Mais, ce ne serait pas le lien pour voir une critique complète avec image ? https://drive.google.com/file/d/1Jz_xIB2rnzCfnXwJTMuekVsRrIUQGBVz/view?usp=sharing
INTRODUCTION
Il y a cinq ans sortait Godzilla, le deuxième remake américain d'une saga bien connue au Japon.
Relançant par là même l'intérêt des gens envers cette saga, les japonais réalisèrent de nouveaux films, tandis que les américains construisaient leur propre univers étendu films, le Monsterverse.
C'est le film de 2014 qui a changé ma vision du cinéma, qui m'a permis de découvrir d'autres genres. Godzilla est un film qui m'a fait découvrir le cinéma. C'était donc sans contexte que la suite m'intéressait au plus haut point.
Elle m'a beaucoup moins intéressée quand Gareth Edwards s'est détaché du projet. J'ai décidé de devenir quelqu'un de stupide qui râlait sur n'importe quelle information nouvelle du film, pour me parer à l'éventualité d'une déception. J'ai littéralement passé trois ans à ne plus faire attention à cette suite et à dire à qui voulait l'entendre que Godzilla il n'y en avait qu'un de bon et c'était celui de 2014.
La première bande-annonce du film, sortie en 2018, m'a fait voir juste, le film ne m'intéressait pas... ou presque. Je me moquais du film qui allait arriver, de ce qu'il allait proposer, voyant tous mes amis s'extasier devant le trailer pendant que je ronchonnais dans mon coin.
Sauf que voilà, dans cette bande-annonce il y avait Mothra. Elle a directement attiré mes yeux et j'ai passé l'été à me renseigner sur elle, de façon peu enthousiaste mais intéressée.
C'est la deuxième bande-annonce qui a été le point décisif. Loin de regarder Godzilla, dans ce petit bout de film, c'est encore Mothra que je voyais. Dans ma tête, le nouveau réalisateur, Michael Dougherty, dédaignait le travail d'Edwards pour faire de la nouveauté. J'ai donc fait de même et je m'intéressait surtout à Mothra.
2019 est arrivé et Good Omens, une série qui n'a rien, mais alors rien à voir avec Godzilla arrivait aussi. Par un hasard plutôt rigolo, la série sortait le 31 mai, le même jour que Godzilla II. Original, mais je m'en fichais puisque j'étais obnubilée par la série.
Good Omens sorti, mon intérêt se calmant, j'ai enfin pu voir Godzilla II au cinéma, trois semaines après sa sortie. Manque de chance, ça faisait cinq ans que je rêvais de voir un Godzilla dans mon cinéma, et ce dernier ne l'a tout simplement pas proposé, dur coup du sort. J'ai donc dû aller le voir dans un plus grand cinéma que je n'aime pas, dans une salle peu agréable avec un son beaucoup trop fort.
Sur le coup, j'ai été déçu et j'ai même ri de nombreux éléments. J'étais dédaigneuse envers le film, montrant à quel point il était mauvais comparé à celui de 2014.
Oui mais voilà, le film proposait de nombreuses choses, parmi lesquelles de nouveaux éléments qui étaient en fait repris des films japonais. Ni une ni deux, j'ai posé ma casquette d'enquêtrice sur ma tête et j'ai fouillé les wikipédia et autres encyclopédies. Pour la première fois depuis cinq ans, j'ai même eu envie de regarder d'anciens Godzilla, chose que je n'avais jamais fait puisqu'ils sont extrêmement durs à trouver en France. Et j'en ai regardé une bonne dizaine après coup.
C'est là que j'ai compris une chose importante : mon Godzilla, c'était celui de 2014. C'est avec cette vision que je l'ai découvert, et personne ne pourra me l'enlever. Mais depuis 1954, Godzilla est une saga qui a su se renouveler grâce au changement des personnes qui dirigeaient les films.
Godzilla n'a jamais été immuable. Il s'est toujours modifié, au gré des envies des réalisateurs et producteurs. Il n'y a pas deux films pareil dans la saga. Elle a toujours évolué avec son temps, les producteurs recherchant ce qui plairaient aux spectateurs, les réalisateurs voulant plaire aux fans et se faisant plaisir à eux-même. La seule chose qui a toujours été là, c'est la façon dont les films pointent du doigt les affres de l'humanité. Le nucléaire, le capitalisme, la télévision, le commerce, l'industrialisation, la manipulation de la presse, l'antimilitarisme, la pollution, la solitude dans l'enfance, la biotechnologie, les dérives de l'utilisation de l'ADN, la xénophobie, les fantômes du passé, la politique... Godzilla, ce n'est pas la vision d'un seul réalisateur : c'est une saga qui transpose les peurs d'un peuple face à la nouveauté du monde.
C'est dans cette optique que j'ai revu de nouveau le film, m'offrant un visionnage dans un cinéma avec un son immersif. Et c'était mieux, beaucoup mieux. J'avais fait le deuil de la suite qu'aurait pu faire Edwards et j'ai arrêté de faire ma fan déçue pour me concentrer sur ce que le film avait à apporter. Au lieu de rester enfermée dans une seule vision, je me suis ouverte à la saga et j'ai compris ce qu'elle était vraiment. C'est ainsi qu'au lieu de râler sur le nouveau film, je suis aujourd'hui quelqu'un qui l'adore et le défend.
I- LE FILM
1) Visuel
Évidemment, la première chose que j'ai regardé dans ce film, c'est la mise en scène. Dans son Godzilla, Gareth Edwards menait celle-ci d'une main de maître : son, lumière, tension, caméra à l'épaule, tout était parfaitement mené et donnait une impression de réalisme.
Si j'avais déjà vu l'un des premiers films de Michael Dougherty, à savoir Krampus, je savais qu'il n'avait pas la même idée de mise en scène.
Certains plans pourraient appartenir au film de 2014 : filmés dans des véhicules ou à travers des fenêtres, ils gèrent à la perfection cette idée de caméra à l'épaule.
Cependant, la plupart du temps, la caméra n'est pas tenue comme Edwards le faisait. A dire vrai, elle ressemble beaucoup à ce que peuvent proposer les films japonais, à savoir filmer les monstres à leur échelle, et pas à celle des humains.
Si le film avait voulu prendre la même route que son prédécesseur, à savoir la route réaliste, ç'aurait pu être gênant. Mais Dougherty ne veut pas prendre la route réaliste, mais la route fantaisiste. Par conséquent, la façon de filmer ne gêne absolument pas : au contraire, ça permet de mieux apprécier les chorégraphies de combat qu'on nous propose.
Cependant, la caméra me gêne vraiment quand on essaye de nous montrer des scènes d'action, et notamment lorsque le film mêle combat de Titans et actions des Hommes, il y a un vrai soucis de cadrage et de coupe au montage. Souvent, la caméra n'a jamais le même plan, ce qui fait que quand on passe des Titans aux humains, il est dur de savoir où est qui. C'est plus simple après plusieurs visionnages mais certaines scènes restent très brouillonnes. Je pense notamment au premier combat entre Godzilla et Ghidorah, qui s'il propose quelque chose de très joli au niveau de la chorégraphie des Titans, au niveau des humains, c'est extrêmement compliqué de comprendre l'action. Mais peut être qu'il s'agit seulement d'une manière de montrer l'état de panique des humains. Dans tous les cas, la scène est plutôt compliquée à comprendre.
Cependant, si la mise en scène ne m'a pas vraiment marquée comparée à celle d'Edwards, ce sont les plans en eux-même qui m'ont plu.
Dougherty a une telle façon de positionner les Kaijus dans les plans que tout le film devient une galerie absolument magnifiques :
Lorsque Maddison et Emma parviennent à calmer Mothra, Madison essaye de toucher la chenille. Le plan est pris complètement de profil et en résulte un superbe moment qui démontre le lien Homme/Titan.
