L'immensité perdue dans le brouillard épais

Il y a quelque temps, en prévision de la sortie de Star Wars 8, je me suis revisionné les derniers Star Wars en date, notamment Rogue One. Ça m'a rappelé que j'avais bien aimé le travail de Gareth Edwards, au niveau de l'esthétisme et de la mise en scène. Plein de bonne volonté, je m'attaque à son premier film, Monsters : Pour un budget très court, le film dégage quelque chose de fort, de bon. Je commence à apprécier le bonhomme, mais soudain, alors que je scrute sa page Wikipedia, un souvenir fuse dans mon cerveau tel un flash : Godzilla.
Je me souviens d'une des séances de cinéma les plus inoubliables que j'ai pu vivre dans ma vie encore courte, non pas dû au film, mais à la situation : 2 de mes amis et moi-même, seuls dans la salle, à voir ce film. Deux heures de commentaires, de blagues en tous genres, pour au final avoir beaucoup ri, et en avoir conclu que le film était un navet. Mais, durant ces 3 trois années qui ont suivi, me remémorant cette séance, je me suis sans cesse demandé si la situation n'avait pas altéré mon jugement, si au final le film n'était pas mauvais. Ni une ni deux, 3 ans après, une culture cinéma plus étoffée, je me relance dans le visionnage de Godzilla de Gareth Edwards.


Déjà premier constat avant de lancer le film, c'était d'essayer de me remémorer des moments du film, la trame. Rien à faire, rien ne vient, juste le moment où Godzilla balance son haleine fraîche dans la gueule du MUTO, juste parce que ça nous avait fait beaucoup rire. Tant mieux, me dis-je, je vais pouvoir redécouvrir le film. Bon, je n'ai pas une mémoire de merde non plus, au fur et à mesure la trame me revient, et je comprends pourquoi je l'avais oublié : Elle est oubliable. Le film nous balance un scénario des plus bateau, décochant toutes ses flèches d'un seul coup, en l'espace de 10 minutes : "Tiens tiens, il y deux œufs dans la carcasse", "Tiens tiens, l'un est ouvert", "Tiens, tiens, cette chose a l'air attirée par les radiations". Bravo, vous venez de voir le film.
Alors évidemment je vais pas vous pourrir le film en vous disant ça, il y a des trucs qui se passent après, mais ça te saute tellement à la figure, j'ai l'impression que le film m'a hurlé dessus tout ce que je devais savoir, ça en devenait gênant. Par la suite les événements s’enchaînent de façon assez "coïncidentiel" (Ce mot n'existe pas ne cherchez pas sur google) : "Le héros se trouve là ? Pouf événement", "Attendez il s'est barré ? Ne bougez pas les monstres vont venir à lui." Uh. C'est dommage parce que les acteurs sont bons pour la plupart, Aaron Taylor-Johnson n'est vraiment pas au top de sa forme okay, mais Bryan Cranston, Elisabeth Olsen sont bons je trouve, ils expriment un truc bravo les gars, champions ! Je ne connais pas du tout le monde de Godzilla, alors je pourrai pas dire "Oué ça c'était pas cohérant avec le monde des kaïju et tout", mais tout ce que je sais, c'est que le monde que je vais découvrir, avec l'univers "MonsterVerse", va être tenu par le même mec tout le long, alors bon ...


En revanche, là où je ne peux reprocher quoique ce soit, c'est sur la mise en scène, la réalisation. Ici Gareth Edwards nous livre un travail sur l'immensité que j'ai adoré. Il y a énormément de plan très très large, nous faisant prendre conscience de la taille microscopique de l'espèce humaine face à la nature. C'est d'ailleurs un peu l'enjeu du film (s'il y en a un ?), l'humanité qui essaye de contrôler la nature, mais qui n'y arrive pas. Tout cela paraît millimétré, et je n'ai vraiment pas l'impression que ces moments sont là par hasard, c'est une thématique que je retrouve dans une certaine limite dans Monsters, compte tenu du budget 320 fois inférieur à celui de Godzilla, mais surtout dans Rogue One, notamment le plan (acclamé ?) de l'étoile noire (voir à 42 secondes ici pour comprendre ce que je dis https://youtu.be/Wji-BZ0oCwg?t=42s) mais aussi dans une majorité des plans extérieurs. J'ai vraiment l'impression que Gareth Edwards s'en est donné à cœur joie, jouant avec des gros monstres bien foutus avec de jolis FX, et ça se sent qu'il y a de l'intention derrière. Et ça me rend triste car ce n'est pas des choses que le commun des mortels voit, la sémantique. Pour lui, soit il passe un bon moment, soit il se fait chier, et pour Godzilla, si ça avait été par un réalisateur lambda comme, au hasard, Kong Skull Island, bah je me serai fait chier autant que lors de ce dernier.


BREF. Un film avec une mise en scène, une photographie que j'adore, mais écrasé par le vide de son scénario, je donne malheureusement l'avantage au scénario, bien plus impactant. Tout de même, je suis content d'avoir revu le film, qui passe d'un "navet oubliable" à un "mi-figue mi-raisin", et qui surtout confirme ma joie concernant le travail de Gareth Edwards, que je vais suivre avec enthousiasme dans le futur.

Daxfire
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le 27 déc. 2017

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