Peu de films m'ont surpris comme celui-ci par l'extrême disproportion entre les moyens techniques mis en œuvre (inutile de développer, d'autres l'ont dit, c'est très, très bien filmé) et l'absolue vacuité du propos.

Partie 1, le voyage de Lucas-le-prêtre, fin 19ème, vers le coin paumé d'Islande (pléonasme, peut-être) où il est supposé faire construire une église. Là, ça se tient encore, parce qu'il n'y a rien à raconter, surtout des paysages à montrer, et que l'antagonisme entre Lucas l'arrogant intello danois et Ragnar, son guide, le fruste islandais, parle de lui-même.

Partie 2, le huis-clos communautaire ou la fête du slip scénaristique. Arrivé à bon port mais malade, Lucas est hébergé par Karl et ses deux filles, dont l'aînée jette son dévolu sur le puceau de Dieu. Paroxysme de violence entre Ragnar et Lucas, sans qu'on comprenne bien pourquoi.

Épilogue : Karl tue Lucas.

Le réalisateur sait construire la montée de la tension entre les personnages mais il la solde absurdement avec une parodie de western complètement hors-contexte. Aussi hors-contexte et pesant que les messages anti-colonialiste et féministe qui tiennent lieu de "pensée" dans la seconde partie. Il ne manque plus que le familialisme post-freudien de l'épilogue et voilà, tous les clichés du Zeitgeist sont réunis. Malheureusement, au passage, les personnages ne tiennent plus, et Lucas, notamment, n'a plus la moindre cohérence.

Et pourtant c'était si beau. Et bien joué, même. Pourquoi cet autosabotage ?

Glueklicher
6
Écrit par

Créée

le 7 sept. 2024

Critique lue 3 fois

1 j'aime

Glueklicher

Écrit par

Critique lue 3 fois

1

D'autres avis sur Godland

Godland
mymp
8

La grâce et la matière

À peine pose-t-il un pied ; à peine a-t-il fait quelques pas, malhabiles, sur cette plage grise et nue d’Islande, après un voyage en bateau, malmené par des vagues sombres et hautes, du Danemark où...

Par

le 16 déc. 2022

33 j'aime

Godland
Maxicurly
5

Voyage de l'absurde luthérien

Pas encore remis du visionnage du Film Les Huit Montagnes, je décide d'aller voir le très recommandé Godland. En tant que voyageur et photographe "amateur", je ne pouvais être que conquis. Quelle...

le 27 déc. 2022

15 j'aime

Godland
Cinephile-doux
8

Le silence des chevaux

Plus que repéré avec Winter Brothers et Un jour si blanc, Hlynur Pálmason est passé à la vitesse très supérieure avec Godland dont il est légitime de se demander pourquoi il ne faisait partie que de...

le 7 oct. 2022

13 j'aime

Du même critique

Les Indociles
Glueklicher
2

"Et Me too c'est pour les chiens ?"

"Et Me too c'est pour les chiens ?" demande un personnage du film lorsqu'une jeune aspirante actrice se dit prête à coucher avec un réalisateur pour avoir un rôle.On peut en effet se poser la...

le 7 janv. 2024

4 j'aime

Mr. & Mrs. Bridge
Glueklicher
8

Le charme discret des WASPs

Certes, on a déjà vu ce genre d'histoire cent fois. Une banlieue américaine cossue. Une femme toute dévouée à sa famille. Son mari, pas vraiment attentionné mais gentil tout de même si l'on veut, à...

le 27 oct. 2024

2 j'aime

Les Passagers de la nuit
Glueklicher
5

Joli, et sans intérêt

Les personnages ont des problèmes de fric (qui ne semblent pas les inquiéter beaucoup), trouvent du travail en écrivant une lettre "très touchante", mais malgré cet emploi du temps chargé, ils...

le 13 mars 2024

2 j'aime