Quand Godzilla se montre face aux humains, sous l'eau, le plan est pris de face : Godzilla est en fond, contre les humains qui nous tournent le dos. On est avec les humains, littéralement à l'opposé de Godzilla, pour nous faire parvenir la méfiance de ce dernier vis-à-vis de nous.
Lorsque Ghidorah s'apprête pour la première fois à jeter son rayon de gravité, la caméra qui jusqu'alors ne filmait que des parties de son corps, l'englobe pour la première fois en entier : on a le temps de voir ses trois cous qui sont placés de façon symétrique, de même que ses ailes et ses deux queues. Ainsi, on nous montre à quel point il est gigantesque et dangereux, bien avant que l'on comprenne que la lueur émanant de ses cous ne signifie qu'il va cracher quelque chose.
Au moment où Godzilla arrive pour la première fois face à Ghidorah, les deux se font les plus grands possibles, comme des animaux le feraient avant un combat, pour s'intimider. Le plan est pris de profil afin qu'on englobe parfaitement les deux Titans et on peut alors voir à quel point Godzilla paraît petit face à Ghidorah. Ce plan est aussi un remake d'une même scène qui était apparue dans Godzilla VS King Ghidorah, le film de 1992.
Quand Godzilla se relève lors du combat, la lune se trouve derrière lui. C'est un moment très furtif mais extrêmement joli.
Le réveil de Rodan est filmé aux trois quart : cela nous permet d'embrasser totalement la taille du Kaiju, mais aussi d'impliquer l'Argo dans le plan et de montrer la confrontation prochaine des deux camps.
Toute la course poursuite entre Rodan et l'Argo est impressionnante, puisqu’elle propose de nombreux plans qui subliment le ptéranodon géant : lorsqu'il surgit des nuages juste derrière l'Argo, ou bien quand il est loin dans le ciel et qu'on l'aperçoit à travers les vitres de l'avion, ou encore quand il fait des tonneaux. La scène est vraiment magnifique.
Quand l'Argo parvient finalement à retrouver Ghidorah, on a là encore un plan de face qui est un de mes préférés du film : on voit l'avion, qui est un véhicule extrêmement grand, et pourtant si petit face au Monstre 0. Celui-ci ne tient même pas en entier dans la caméra, et on l'aperçoit difficilement avec la luminosité : soit il est éclairé par devant avec un éclair et on peut voir ses trois têtes terrifiantes, soit il est éclairé par derrière et là c'est une masse complètement noire qui se dresse face aux petits humains. La créature est vraiment mise en valeur ici.
Lorsque Rodan et Ghidorah s'affrontent, on peut les voir rentrer en contact de très loin : le plan est absolument magnifique, avec ces deux créatures se rentrant dedans, Ghidorah sortant de l'ombre des nuages, Rodan arrivant avec la lumière du soleil.
Au moment où Ghidorah lance son appel pour réveiller les autres Titans, là encore on a un plan de face, avec cette fois ci une croix qui rompt la symétrie. Si la croix n'est pas subtile, elle permet de nous montrer à quel point Ghidorah est un véritable diable. Mais la beauté provient surtout de Ghidorah qui est parfaitement mis en valeur ici : à l'inverse des autres plans où on le voyait de face mais pas en entier, ici on peut profiter pleinement de la créature.
Chose à noter, là aussi le son va parfaitement avec la scène : on entend trois cris distinctifs, qui proviennent chacun des trois têtes du Monstre 0, et à chaque fin de cri un éclair frappe au loin. Ça créé une suite sonore très agréable.
Lors du réveil de Mothra, cette dernière étend ses ailes et la bioluminescence suit le contour de ces dernières. Le ton bleu du film ressort énormément, et là encore on a un des plus beaux plans du film.
Encore un plan avec Mothra, et toujours un de mes préférés : lorsqu'elle surgit des nuages, dispersant la tempête, et créé un puissant jet de lumière. Elle est encore de face, ses ailes ne sont que lumières, le ciel devient jaune et blanc, et le seul point sombre ne provient que de la silhouette de Mark, baignée de lumière, qui se fait entourer par les ailes de la Reine des Monstres. J'en reparlerais tout à l'heure mais cette scène est magnifique.
Il y a beaucoup de belles scènes qui se déroulent dans l'antre de Godzilla, mais deux me viennent en tête : la première, c'est quand Serizawa s'approche de Godzilla. On n'aperçoit tout d'abord que ses épines dorsales : elles bouchent la lumière et créées des rayons luminescent.
Ensuite, quand Serizawa a fait ce qu'il avait à faire avec la bombe, il s'approche de l'animal. Là encore, on les filme de profil, l'un s'approchant de l'autre, dans un plan qui rappelle celui de Mothra en début de film.
Quand Godzilla émerge de l'eau et lance son souffle nucléaire pour symboliser sa renaissance, on le voit de face dans un plan qui est censé sublimer sa silhouette. J'utilise le verbe ''censé'', parce que pour moi, on voit surtout qu'il ne doit surtout plus jamais apparaître aussi vertical que ça dans un film, son gros ventre est un peu trop exposé.
Une scène plutôt rigolote et inventive : Mothra a réussi à coller Ghidorah à un immeuble. Une des têtes se détache et tente de retirer les autres têtes, quand Godzilla arrive : on voit son reflet dans la vitre. La tête voit le reflet avant de se retourner et de crier vers son adversaire.
Sans doute un des plus impressionnants du film : quand Ghidorah se recharge en mangeant un panneau électrique, il explose littéralement en émettant de l'électricité dans tous les sens. Le plan est filmé de loin et de ¾ est est absolument magnifique.
Encore une scène impressionnante : quand Ghidorah s'envole avec Godzilla avant de le lâcher au milieu des nuages, Godzilla devenant littéralement une météorite. Cette scène rappelle le saut HALO du premier film.
Mon plan préféré du film ! Quand Godzilla est au sol, Mothra grimpe dessus et étend ses ailes en signe de protection. On la voit de face, avec les têtes de Ghidorah entourant le cadre. La phalène est absolument magnifique, ses couleurs bleu, jaune et rouge ressortant parfaitement dans le sombre; Godzilla est protégée par Mothra, et le cadre fait des têtes de Ghidorah est très inventif. Vraiment ce plan me donne toujours autant de frissons.
Enfin, le film se clôture avec encore une fois, Godzilla censé avoir une pose particulièrement belle, même si je ne l'apprécie pas vraiment.
Cette longue liste nous montre que si la caméra en mouvement n'est pas forcément le point fort de Dougherty, quand il la laisse statique, il nous fait vraiment parvenir ce qu'il veut.
Ainsi, les plans de profil nous montrent soit le début d'un combat, d'un choc, quelque chose de violent, soit ils présentent un lien entre l'Homme et les Titans.
De même, le plus souvent, les plans de face servent à montrer qu'un Kaiju fait face à un autre, ou aux Hommes, ou bien il permet de sublimer la beauté des créatures. Par exemple, si le réveil de Mothra est filmé de face, tous les autres réveils de Titans (Rodan, Methuselah, Scylla...) sont montré d'un autre point de vue, qui permet ainsi de montrer que Mothra n'est pas comme les autres Kaijus et qu'elle ne se réveille pas pour faire face à l'Homme mais bien pour l'aider.
Enfin, les plans de ¾ s'inscrivent dans une pensée d'action et d'inventivité.
Le film a donc sa propre identité visuelle à ce niveau là et je l'aime énormément pour ça.
Il me faut aussi parler des effets spéciaux. Si dans Godzilla 2014 et Godzilla VS Kong, les effets spéciaux avaient pour but d'être réalistes, ici, ils le sont bien moins.
