Godless est un film plutôt marquant, qui se démarque avec une progression fluide et intelligente du genre classique de l'horreur possession/démons. La narration démarre sur un ton classique : vie de famille qui ne fonctionne pas, isolation sociale, hallucinations, bref un problème de départ et la quête pour s'en débarrasser quand il devient trop envahissant. La caméra aussi est assez classique, rien de révolutionnaire d'un point de vue formel, mais pour moi ça a marché.
Et alors là on ne sait pas trop quoi penser pendant les deux premiers tiers du films : d'abord un sérieux doute quant à la nature spirituelle, puis des signes qui ne trompent pas, et ensuite... bref c'est volontairement flou. Ce n'est pas laissé à la totale imagination du spectateur cependant.
Et effectivement, plus on approche de la fin, plus la situation échappe au contrôle des protagonistes, et le film instille en nous la violence bien particulière de l'injustice et de l'incompréhension. Le vrai danger, le vrai objet d'horreur, c'est la société, plus particulièrement la société chrétienne et ses dérives spiritualistes (cad en gros penser la foi comme un don interpersonnel, direct, entre Dieu et un/des Homme(s) ), puis fanatiques. Et on pourrait penser que ce message final anti-fanatisme est culcul et/ou superficiel sur le plan artistique et émotionnel, mais j'ai personnellement beaucoup ressenti d'empathie pour la protagoniste et son mari, dont les dilemmes sont bien filmés et donc bien nuancés. On est proche des personnages importants, à savoir le couple et l'exorciste, ils ont une personnalité plutôt bien travaillée. Et ça donne cette impression destabilisante qu'au final on a juste assisté au désespoir et à la folie de trois personnes banales. Le film ne se penche jamais sur la pente du transcendantal, de la spiritualité (dont il critique fortement les dérives), ou même d'étrange. Le film aurait pu, pour semer le doute, mettre une casquette fantastique. Mais il ne l'a pas fait et c'est finalement assez original d'avoir des films d'horreurs rationnels, et les quelques exemples de "aah mais en fait c'était clairement dans ta tête" sont souvent très mal ammenés.
En fait, la narration n'offre aucun climax, tout simplement parce qu'il n'y a rien de surnaturel à exorciser, juste une femme malade, traumatisée, abandonner, à torturer encore plus...