Si le deuxième film de Doug Liman fait immanquablement penser à Pulp Fiction, il est avant tout une synthèse de tout ce qui faisait le fun du cinéma indé 90's. Tout en rendant une copie au style très personnel, le réalisateur de Swingers convoque pêle-même Tarantino, Boyle, Avary, Gilliam, Ritchie et consorts pour un exercice de style particulièrement affuté et agréable à suivre, à défaut de virtuosité.
Film choral plus que film à sketches, Go se déroule en trois temps aussi soignés les uns que les autres. Même si la structure narrative en vases communicants peut paraître éculée aujourd'hui, elle a rarement donné un résultat aussi drôle et maîtrisé. Liman et son monteur ont pris soin de maintenir la spontanéité et l'énergie au maximum tout au long du film, et de compenser les baisses de rythme par une verve comique délectable, comme lors de cette scène de dîner impayable avec William Fichtner.
L'écriture aurait pu bénéficier d'un poil plus de finesse, notamment dans son chapitre névadain, déjanté mais convenu, mais force est de constater qu'une fois le tempo du film dans la peau, on reste bloqué jusqu'à la fin avec le sourire aux lèvres. La bande son, certes un chouïa trop présente, ajoute néanmoins un paquet de charme à Go en lui donnant encore plus de peps et en accentuant la sensation de regarder un feel good movie, ce qui n'est pas un mince exploit pour un film qui fait la part belle aux psychotropes et aux situations macabres.