Cependant, s'ils perdent en réalisme, ils gagnent en visuel. En effet, ils sont filmés de telle sorte qu'on ne voit jamais vraiment les détails des textures : il y a toujours de l'eau ou de la fumée, du brouillard, des éclairs, des ombres... Ainsi, les écailles ne sont jamais montrées rugueuses mais plutôt lisses. Le rendu ressemble alors à un dessin. Je pense que c'était voulu, car en regardant les making of, on voit que les rendus des Titans font très réalistes à un moment, puis le tout est caché par des effets qui rendent les animaux moins réalistes, mais qui permet de les intégrer mieux à l’esthétique du film.
Outre ce rendu visuel, les démarches des animaux sont parfaites. La lourdeur de Ghidorah et Godzilla se fait totalement sentir, de même que celle de Rodan dans les airs, qui contraste avec la légèreté de Mothra. On peut même voir le frottement de l'air autour des ailes de cette dernière à un moment donné : c'est brillant.
Autre chose qui est brillant la façon dont la caméra est tenue lorsqu'elle n'existe pas. Par exemple, dans la scène de la course-poursuite avec Rodan, la caméra est une fausse caméra puisque quasiment toute la scène est faite en effets spéciaux. Ça n'empêche pas cette dernière de réagir aux mouvement des avions et du Titan, et de nous faire presque sentir toutes ces vibrassions. Toutes les scènes incluant des Kaijus sont comme ça, ce qui permet de vraiment bien s'intégrer au film. Gérer une caméra fictive n'est pas du tout chose aisée et Dougherty l'a fait avec brio.
2) Musique
Une chose qui dénote beaucoup de ce que l'on a aujourd'hui dans les films à gros budget, c'est une bande originale qui marque. C'était sans compte sur Bear McCreary.
Pas forcément connu dans le milieu du film, il a fait deux bandes originales qui m'ont marquées, celles de The Walking Dead et d'Outlander. Ce que j'aime beaucoup chez ce compositeur, c'est qu'il a un blog où il écrit la construction de ses musiques, d'où elles viennent, pourquoi il a utilisé telle ou telle note. Ça prouve qu'il travaille énormément ses musiques au lieu de sortir ses notes qui n'ont rien à voir les unes avec les autres.
Ainsi, tout le long du film, on peut entendre des chœurs qui semblent chanter des sons qui ne veulent rien dire, mais qui sont en fait du babylonien, une des plus anciennes langues existantes. Les paroles que l'on peut entendre signifient :
« Oh, vous Anciens,
Qui ont marché les premiers sur la Terre
Avec de puissants pas
Qui faisaient trembler les montagnes,
Et réduisaient les villes des impénitents
A des cendres et de la pierre,
Nous vous faisons cette offrande.
D'obéissance et de gratitude
Avec nos corps agenouillés
Nous vous créons un chemin à vos pieds. »
McCreary créé donc ici une chanson qui aurait été chantée par d'anciens peuples qui auraient connu les Titans et auraient vécu avec eux en harmonie.
Pour le thème de Godzilla, McCreary a repris celui du premier film en le faisant paraître plus lourd. Ça ne me déplaît pas parce que je trouve que le thème de 1954 paraît extrêmement guilleret pour ce qu'il était censé démontré, mais je pense qu'il s'agit simplement d'un choc générationnel. Ici, le thème de Godzilla est fait d'un groupe de joueurs de taiko, un tambour japonnais. Mais loin de jouer leurs tambours, le groupe lance des kakegoe, des cris d'encouragement lancés lors des spectacles de musiques japonais. On peut entendre que parmi ces cris, ils disent parfois « go-ji-ra », le nom originel de Godzilla. Le tout a un rendu vraiment beau, imposant, qui rappellerait presque un match de catch, sport qui a beaucoup inspiré les japonais pour les combats de leurs kaijus dans les années 70.
Le thème de Mothra reprend la mélodie originelle de cette dernière, que j'aime énormément, en insistant bien sur les tambours, comme à l'époque, tout en harmonisant le tout avec des flûtes et des cordes. Le tout est sublimé par un chœur qui accompagne la musique. Il s'agit, sans surprise, d'une de mes mélodies préférées du film, notamment dans la scène où Mothra arrive, auréolée de lumière, pour sauver Godzilla, où la musique explose littéralement.
Le thème de Rodan n'est pas vraiment existent en soit mais on retrouve les mêmes instruments et notes qui proviennent de cor poussés à leur extrême pour les faire, en quelque sorte, crier, ce qui caractérise très bien le ptéranodon géant et ses cris poussifs.
McCreary n'a pas repris le thème original de Ghidorah (j'ignore si c'est par manque d'envie, de réel thème marquant ou de droits), mais le nouveau est absolument magnifique. Sublimé par un chœur de moines bouddhiste chantant des phrases qui là ne veulent rien dire, pour bien marquer le fait que Ghidorah n'est pas de ce monde, il y a un chœur plus occidental et des instruments inquiétants.
Si on y prête encore plus attention, on se rend compte que le nombre trois est partout dans la musique : il y a des groupes de notes qui vont par trois et des phrases qui sont aussi structurées en trois. Le nombre rappelle évidemment les trois têtes de la bête.
Le tout est absolument génial, extrêmement inquiétant et va parfaitement avec la créature lorsqu'elle est à l'écran. Je n'avais pas entendu une aussi belle chose pour un antagoniste depuis la musique accompagnant Davy Jones dans Pirates des Caraïbes.
Voilà pour les musiques accompagnant les Kaijus. Pour le reste, les notes douces de piano accompagnent bien la famille des Russell, les trompettes modernes caractérisent parfaitement Monarch et sa modernité.
Mais parmi les thèmes non-kaiju, le grand vainqueur pour moi, c'est celui du sacrifice de Serizawa. Il commence doucement quand ce dernier dit au revoir à ses amis, puis il monte en puissance jusqu'à la mort de ce dernier. Là encore, les paroles sont en babylonien et signifient :
« Au revoir mon vieil ami
Ton doux souffle ralenti,
Tes yeux se fixent sur ton monde
Je t'offre
Ma force.
Au revoir mon vieil ami
Ma main se dirige vers toi
Cherchant à atteindre la divinité
Je t'offre
Mon amour.
Au revoir mon vieil ami
Au pied de ton royaume
Nous ne devenons qu'un
Je t'offre
Ma vie. »
Cette chanson nous montre les pensées de Serizawa, et elles prennent tout leur sens quand on voit le film. Rien à dire, c'est absolument magnifique et très peu commun dans les films d'aujourd'hui.
Pour finir sur les chansons, celle qui marque le générique de fin : Godzilla!
Pour ceux qui ne connaissent pas trop la saga, la chanson peut sembler obscure, voire risible. Pourtant, beaucoup de fan l'aiment. Il s'agit d'un titre chanté par Blue Oyster Cult sorti en 1977. Modernisé et rechanté, les paroles sont très intéressantes :
« Godzilla ! / Godzilla !
Mosura ! / Mothra !
Go ! Go ! Go ! / Allez ! Allez ! Allez !
Godzilla ! / Godzilla !
With a purposeful grimace and a terrible sound / Avec une grimace déterminée et un son terrifiant
He pulls the spitting high-tension wires down. / Il tire les fils électriques grésillant à terre.
Helpless people on subway trains / Les gens sans défense dans le métro
Scream, bug-eyed, as he looks in on them. / Crient, les yeux écarquillés, tandis qu'il les regarde.
Godzilla ! / Godzilla !
Mosura ! / Mothra !
He picks up a bus and he throws it back down / Il attrape un bus et le relance par terre
As he wades through the building toward the center of town / Tandis qu'il traverse les immeubles
[vers le centre de la ville.
Oh no, they say he's got to go / Oh non, ils disent qu'il doit partir
Go, go, Godzilla ! / Allez, allez, Godzilla !
Oh no, there goes Tokyo ! / Oh non, Tokyo est détruite !
(refrain)
History shows again and again / L'histoire nous montre encore et encore
How nature points out the folly of man / Comment la nature pointe du doigt la folie humaine
Godzilla ! / Godzilla !
