Après des bandes annonces alléchantes diffusées au compte-goutte, l'attente pour le Godzilla version 2014 de Gareth Edwards était palpable. La bête débarque enfin sur les écrans français pour tout fracasser. Malheureusement, le film n'est pas si ambitieux que les bandes annonces le laissaient espérer, mais reste malgré tout une superproduction de bonne qualité.
L'intrigue est mince, conventionnelle, mais se suit sans aucun temps mort et moment d'ennui. Le film dresse le conflit entre l'homme et la nature de façon partielle. En prenant le parti pris de ne se concentrer que sur la famille Brody, Gareth Edwards privilégie l'aspect humain de l'histoire, en tout cas dans son commencement. L'homme est d'un piètre soutien face à l'attaque des MUTO. Ses interventions inutiles et catastrophiques revendiquent le fait que nous ne sommes qu'insignifiants, peu importe à quel point nous essayons d'être supérieurs. Il fallait donc des acteurs suffisamment talentueux pour partager l'affiche avec la vraie star du film.
De grands noms sont ainsi associés au projet, pour ne jouer malheureusement que des personnages classiques, ce qui n'est pas vraiment une surprise pour ce genre de production. Un duo que l'on a peu remarqué dans des blockbusters d'abord : Bryan Cranston et Juliette Binoche. Leurs apparitions sont malheureusement trop courtes. Son cas à elle est encore pire. J'ai été déçue de la voir si peu à l'écran. Finalement, je me demande pourquoi elle a accepté de rejoindre le projet pour seulement quelques minutes d'apparition. Second couple de l'affiche : Aaron Taylor-Johnson et Elizabeth Olsen. Les deux jeunes acteurs forment un couple de parents pas vraiment crédible. Ils me semblent un peu trop jeunes pour avoir un enfant de 5 ans. Ce n'est pas impossible bien sûr, Aaron Taylor-Johnson ayant 23 ans au moment du tournage, mais cela fait un peu tôt pour que l'on y croit. Je chipote. Les deux scientifiques, interprétés par Ken Watanabe (excellent, comme d'habitude) et Sally Hawkins sont, n'ayons pas peur de dire les vérités qui dérangent, fichtrement inutiles... Je me demande bien, mis à part leur fascination pour la bestiole, quel est leur rôle à jouer dans cette histoire. Disons que dans tout blockbuster il faut un scientifique pour expliquer les choses au héros et c'est tout.
En parlant de Ken Watanabe, on sent que la production a fait de son mieux pour conquérir le petit peuple japonais. Malheureusement, celui-ci tenant à sa chose, c'est raté. C'est dommage car les intentions semblent assez honorables. Une grande partie de l'action se situe au Japon, de nombreux dialogues sont conservés en langue nippone. Une petite partie du casting est de la bonne nationalité, même s'ils ont pour la plupart déjà tourné un grand nombre de films américains. Malgré tout, le public américain ne se sentant concerné seulement si sa chère partie se fait ravager, le dénouement se situe sur ce bon vieux continent américain, histoire d'en saisir plus les enjeux.
Ce final ne laisse d'ailleurs place à aucun temps mort. C'est un combat de titans franchement épique, que je ne raconterais pas ici. Bref, vous l'avez compris, les personnages humains ne constituent pas l'intérêt principal du film, l'intérêt se situant au niveau de ses monstres. Le fait de laisser un grand moment le mystère autour des kaijus est intéressant. Cette technique force le spectateur à être attentif, à guetter le moindre indice que l'on aura bien voulu nous laisser apercevoir. Cela rend l'apparition des monstres encore plus spectaculaire. La bête assez discrète dans la première moitié du film, devient omniprésente dans la seconde partie. Godzilla (je sais que je ne devrais pas dire ça) est quand même adorable. C'est lui le vrai héros du film, bien plus que les insignifiants petits parasites humains.
Impossible de terminer cette longue critique sans parler du génial Alexandre Desplat. Ses musiques sont la principale réussite du film. Comme d'habitude, elles collent parfaitement à l'ambiance dégagée et la renforce admirablement. Le thème du monstre risque de vous accompagner mentalement encore un petit moment après la séance.
Finalement, Godzilla est un bon blockbuster, pas si différent de ses comparses que l'on pouvait le penser. Mais force est de constater que l'on passe un agréable moment devant cette apologie de la destruction, du chaos et des monstres, ce qui est, je suppose, l'unique but recherché.