Gareth Edwards choisi sur la force de son premier film Monsters pour lequel il avait assumé tous les postes réalisateur,scénariste et même responsables des effets spéciaux ne renonce nullement à ses ambitions artistiques et son approche plus atmosphérique que spectaculaire même au commandes d’un blockbuster à 150 millions de dollars.


Du Godzilla original n’oubliant pas que le film est bien né du traumatisme des bombardements américains sur Hiroshima et Nagasaki il reprend le ton sérieux et dramatique, pas ici de second degré ou de personnages comiques. D’un traumatisme nucléaire à l’autre sa version qui lie l’apparition des monstres à un incident nucléaire industriel fait écho à la catastrophe de Fukushima.Il filme les événements "à hauteur d’homme" à travers les yeux de ses différents protagonistes savants, militaires ou civils.

Il s’inspire de la grammaire visuelle de Spielberg la seconde partie rappelle la "Guerre des Mondes" avec cette odyssée d’un père à travers un monde dévasté et des séquences comme celles du train, de la bataille dont on devine le fracas par des lueurs à flanc de colline ou l’émergence d’une créature qui rappelle celles des tripodes martiens.

C’est surtout dans l’esprit avec lequel il gère les apparitions de sa "vedette" qu’ Edwards marche dans les traces de son aîné .Comme le Spielberg des "Dents de la Mer" il ne révèle le monstre que par petites touches au long du film une épine dorsale, une patte puissante, une silhouette dans l’ombre et joue avec la frustration du spectateur.Parfois un peu trop quand après la révélation de la créature il ne laisse entrevoir une immense bataille que par le biais de flashes télévisés (vus à travers les yeux d’un enfant dabns une autre scène très Spielbergienne)

Mais la ou des raisons pratiques, , le requin mécanique ne fonctionnant pas , avaient dicté ce traitement à Spielberg c’est pour des raisons opposées qu’ Edwards choisi la suggestion.Les effets visuels actuels ne posent plus aucune limite à la visualisation de créatures extraordinaires (à ce titre le travail de MPC la société qui monte dans le domaine des SFX sur la créature est fantastique).La structure "moderne" du blockbuster impose une fois les créatures révélés d’enchaîner une série de combats dévastateurs jusqu’à la conclusion. Du fait de cette construction le dernier acte de beaucoup de gros budget récents (Man of Steel, Pacific Rim) peinent à être aussi forts dans leur conclusion. Gareth Edwards fait le choix (risqué compte tenu du budget et des enjeux commerciaux) de sacrifier un peu son deuxième acte (même sil il contient son lot de créatures et de grands spectacle) afin de préserver l’impact de son final. Un final proprement dantesque et jouissif qui réjouira tous les fans du "King Of Monsters".

Le script de Max Borenstein réussi à maintenir un équilibre entre une approche réaliste et le respect de la mythologie de Godzilla. Il préserve le caractère animal de Godzilla mais aussi le statut de protecteur acquis au cours des années (ainsi que sa caractéristique la plus emblématique , les connaisseurs comprendront). La justification de son opposition avec les MUTOs (Massive Unidentified Terrestrial Organisms) presque zoologique est très maline.

Les créatures sont traitées comme des forces de la nature dont nous contemplons impuissants le déchaînement , ce qui justifie les choix de mise en scène mais sacrifie les protagonistes humains malgré un casting composés de comédiens prestigieux qui à l’exception de Bryan Cranston ont peu à jouer. Le manque de charisme d’Aaron Taylor Johnson renforce ce déséquilibre.

Picturalement le film est superbe grâce à un fantastique travail du directeur de la photo Seamus McGarvey (bien plus à l’aise ici que dans l’univers trop lumineux d’Avengers), pour la première fois j’ai aimé la partition musicale d’Alexandre Desplats pour un blockbuster (depuis la "Cité de la Peur " des Nuls !!!) . Le montage est assuré par Bob Ducsay qui depuis qu’il ne collabore plus avec Stephen Sommers (la "Momie", "Van Helsing") s’attache à de jeunes auteurs qui montent (il avait œuvré auprès de Rian Johnson pour Looper).

Gareth Edwards fait preuve d’une maîtrise impressionnante et rend justice avec ce film puissant, majestueux et atmosphérique au "King Of The Monsters".
PatriceSteibel
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le 14 mai 2014

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PatriceSteibel

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