Sore ! Sore ! Sore ! Sore ! / (interjection japonaise)
(à savoir que la phrase « L'histoire nous montre encore et encore comment la nature pointe du doigt la folie humaine » peut être comprise comme ça : « L'histoire de Godzilla nous montre encore et encore comment la nature pointe du doigt la folie humaine »)
Hormis le fait que la chanson est très entraînante, j'aime beaucoup qu'ils aient rajouté les chœurs qui accompagnaient le thème de Godzilla, tout en leur faisait dire aussi « Mothra ». Mais ce que je préfère, c'est la phrase « L'histoire de Godzilla nous montre encore et encore comment la nature pointe du doigt la folie humaine ». Elle est belle et elle caractérise parfaitement ce qu'est la saga.
II- PERSONNAGES
1) Humains
Dans un film Godzilla, les humains sont souvent difficile à écrire. Il faut garder en tête que les gens veulent voir des Titans et que les humains, on peut les oublier facilement si la partie combats de grosses bestioles est réussie.
Si il y a beaucoup de personnages humains dans Roi des Monstres, dans tous les films Godzilla, ce sont ceux présents ici que je préfère, ou en tout cas que je ne dédaigne pas. En effet, j'ai vu beaucoup de films de la saga, et hormis Serizawa et Emiko dans Gojira, Masako dans Godzilla VS Mothra, Miki dans l'ère Heisei et Gordon dans Godzilla: Final Wars (pour des raisons autres que son acteur et la bonne écriture du personnage), on ne peut pas dire que le personnage soit la plus grande force de la saga, mais elle est une des forces du film ici présent.
Pour commencer, Mark est un personnage relativement touchant et c'est surprenant. En effet, je n'ai jamais beaucoup accroché à Joe dans le premier Godzilla, à la perte de sa femme et tout ce qui s'ensuivait. Je pense que c'est avant tout du à l'acteur. Ici, Kyle Chandler offre une prestation touchante sans pour autant en faire trop. Il est doux, il est poignant, sans aller dans l’excès.
De même, dans la plupart des films de la saga, les personnages et leur développement sont importants. Pourtant, je n'en ai jamais vu d'aussi beau que celui de Mark.
Mark a perdu Andrew lors des attaques de San Francisco. Ainsi, il a commencé à vouer une haine sans limite pour Godzilla, au grand désespoir de certains membres de Monarch. Pourtant, il va être celui qui va donner l'idée de le sauver avec du nucléaire. Après sa résurrection, il regardera Godzilla dans les yeux, et celui-ci fait de même, de façon curieuse et non hostile. Là seulement, Mark comprend que Godzilla n'est pas un démon, mais juste un animal qui essaye de remplir son rôle sur Terre. Il va de nouveau tenter de le sauver avec l'Orca à la fin du film.
Ce que j'aime avec son pardon face à la créature, c'est qu'elle caractérise parfaitement ce que lui explique Serizawa : « Parfois, le seul moyen de guérir nos blessures est de faire la paix avec les démons qui les ont créées ». C'est une magnifique phrase très vraie pour le personnage, et qui donne matière à réfléchir. Comme quoi film de monstre n'est pas toujours égal à film idiot.
Emma est un personnage tout aussi touchant est intéressant. Son postula de base est étrange mais en quelque sorte compréhensible : son fils a été tué lors de la bataille de San Francisco entre Godzilla et les MUTOs. Elle a tenté de comprendre pourquoi il a été tué, a voulu trouver une raison, et en a découvert une. Les Titans sont revenus à la vie parce que nous, humains, détruisons la planète. Ils sont revenus parce qu'on les a réveillé en faisant n'importe quoi. Maintenant qu'ils sont là, ils doivent accomplir leur but qui est de restaurer l'équilibre. Elle veut donc tous les réveiller elle-même afin qu'il n'y ait plus jamais de San Francisco bis.
Ce que j'aime chez elle ? Je crois en son plan. Oui, on détruit la planète, et oui, s'il y avait une solution miracle, j'y croirais dur comme fer. Son personnage n'est pas un antagoniste classique dans le sens où elle ne se prend pas pour Dieu, ne veut pas contrôler la Terre ou tuer toute l'espèce humaine : dans le camp des ''méchants'' Jonah, lui, n'en a que faire que Ghidorah détruise tout, il en est heureux. Dans le camp des ''gentils'', Serizawa croit en la coexistence entre Titans et humains et Chen pense que certains sont bienveillant. Elle est seulement la seule qui y croit complètement et est prête à faire le sacrifice de centaines de vies pour en sauver des millions.
Enfin, son sacrifice final n'est pas là pour nous faire l'apprécier, mais c'est juste une réaction normale de mère protégeant sa fille. Elle veut sauver Madison et donc amène Ghidorah loin d'elle. Il reste tout de même déchirant, le moment où elle murmure « Je suis désolée » à Madison avant de partir reste très beau.
En parlant de Madison, je l'apprécie tout autant. En règle générale, je n'aime pas les enfants dans les films comme ça (les Jurassic Park en sont un bon exemple de pourquoi c'est pas toujours judicieux), mais ici elle a été bien gérée. J'aime principalement ses réactions quasiment normales, comme quand elle a peur des terroristes et que sa mère repousse sa tête en arrière pour ne pas qu'elle voit le carnage : une réaction instinctive pour les deux.
Une réaction moins instinctive, c'est quand elle est face à Ghidorah prête à la tuer et qu'elle se met à hurler face à lui, mais c'est la même chose pour Emma qui est proche de la mort et qui dit « Longue vie au roi », c'est pour le spectacle, pas pour le réalisme. Ce n'est donc clairement pas gênant pour moi.
Par contre, son attitude lors du combat final à Boston est tout aussi réaliste. Elle ne fait que crier, hurler, et ne pense qu'à se réfugier au seul endroit qu'elle connaît, sa maison.
Je ne vais pas plus m'attarder sur le reste des personnages puisqu'ils ne sont pas plus importants que ça, mais certains sont plutôt bons quand d'autres sont vraiment très, très lourds. Il n'y avait pas du tout besoin de mettre de l'humour à la Marvel ici.
Le dernier sur qui je vais m'attarder, c'est Serizawa. Plus développé qu'en 2014, il reste un personnage sage qui croit, tout comme Emma, à la coexistence. Si j'ai d'abord évidemment râlé qu'on tue mon personnage de mon film de 2014, j'ai très vite arrêté de rouspéter là dessus, pour une unique raison : sa mort est magnifique. Que ce soit la musique dont j'ai parlé, la scène, le lien entre lui et Godzilla... Rien à dire. Cette scène est une des meilleures du film, et de la saga.
Enfin, il faut dire que le film est sacrément féministe. Pas un féminisme où on met un personnage principal femme alors que tout le reste n'est qu'homme, non non : les femmes et les hommes ont tous des rôles égaux. Il y a des gentils et des méchants des deux côtés, Emma est un personnage très complexe ni gentil ni méchant, là où Jonah est principalement caractérisé comme méchant mais Serizawa est montré sans réel défaut et Mark gentil avec quelques défauts. Madison est une jeune fille emmenée dans tout ce bazar par sa mère et parvient à sauver quelque peu le monde. Chen est reliée à Mothra, qui est un kaiju tout aussi fort que les autres qui sait se battre.
2) Kaijus
a) Godzilla
Évidemment, il n'y a pas que les personnages humains qui comptent, il y a aussi les kaijus, à commencer par la star du film : Godzilla.
Son développement a été différent de ce qui a été fait dans le premier film. Godzilla existait déjà, son apparence, son cri et sa caractérisation étaient déjà présents.
Maintenant, Dougherty est là est veut amener sa patte sur le Roi des Monstres.
