God Bless America par Filmosaure
God Bless America est un immense délire, une satire jouissive dans laquelle Bobcat Goldthwait déverse son fiel avec humour et dérision. A regarder au 9ème degré.
Il y a des gens comme ça. Qui nous gâchent la vie par des détails, au quotidien. Qui nous épuisent et nous vrillent les nerfs comme on assassine quelqu’un à la petite cuiller. Les gens bruyants. Les gens désagréables. Les gens gratuitement méchants. Les gens qui insultent une minorité pacifique. Les gens qui se garent sur deux places de parking. Les gens qui parlent à voix haute et répondent au téléphone au cinéma. Les gens qui restent bien assis sur leur strapontin lorsqu’il y a foule dans le wagon de métro. Les gens qui se complaisent dans le lynchage public. Et bien d’autres. Les gens.
D’autre part, il y a toi et moi : des personnes qui ne comprennent pas ce comportement et le subissent régulièrement parce que personne ne remet jamais ces “gens” à leur place. Puis arrive Frank, qui n’a plus rien à perdre et qui va le faire pour nous, au cours d’une heure et demie d’un jouissif lâchage.
Si nous nous attachons à la quête de Frank, c’est parce qu’au travers de son ignoble course, il garde le respect un certain nombre de valeurs dans lesquelles nous nous reconnaissons et argumente son cas avec intelligence. Face à la fougue de Roxy qui manque parfois de maturité, il saura rester… raisonnable. Car le message de God Bless America est une réflexion sur le devenir de nos mentalités à tous : Faites-vous partie de la solution ou du problème de ce pays ? Frank est attaché à son rôle de “solution” qui pourtant reflète un des plus grands travers des Etats-Unis, la violence par les armes. Une scène en particulier nous rappellera la désormais tristement célèbre fusillade d’Aurora.
D’autre part, sa propre fille, sale gosse capricieuse et intolérante, reste le reflet de tout ce qu’il combat. Bobcat Golthwait signe finalement son film d’une note très pessimiste rien qu’avec ce détail puisqu’elle représente l’avenir du pays…
Au fond, God Bless America n’est pas un film violent. C’est du Bonnie & Clyde, avec une touche de Taxi Driver (et c’est distribué par Darko Entertainment, et donc Richard Kelly, l’homme qui a réalisé le meilleur film du monde). En réalité, c’est un film romantique, une comédie noire, un road-movie mais pas un film empreint de violence, car celle-ci, bien que fortement présente, n’est pas son propos et reste édulcorée par une grosse dose d’humour. Frank assassine des abrutis comme d’autres dézinguent des zombies, et l’on ne manquera pas de rire bêtement à l’un comme à l’autre. Tout en réfléchissant t’as vu. La classe.