J'avais déjà explorer le prodigieux savoir faire de Rick Sloane à travers les critiques des trois premiers film de son emblématique saga Vice Academy. Même si il n-y avait pas d'urgence vitale, me voilà reparti dans l'exploration de sa filmographie particulièrement Z avec son troisième film sorti en 1988 et intitulé Hobgoblins ou plus simplement Goblins en France. Le film est un sous Munchies qui était déjà un sous Critters, qui était lui même sous un Ghoulies qui lui même s'inspirait déjà fortement du succès du Gremlins de Joe Dante. C'est dire qu'à force de creuser en sous produits et déclinaisons, de dénaturation en dégénération on atteint ici les sous sols du bis, la fin de race et le niveau zéro de la créativité.
Hobgoblins nous raconte l'histoire de créatures venues de l'espace et enfermées depuis des décennies dans la chambre forte d'un studio de cinéma. Lorsqu'un jeune gardien de nuit débutant libère par mégarde les créatures il doit absolument les retrouver avant le lever du soleil sinon il va visiblement se passer des trucs super graves même si rien n'est précisé dans l'histoire. Une folle course poursuite s'engage alors car les créatures ont le pouvoir de réaliser les vœux secrets des personnes qu'elles croisent ce qui étrangement les conduit souvent vers la mort .
Hobgoblins c'est du cinéma complètement fauché avec une semaine de tournage sauvage, des armes en plastique acheté au magasin de jouet du coin en guise d'accessoires, un casting de seconde zone en roue libre, des créatures faites avec peluches plus inertes qu'un vieux chat mal empaillé et 15 000 dollars en poche. Rick Sloane aura beau se vanter d'avoir imaginer le scénario de Hobgoblins (1988) avant même la sortie de Gremlins (1984) on lui rétorquera qu'avec une gestation de quatre ans il aurait pu nous pondre un script autrement moins crétin et poussif que cette histoire vaporeuse et pleine de trous. Les goblins du film sont donc des créatures extra-terrestres qui ont le pouvoir psychique de matérialiser les rêves les plus fous des gens qu'ils croisent et là vous vous dites que finalement c'est plutôt sympa comme créatures. Sauf que non, car en réalisant leurs rêves, les personnes trouvent souvent la mort au bout de la route dans un cheminement particulièrement sinueux à l'image de ce gardien de nuit qui s'imagine rock star et qui se fracasse le crâne en tombant de scène. Et comme les personnages du film sont tous plus crétins et caricaturaux les uns que les autres et bien leurs grands rêves secrets sont à la hauteur de leur inconsistance chronique. Le timide rêve secrètement de se taper son hôtesse du téléphone rose , la blonde nymphomane rêve de se faire toute une garnison, le gentil troufion voudrait devenir Rambo, le gentil gardien de nuit rêve de devenir un héros et la fille effacée rêve de gloire en devenant danseuse et strip-teaseuse dans une boîte malfamée... Voilà pour les ambitions de la jeunesse américaine des eighties et les points de départs qui doivent conduire les protagonistes vers la mort. On sent que les créatures sont tellement inertes et rigides qu'il fallait un ressort mental et psychologique pour leur permettre d’interagir un minimum avec les personnages mais ce gadget narratif bien poussif ne fonctionne quasiment jamais durant le film. Avec ses trois pauvres décors, sa poignée de comédiens et comédiennes, ses tristes lumières aux néon, ses bruitages débiles et la tristesse de son écriture il est bien difficile de s'accrocher à quoi que ce soit pour éviter au film de sombrer dans les abysses de la série Z. Il reste fort heureusement les créatures et les effets spéciaux du film.
Pas d'images de synthèses bien sûr, pas d'animatroniques non plus, pas même des marionnettes manipulées maladroitement de l'intérieur, les créatures du film sont des peluches rigides encore plus inexpressives qu'un écureuil empaillé après être passé sous les roues d'un camion et de sa remorque. L’œil torve et inerte, la pilosité en broussaille les créatures ne prennent vie que lorsque les comédiens les secouent frénétiquement pour faire croire qu'elles les attaquent ou lorsque un technicien les agite à l'écran avec un grognement sinistre de pitbull en guise de bruitage. Pour l'anecdote on apprend sur IMDB que l'opératrice qui s'occupait d'agiter les créatures sortait tout juste de l'hôpital psychiatrique ce qui explique peut être cette frénésie maladive dont elles font preuve, l'histoire ne raconte pas en revanche si l'opératrice est retournée en clinique juste après. Si vous cherchez une explication au malaise étrange que provoquent ses créatures et leurs mouvements , je vous renvoie à cette critique avec une théorie très pertinente et très drôle sur le sujet. Hobgoblins est une grosse série Z qui malheureusement peine à être vraiment drôle, peut être précisément parce que le film est construit sur un registre comique volontaire passablement raté. Quelques détails feront toutefois sourire comme cette serveuse avec la coupe de cheveux de Marge Simpson, le jeu très approximatif du casting et bien sûr ses saloperies de bestioles aux comportements étranges bien que totalement inexpressives.
Devenu limite culte aux USA, étrangement distribué en France dans une collection vidéo de films pour enfants alors que le long métrage est rempli de sous entendu sexuels, Hobgoblins connaîtra une suite destinée au marché de la vidéo en 2009. Cette suite reste à ce jour le dernier film de Rick Sloane dont il me tarde de découvrir les deux premiers films Blood Theatre et The Visitants histoire de voir si avec une constance qui l'honore il a TOUJOURS été aussi mauvais.
Ma Note Nanar : 05/10