Gardant son apparence de 2014, quelques modifications sont apportées, la plus grande étant le changement de forme de ses épines dorsales. Justifié dans le comic précédant le film, ces dernières ont fondu avant de se recréer pendant un combat contre un MUTO.
Pour beaucoup de fans, les épines dorsales de 2014 paraissaient trop petites. Michael Dougherty, de cet avis, a modifié celles-ci en prenant la forme des épines dorsales de l'animal de 1954, les transposant sur le dos de celui-ci. Le résultat est très joli mais mon cœur penche pour la créature de 2014.
Son cri est toujours le même mais, quelques fois, c'est le cri de 1954 qui est utilisé. Si le choix est joli, je trouve quand même le rendu un peu étrange. Godzilla a toujours évolué, et son cri tout autant. Chaque ère avait le sien et permettait de déterminer de quand datait tel ou tel film. L'ère de Legendary avait son propre cri reconnaissable... qui ne l'est plus trop ici, quand on entend le cri de 1954. Mais tout ça reste du chipotage.
Godzilla se fait ici un peu timide, ce qui n'est pas sans rappeler nombre de ses précédents films. En effet, dans la plupart des films japonais (nonobstant ceux de 1954, 1984 et 2016), Godzilla n'est pas acteur de ses films. Il n'est pas ce sur quoi l'histoire est basée. La plupart du temps, quelque chose attaque la Terre (des aliens ou un nouveau kaiju) et Godzilla se retrouve sur le chemin de cette chose. L'histoire n'est pas centrée sur lui mais sur cette menace même. Ce qui fait que, la plupart du temps, il n'est pas l'élément déclencheur de l'histoire mais une de ses variables.
Ce n'est absolument pas gênant puisque si chaque film devait se concentrer sur Godzilla, la saga ne se serait pas finie sur plus de trente films mais sur deux ou trois. Tous ces films parlent de quelque chose, avec Godzilla en fond.
Cependant, ne pas être l'acteur de son film ne dit pas l'oublier (je me demande encore ce qu'on peut trouver à Destroy All Monsters où Godzilla ne sert à rien, mais alors à rien du tout). Le meilleur exemple pour ça est un de mes préférés de la saga : Godzilla VS Destoroyah. Dans ce film, Destoroyah est la menace principale, mais Godzilla passe d'un simple pion dans le film à un véritable personnage. Il est caractérisé par ses souffrances, son fils et sa mort (dit comme ça, on dirait un film d'espionnage bizarre). Dans Roi des Monstres, c'est tout à fait pareil : Godzilla est caractérisé par sa relation vis-à-vis de Ghidorah, sa ''mort'', Mothra et son titre de roi.
Par conséquent, abordons la caractérisation de Godzilla, puisqu'il s'agit de mon point préféré du film.
En 2014, il était montré comme un animal même si certains personnages l'élevait au rang de « dieu ». Ici, il est largement plus humanisé, ce qui n'est pas pour me déplaire. Comme je l'ai dis plus haut, j'aime quand on montre les forces et les faiblesses de Godzilla, ça permet de vraiment s'y attacher.
Le côté Alpha est encore plus appuyé ici. En effet, en 2014, on nous disait seulement qu'il se battait contre les MUTOs d'abord parce que ce sont des parasites, ensuite pour restaurer un certain équilibre naturel. Ici, le fait qu'il soit une espèce Alpha est beaucoup plus appuyé sur le côté balance naturelle de la vie, avec Ghidorah qui est aussi un rival Alpha, reléguant les MUTOs au simple rôle de parasites. Ça rend sa relation avec Ghidorah plutôt agréable, notamment en sachant qu'il l'a déjà combattu avant.
Mais il y a aussi l'arrivée de l'Orca, qui, mélangée à des sons humains, nous rend nous-même une espèce Alpha rivale. C'est clairement montré dans sa toute première scène, dans l'avant-poste Castle Bravo, où Godzilla est énervé contre l'Orca, avant d'oublier sa présence quand Ghidorah est réveillé.
J'en parle un peu plus en bas mais la relation Godzilla et Mothra est extrêmement belle aussi et permet encore plus de s'attacher à Godzilla, notamment lorsqu'il pleure la phalène géante lorsque cette dernière se sacrifie pour lui.
En bref, le film porte très bien son nom : « Roi des monstres », à comprendre, un Roi qui se bat pour être l'alpha de tous les Titans et restaurer un certain équilibre sur Terre.
Cependant, si j'aime beaucoup le caractère qu'on lui a donné dans le film, c'est principalement parce qu'on lui a donné des faiblesses.
Oh évidemment il en avait aussi dans le film de 2014, quand on entendait ses cris déchirants face aux coups des MUTOs. Ici c'est la même chose : on le sent fatigué, à la fin du film, on le sent énervé par moment (trait appuyé par les personnages humains), mais on le sent aussi triste quand Mothra meurt. C'était la même chose face à la mort de son fils dans le film de 1995, il le pleurait et c'était une des plus belles scènes du film. Du coup, rien à dire là dessus, puisque c'est ça qui nous fait aimer le personnage de ce lézard géant.
Enfin, je me dois d'aborder un gros point qui m'a fait sauter de joie dès la deuxième bande-annonce, puisqu’il était possible de le deviner en la regardant : le nommé Fire Godzilla (Godzilla de feu).
Je l'ai déjà dis, Godzilla VS Destoroyah est un de mes films préférés de la saga. Dans ce film, le costume de Godzilla est appelé Burning Godzilla. Pourquoi ? Tout simplement parce que le lézard géant a quasiment atteint un stade de fusion nucléaire et est constamment en train de brûler. Son corps est en permanence rougeoyant, et le costume est mon apparence préférée de la bête après celle de 2014.
En voyant la bande annonce de Godzilla II donc, on pouvait apercevoir une patte rougeoyante faisant fondre une grue. Rien d'exceptionnel pour les amateurs, mais en le voyant, j'ai un petit peu sauté de joie.
J'ai fais de même au cinéma en voyant la scène. Il ne s'agit pas de l'exacte même situation du film de 1995 mais bien un hommage. Godzilla est proche de la fusion à cause de la bombe nucléaire de Serizawa : Mothra se sacrifie pour lui, et ses cendres permettent de transformer cette réaction nocive en une énergie puissante, qui fait fondre tout ce qui est à sa portée et l'immunise contre les rayons de Ghidorah. Le visuel rougeâtre est pour moi magnifique, puisqu'on a plutôt l'habitude de voir Godzilla en bleu.
Loin de s'arrêter ici, Dougherty fait d'une pierre deux coups : Godzilla peut maintenant lancer des impulsions thermonucléaires. Mais qu'est ce que c'est donc ? Dans très peu de films, Godzilla utilise cette capacité dans des cas très spécifiques, souvent pour un coup de grâce. Il s'agit de son attaque la plus puissante, bien plus que son souffle nucléaire. Elle prend souvent la forme de rayons, mais ici, elle ressemble à une attaque rougeâtre qui porte la marque des ailes de Mothra tout en émettant son cri. Dougherty achève et Ghidorah et les fans en leur permettant d'apprécier, avec des effets spéciaux à l'américaine, des capacités ancestrales de l'animal. Je crois que c'est un des points qui m'a fait vraiment aimer le film, puisque ça montrait que Dougherty était un véritable fan de la franchise et qu'il la respecte énormément. C'est quand j'ai vu ça que j'ai arrêté de faire ma râleuse et que je me suis dis « Ce gars aime ce qu'il fait et il tente de le faire de la meilleure manière possible. Ça se voit, ça se sent. Pourquoi haïr son film ? ». Et ça s'est encore plus démontré avec les autres Titans.
b) Ghidorah
Kaiju plutôt méconnu dans nos contrées, Ghidorah est pourtant le Némésis de Godzilla dans les films japonais.
