario n'est écrit qu'à coup de facilités parfois lamentables, dont chaque personnage inféodé à l'un de ses héros pas très super (ou si, ou non, cela dépend des nécessités du spectacle) ne sert absolument à rien, et dont la fin ubuesque est l'une des pires de mémoire récente.


Mais le plus énervant, et le plus révoltant, dans ce final, c'est ce que le réalisateur fait de ses icônes :


Rien.


A part les traîner dans la fange, les rabaisser et détruire leur pouvoir immédiat de fascination. Comme il détruit l'élément déclencheur et minéral d' Incassable dans un flashback truqué qu'il réécrit à sa guise pour légitimer son extended universe de dernière minute. Et tout cela pour servir une pseudo réaction puérile face à la vague lucrative du super hero movie... Tout en en reprenant à son compte les marottes...


Reste Bruce, monolithique, et James, toujours aussi étincelant. Et quelques jolies scènes bien shootées. C'est trop peu pour (me) convaincre.


Manoj Night Shyamalan, avec Glass, passe de l'autre côté de miroir en le brisant à coups de masse, ruinant littéralement un film à l'aura de culte et un autre qui avait réussi à relancer sa carrière de belle manière.


Glass nique sans vaseline et de manière irrémédiable son univers le plus magique et précieux.


Le tout à cause d'un trèfle.


Merde.


Behind_the_Mask, sept ans de malheur.


PS : Merci à l'ami Zoliv' pour son inspiration.

Behind_the_Mask
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le 16 janv. 2019

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Behind_the_Mask

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