Un autre film de Chung Mong-hong, cette fois aux forts accents de Kitano. On est en effet au milieu de gangsters mi-sérieux mi-débiles, qui règlent leurs comptes avec beaucoup de violence, parfois incongrue. Au milieu de ces frictions évolue un jeune homme un peu benêt, qui travaille comme mule pour l’un des gangs locaux. Un jour, pour faire une livraison, il emprunte un taxi conduit par un chauffeur légèrement allumé.
Les deux vont se retrouver mêlés à une vendetta dont les causes (pour le spectateur) restent tout du long peu claires, voire mal expliquées. L’un des points faibles de ce Godspeed est qu’il repose énormément, trop, à mon goût, sur des non-dits que le cinéaste peine à rendre parlants par le biais de son travail de mise en scène et de montage, trop approximatifs.
Et c’est dommage, puisque le film profite d’une photographie inégale, mais globalement satisfaisante et inspirée. Un soin tout particulier est porté aux détails, du genre qui vous font penser, en regardant un film, que les choses ont été soigneusement pensées à l’avance et parfaitement exécutées face à la caméra : du travail bien fait, quoi.
Ce réalisateur, je l’avais déjà écrit dans ma critique de The Falls, possède un « truc », mais il semble avoir toutes les difficultés du monde à le révéler pleinement, c’est-à-dire sans concession. Il ressort de ce film une enquiquinante impression qu’il aurait pu, dû, « aller plus loin » : moins faire parler ses personnages (le dernier quart d’heure est une purge à cet égard), être plus radical dans les transitions, simplifier la narration pour n’en garder que l’essentiel (et ainsi sublimer le caractère ubuesque de certaines situations), etc.
Là, il y a définitivement du bon, de l’excellent même, mais pas suffisamment colmaté à mon sens pour en faire une œuvre mémorable « Kitano-like », du style Sonatine, par exemple. N'en demeure pas moins que les 2h passent vite, et se regardent agréablement.