Apparu pour la première fois en 1964 dans Ghidorah, the Three Headed Monster, son petit nom vient du japonais « hidora » qui signifie hydre. Il provient d'un projet abandonné qui devait donner vie au légendaire Yamata No-Orochi, le dragon à huit têtes. Pour des raisons pratiques, il perd cinq de ses huit têtes et sa coloration arc-en-ciel devient dorée pour le rendre plus majestueux.
Si le premier film où il apparaît porte son nom, il n'en est pas le personnage principal puisque cela reste un film Godzilla. Là est la particularité de Ghidorah : il est l'antagoniste le plus connu et le plus récurant du Roi des Monstres, n'apparaissant que dans les films de ce dernier. Son rôle est quasiment toujours celui d'une créature alien, venue d'une autre planète ou d'une autre dimension, qui saccage la Terre.
Son seul rôle de gentil se trouve dans All Monsters All-out Attack : au départ, Varan devait tenir l'un des rôles de gardien de la Terre, mais les producteurs ont pensé que Ghidorah étaient plus connus et ont remplacé Varan. Son rôle dans le film est donc celui d'un gentil gardien, ce qui dénote énormément face au Godzilla destructeur du film, mais c'est un autre débat.
Dans Roi des Monstres, Dougherty démontre qu'il a parfaitement compris l'héritage de Ghidorah. Son dragon n'a pas droit à une modification d'apparence très conséquente, puisque la Toho a déclaré que Legendary pouvaient faire ce qu'ils voulaient, tant que leur Kaiju était un « dragon à trois têtes avec deux queues, deux pattes et deux ailes », difficile donc d'avoir beaucoup de liberté. Cependant, Les ailes qui n'avaient qu'une articulation s'en voient dotées de trois, ce qui le rapproche des dragon occidentaux, et ses têtes ressemblent beaucoup à celle de Smaug dans le Hobbit. Résultat, Ghidorah est une créature absolument magnifique.
Pour annoncer l'arrivée de ses rayons de gravité, ses cous se colorent, ce qui là encore est repris de Smaug : le résultat est génial et le rendu vraiment beau.
Le fait que le film appelle tout d'abord Ghidorah le « Monstre Zéro » est un clin d’œil à Godzilla : Invasion of Astro-Monsters, puisque dans ce film sorti en 1965, des extra-terrestres donnaient ce nom à Ghidorah.
Le cri original de Ghidorah se constituait de rires accélérés, ce qui donnait une sorte de « bidibidibidi » très rigolo.
Ici, il s'agit de son modifiés de serpents à sonnettes, de pythons et de lions. Le rendu est magistral ! Le côté son de cloche avec deux notes distinctives de l'ancien cri est bien présent, ce qui rappelle les origines aliens de Ghidorah, tout en le rendant plus crédible. Son cri d'Alpha, qu'il lance du haut du volcan, est un des plus beaux sons que j'ai entendu et je suis vraiment heureuse de l'avoir entendue dans une salle de cinéma avec trente enceintes.
Il est tout de même possible d'entendre un petit « bidibidibi » quand Ghidorah arrive à Boston, au loin, ce qui est un clin d’œil plutôt rigolo aux anciens films.
Parlons-en, de ce côté alien : il est parfaitement rendu ici, par ses capacités hors normes.
En effet, il est tout d'abord capable de se régénérer. On le voit évidemment à sa troisième tête qui repousse, mais aussi par moment on peut voir ses blessures se refermer.
Sa simple présence créé un dérèglement de la météo terrienne. Tout d'abord, en se réveillant, on peut voir que les nuages sont anormalement attirés par sa présence. Il créé ensuite une tempête tropicale, puis un tsunami. Arrivé à Washington, son cyclone créé en plus des tornades, des trombes marines et des orages. Quand il est devenu l'Alpha, ces dernières se sont accumulées sur toute la planète : s'il était resté plus longtemps, il aurait pu créer une sorte d'hiver volcanique, plongeant la Terre dans des ténèbres sombres et froides et tuant la plupart des êtres vivants. En bref : il n'appartient pas à la faune de la Terre.
Il peut aussi drainer de l'énergie. A savoir qu'il est la troisième incarnation de Ghidorah à faire ça sur Godzilla.
Il est indépendant à l'oxygène, ce qui lui permet de survivre au Destructeur d'Oxygène lancé par l'armée.
Enfin, et le point le plus important du film : ses trois têtes.
Dans les précédents films, les trois têtes de Ghidorah n'étaient qu'un appairage visuel. Ici, Dougherty a décidé de donner à chaque tête une personnalité, parfaitement visible si on y prête assez attention.
Ainsi, la tête du milieu (Ichi, qui signifie Un) est la tête pensante et dominante. Elle est la plus attentive aussi, étant celle qui écoute le plus souvent l'Orca. Elle semble plaisir à dévorer de l'humain, ayant l'air de sourire ou de grimacer lorsqu'elle le fait.
La tête de droite (Ni, qui veut dire deux) est la plus agressive et obéissante. Lorsque Ichi dévore Graham, Ni tente d'attraper les morceaux de glace qui tombent de la bouche de l'autre tête pour goûter un peu. Les deux têtes ont l'air de parfois se parler, notamment lorsque l'Orca retentit et qu'elles se consultent du regard. Ni est la seule tête qui possède une corne cassée, démontrant ainsi son envie de combattre.
La troisième tête, celle de gauche (San, parfois surnommée Kevin par les fans) est la moins intelligente et la moins agressive. Elle est souvent distraite par ce qui se passe autour d'elle (elle jette un œil aux soldats par terre, en faisant tomber un pour le toucher, lèche les restes de humains calcinés, se cogne dans un building), ne fait rien quand Godzilla combat les autres têtes à un moment, regarde souvent dans la mauvaise direction, et quand les deux autres têtes regardent pour la première fois Godzilla, Ichi lance un cri d'intimidation, Ni semble prêt à passer à l'attaque, tandis que San les regarde l'air de se demander s'ils savent ce qu'ils font. Ichi passe son temps à reprendre San, lui criant dessus ou même attrapant l'autre tête pour la rappeler à l'ordre.
Finalement, le fait de ne pas dépendre d'un costume à permis à l'équipe d'être créatif. Ces trois têtes en sont l'exemple même.
Là où le film diffère un peu de ses prédécesseurs, c'est dans le rôle même de Ghidorah. Dans la saga japonaise, Ghidorah semblait n'être qu'une méchante créature. Ici, il semble plutôt vouloir recréer le monde pour y être plus à l'aise, puisqu'il vient d'une autre planète. De même, sa façon de bouger est plus animalesque, l'équipe s’inspirant de cobra royaux pour faire mouvoir la créature (on peut notamment le voir lorsque, parfois, elle déplace ses cous à la manière de serpent, sur le sol ou dans les airs).
Le tout est un rendu spectaculaire et monte cette incarnation de Ghidorah à l'un de mes kaijus préférés. Le film le met extrêmement bien en valeur et c'est un pur plaisir.
c) Rodan
Si Ghidorah n'était pas un kaiju très connu, Rodan l'est encore moins.
Apparu pour la première fois dans son film solo en 1956, le kaiju est un ptéranodon géant. Utilisant la contraction du mot, il devient Radon, évoquant aussi le mot ''radiation''. Quand le film a été anglicisé, il est devenu Rodan, pour ne pas être confondu avec l'élément du radon.
Dans le film de 1956, il y avait un couple de Rodan, qui étaient des créatures destructrices vivant ensemble. Lorsque le premier Rodan est tué par l'armée japonaise, abattu puis brûlé par la lave d'un volcan, le second préfère se sacrifier avec son compagnon plutôt que de vivre seul.
Il est ensuite apparu pour la première fois dans Ghidorah : The Three Headed-Monster avec Godzilla, avant de devenir un personnage récurant dans la série, étant le seul avec Mothra et Ghidorah à apparaître dans les quatre grandes ères de la saga.
