Peu de films m'ont surpris comme celui-ci par l'extrême disproportion entre les moyens techniques mis en œuvre (inutile de développer, d'autres l'ont dit, c'est très, très bien filmé) et l'absolue vacuité du propos.
Partie 1, le voyage de Lucas-le-prêtre, fin 19ème, vers le coin paumé d'Islande (pléonasme, peut-être) où il est supposé faire construire une église. Là, ça se tient encore, parce qu'il n'y a rien à raconter, surtout des paysages à montrer, et que l'antagonisme entre Lucas l'arrogant intello danois et Ragnar, son guide, le fruste islandais, parle de lui-même.
Partie 2, le huis-clos communautaire ou la fête du slip scénaristique. Arrivé à bon port mais malade, Lucas est hébergé par Karl et ses deux filles, dont l'aînée jette son dévolu sur le puceau de Dieu. Paroxysme de violence entre Ragnar et Lucas, sans qu'on comprenne bien pourquoi.
Épilogue : Karl tue Lucas.
Le réalisateur sait construire la montée de la tension entre les personnages mais il la solde absurdement avec une parodie de western complètement hors-contexte. Aussi hors-contexte et pesant que les messages anti-colonialiste et féministe qui tiennent lieu de "pensée" dans la seconde partie. Il ne manque plus que le familialisme post-freudien de l'épilogue et voilà, tous les clichés du Zeitgeist sont réunis. Malheureusement, au passage, les personnages ne tiennent plus, et Lucas, notamment, n'a plus la moindre cohérence.
Et pourtant c'était si beau. Et bien joué, même. Pourquoi cet autosabotage ?