Dougherty a toujours déclaré que son kaiju préféré était Rodan, lui offrant une place de choix dans son film. Sortant d'un volcan qui rappelle ses origines, Rodan est constamment en feu. Son apparence ne diffère pas beaucoup de celles qu'il avait d'habitude, si ce n'est que ses ailes sont plus grandes. Il a été inspiré de nombreux oiseaux de proies tels les faucons, les vautours et les aigles, et on ressent grandement cette inspiration malgré son apparence de ptérosaure.
Ses cris sont des enregistrements de manchots, grues, chouettes, hiboux et vautours, ralentis afin de les faire paraître plus graves.
Rodan n'a pas beaucoup de pouvoirs contrairement aux autres Kaijus, il n'en a qu'un qui revient à chaque fois : il créé des ondes de choc en volant. C'est particulièrement bien montré ici, puisque le village d'Isla de Mara est complètement détruit par le passage du ptéranodon géant.
Enfin, l'avant poste où il se trouve porte le numéro 56, qui fait référence à l'année où il est apparu au cinéma, 1956.
Rodan n'apparait cependant que très peu dans le film, mais ça me suffit quand même pour l'apprécier. Sa course-poursuite avec l'Argo et les avions de chasse est un pur plaisir : que ce soit les plans, les sons, les différentes manœuvres qu'il effectue, tout est excellent et donne une vraie bonne scène d'action. L'idée qui me revient le plus est quand il fait des tonneaux, tuant par là même tous les avions de chasse qui le poursuivait : le plan est absolument superbe et impressionnant.
De même, son combat contre Mothra est terriblement grisant : la façon dont les deux tournoient et virevoltent est impressionnant et démontre une véritable bataille faisant rage entre les deux.
d) Mothra
Il me faut maintenant passer à mon coup de cœur du film. Celle qui m'a fait découvrir la saga japonaise et m'a vraiment donnée envie de la voir. Celle qui m'a fait découvrir les papillons, ces superbes insectes aux couleurs chatoyantes. Celle que j'aime autant que Godzilla : Mothra.
Apparue pour la première fois en 1961 dans le film Mosura, elle est le premier kaiju femelle à voir le jour. Son nom vient de l'anglais ''moth'' qui signifie phalène, mite, mais le son -th n'existant pas au Japon, elle est devenue Mosu, le suffixe -ra étant ajouté à peu près tous les noms de Kaijus.
Elle est le premier Kaiju bienfaisant, ne s'attaquant aux Hommes que parce que ceux-ci ont volé les Shobijin, de petites fées qui l'accompagnent et chantent pour elle, ou parce qu'ils lui ont volé son œuf. Sinon, elle protège la Terre et l'humanité contre différents ennemis.
Elle est le monstre apparu le plus de fois dans la saga Godzilla, avec 11 apparitions à son actif, gagnant par là-même son surnom de Reine des Monstres. Elle n'est l'alliée réelle de Godzilla que dans quatre de ces films, et se sacrifie dans six d’entre eux.
Enfin, elle a la particularité de posséder plusieurs stades : après avoir pondu son œuf, une ou plusieurs chenilles naissent, grandissent, avant de tisser un cocon et devenir un papillon. Ces chenilles sont parfois considérées soit comme Mothra elle-même qui renaît, soit comme une nouvelle génération.
Là encore, Dougherty démontre qu'il a parfaitement compris Mothra.
Lorsqu'on découvre son antre au tout début du film, on peut voir que des humains ont battit ce palais pour elle. Le réalisateur a aussi expliqué que des anciennes civilisations chantaient pour elle, puisqu'ils avaient compris que la musique affectait les Titans (de la même manière que le fait l'Orca). L'avant-poste où elle se situe est le 61, un clin d’œil à son premier film, sorti en 1961.
Quand Mothra naît au tout début du film, elle ne s'attaque aux Hommes que parce que la barrière de confinement qui la retenait tuait des petits insectes, l'énervant par la même occasion. Cependant, loin de tuer les humains, elle se contente de les effrayer ou de les lancer dans sa toile. Seule l'Orca parvient à la calmer.
Quand elle sort de son cocon au milieu du film, on peut très bien apercevoir la forme de ses ocelles, des tâches présentes sur certains animaux, qui représentent des yeux pour faire peur aux prédateurs. Cependant, ici, loin d'intimider les prédateurs, les ocelles permettent de créer une connexion entre elle et Godzilla.
Et là j'en viens au plus gros point qui m'a fait extrêmement plaisir : la relation entre Godzilla et Mothra.
Quand on fait parti des fans de Godzilla, souvent, on peut entendre dire que Godzilla et Mothra forment un couple. C'est une idée plutôt bizarre puisque (outre le fait qu'il s'agit d'un papillon géant et d'un lézard géant) quand les deux ne se combattent pas, ils sont alliés sans pour autant qu'on les voit véritablement œuvrer ensemble, chacun combattant dans son coin. Pourtant les deux kaijus sont souvent vus avec des buts similaires : Godzilla sauvant la Terre, parfois à son insu, et Mothra sauvant l'humanité.
Cependant, si les deux accomplissaient ainsi leurs missions, jamais ils ne se croisaient quand ils étaient alliés, ou alors ils le faisaient sans réellement montrer d'affection l'un pour l'autre, étant des monstres. Les fans en avaient alors pour leurs frais.
Est arrivé Michael Dougherty. Et ma scène préférée du film. Une de mes scènes préférée dans toutes les œuvres que j'ai pu voir.
Mark part de l'avant-poste Castle Bravo pour aller dans un Osprey et tenter de retrouver sa fille. Ghidorah ayant déréglé la météo, il y a un déluge, et tout est sombre. Puis la pluie semble se calmer et une lumière parvient des nuages. La lumière s'agrandit, Mark a de plus en plus de mal à voir, et des cris, presque des pleurs, se font entendre. Puis les nuages s'écartent complètement face à la lumière, la musique explose, et le cri de Mothra se fait entendre tandis qu'on la discerne à peine, auréolée de lumière qu'elle est. La scène est tellement magnifique qu'elle me met les larmes aux yeux.
Cependant il n'y a pas que la scène qui magnifique, mais tout son sous-texte. Mothra et Godzilla sont alliés, ils forment une relation symbiotique entre deux espèces différentes. Étant les deux derniers de leurs espèces respectives, on dirait que leur lien s'est encore plus agrandi. Et lorsque Godzilla, aux portes de la mort, est reparti dans son antre, Mothra est venue demander de l'aide aux seules personnes permettant de l'aider : les humains. Criant pour que Godzilla l'entendre, pleurant pour que les humains la comprenne, elle leur a permis de voir la lumière au milieu de l'obscurité, de voir l'espoir au milieu de l'orage de Ghidorah.
Et c'est pareil à la fin, quand elle est le seul Titan qui résiste à Ghidorah. Blessée et affaiblie, elle grimpe sur Godzilla pour le protéger. Si il y a de la pluie et que Godzilla ruisselle à cause de la météo, on peut très bien voir une larme qui coule de son œil quand il sait que Mothra va faire l'ultime sacrifice pour le sauver. C'est d'une beauté renversante cette relation.
C'est aussi pour ça que j'adore la phrase que dit Barnes : « Donc elle et Godzilla ils ont un truc tous les deux ? C'est pas un peu bizarre ? », puis on nous explique que les relations entre deux espèces sont communes : Dougherty n'a pas seulement donné aux fans la relation entre Godzilla et Mothra, mais il l'a explicitement expliquée pour que tous la perçoive et la comprenne.
Personnellement, je ne savais même pas que cette relation existait au sein des fans. Mais quand je l'ai connue, j'y ai tout de suite adhéré. L'idée peut paraître bizarre, mais expliquée comme elle l'est dans le film, je la prends.
Il n'y a pas que cet aspect là que Dougherty a pris et créé. Mothra est, pour lui, une créature quasi-immortelle : quand elle pond un œuf, elle peut revivre grâce à cet œuf, tel un Phénix.
Si ce n'est pas dit dans le film, le réalisateur l'a confirmé, Mothra a bien pondu un œuf avant son arrivée à Boston. Et on peut le voir dans les crédits, avec un article qui dit qu'un œuf géant à été découvert.
De plus, Mothra a toujours été accompagnée de ses petites fées, les Shobijin, ou le Cosmos (sauf dans le film All Monsters All-Out Attack, pour les mêmes raisons du changement de personnalité de Ghidorah). Ces petites fées chantent des chansons pour la naissance de Mothra, quand elles sont en danger, ou quand elles doivent l'aider. Si chaque chanson diffère selon le film (ma préférée étant Haora Mosura de Rebirth of Mothra III), il y en a une qui revient tout le temps. Appelée sobrement le Mothra Theme, cette chanson a connu certaines variations sans pour autant que la mélodie ne soit modifiée. Les paroles de la chanson sont :
« Mosura ya Mosura / Mothra oh Mothra
Dongan kasakuyan indo muu / Si nous appelions à l'aide
Rusuto uiraandoa, hanba hanbamuyran, randa banunradan / Par delà le temps, la mer, tel une
[vague
Tounjukanraa / Tu viendrais
Kasaku yaanmu / Notre ange gardien »
Si la chanson n'est pas chantée ici, les Shobijin ne sont pas loin. En effet, le Dr Chen possède une jumelle, le Dr Ling, et quand la première montre à Mark une photo de sa famille, on peut voir que sur plusieurs générations, elles ont toutes été des jumelles, et que ses propres nièces en sont. On peut voir aussi que dès que Mothra apparaît, un plan de l'une ou l'autre est montré. Dougherty a expliqué que lorsque Mothra éclot en début de film, elle s'attendait à voir ses prêtresses lui chanter une chanson, au lieu de voir Monarch. Enfin, une scène coupée du film montrait les filles du Dr Ling chanter face à l’œuf de Mothra.
En bref, tout ça nous montre que Dougherty a voulu faire ses propres Shobijin, et l'idée est excellente. Je rêve d'un film qui nous en explique plus sur Mothra et sur son lien avec ses prêtresses, puisque ici tout n'est pas réellement expliqué et il faut plutôt creuser. Mais il y a de l'idée pour le deuxième film d'un univers étendu.
Enfin, c'est du côté du visuel que les choses changent beaucoup. Auparavant, Mothra était une créature pelucheuse, avec une grosse tête, des petites pattes et des petites ailes.
Afin de mieux la faire combattre, l'équipe du film a beaucoup transformé la phalène, pour la faire passer d'un papillon de nuit comme on en connaît bien à un papillon qui s'appelle la saisie, en tout cas au niveau du corps. Ses pattes se voient grandis, avec deux paires longues pour marcher et une paire plus courte sur le devant.
Mais ce sont surtout ses ailes qui se voient largement agrandies, afin de la mettre à la même taille que Rodan. Ainsi, si j'aime beaucoup les anciennes incarnations de Mothra, je trouve que celle-ci est la plus belle, et de loin. Les effets spéciaux permettent en plus de faire bouger ses ailes de façon réaliste, chose vu seulement peu de fois et que dans le film Godzilla : Tokyo SOS. De cette manière, le film la rend beaucoup plus réaliste dans ses mouvements, plus qu'elle ne l'a jamais été.
Pour ses cris, c'est une chose plutôt rigolote qui a été utilisée : des sons de criquets, grillons et autres petits insectes, ralentis afin de leur faire prendre une dimension gigantesque.
Tout ça démontre bien que, oui, Dougherty sait ce qu'il fait et a parfaitement compris qui était Mothra. Que ce soit son apparence, son sacrifice, sa relation avec Godzilla... Tout le monde a reconnu Mothra et qui elle était. Beaucoup ont même enfin compris ce que les fans trouvaient à cette petite créature pelucheuse, moi compris. Ce qui fait que toutes les scènes où elle apparaît sont parmi mes préférées du film, voire du cinéma pour certaines, pour leur beauté, leur musique et leur signification.
e) Les quatre éléments
Les quatre kaijus présents ont tous un point commun : Dougherty les connaît et sait qu'il veut faire plaisir au fan. L'ancienne rivalité en Godzilla et Ghidorah est logique, puisque les godzillas sont d'une espèce Alpha qui tente de faire régner l'ordre sur Terre, alors que Ghidorah est un alien qui tente de remodeler la Terre et peut anéantir toute forme de vie. Mothra est une alliée ancestrale des godzillas et son amitié avec ce Godzilla-ci est magnifique. Enfin, Rodan est plus vu comme un électron libre, n'étant pas une créature Alpha et n'étant pas allié à l'une d'elle, il va là où on l'appelle.
Mis tous les quatre ensemble, ils forment les quatre éléments : Godzilla l'eau, Mothra la terre, Rodan le feu et Ghidorah le ciel.
Ca me rappelle beaucoup les classifications des Kaijus dans All Monsters All-Out Attack : chacun avait un rôle défini qui se démontrait dans le film (Mothra était la déesse de l'eau, Ghidorah le dieu du ciel et Baragon le dieu de la terre).
Ici, Godzilla est défini par l'eau car c'est son élément où il est le mieux : il voyage sans cesse dans les océans, et parvient quasiment à tuer Ghidorah dans la mer. Mothra est associée à la terre et donc à la vie, qui est attirée par elle (comme on peut le voir avec les insectes se dirigeant vers son cocon). Rodan est évidemment le feu, il est fait de lave et vit dans un volcan. Enfin, Ghidorah est maître du ciel, pouvant voler, dérégler la météo et mettre les cieux en furie.
Cependant il y a une autre chose qui les caractérise. Godzilla, de par son nom et le précédent film, est vu comme un Dieu qui restaure l'équilibre naturel. Pour mieux expliquer ça, en anglais, une petite blague est faite avec son nom : « Oh my God...» «...zilla ». Eh oui, Godzilla est un Dieu.
Ainsi, lorsqu'un soldat déclare « Par la Sainte Vierge » devant la présence d'un Ghidorah congelé, Jonah répond « Elle n'a rien à voir avec ça », démontrant ainsi que Ghidorah n'a rien à voir avec un Dieu, il en serait même plutôt l'antithèse. Un Diable donc, venu sur Terre pour anéantir toute forme de vie.
Si Ghidorah est le Diable, Rodan qui est son serviteur serait donc un démon : « Rodan, le démon de feu » d'après Chen.
Enfin, évidemment, Mothra serait un ange. C'est parfaitement démontré dans la scène où elle écarte la tempête du Diable, de Ghidorah, et n'est que lumière : comme un ange.
f) Autres Titans
Si le film met en scène principalement quatre Titans, il en comporte en tout 19 :
Godzilla ;
Mothra ;
Rodan ;
Ghidorah ;
Behemoth : aussi appelé Mapinguary, il tient son nom de la créature biblique ressemblant à un mammouth gigantesque que l'Homme ne peut domestiquer, ou d'un animal légendaire ayant l'apparence d'un paresseux. Mêlant les deux, ce nouveau kaiju inédit est un seuls kaijus mammifères : ayant des pattes de paresseux, le corps et les défenses d'un mammouth, on peut le voir de temps en temps sur certains écrans pendant le film.
Scylla : une créature qui possède six pattes d'insecte, une tête avec de nombreuses tentacules rappelant Cthulhu, et un corps qui ressemble à celui d'une ammonite. Elle peut apparaître de nombreuses fois durant le film, sur des écrans. Son nom vient évidemment de la créature grecque qui gardait la mer des monstres.
Ce n'est jamais dis nulle part mais je trouve qu'elle ressemble énormément aux aliens de Monsters, le premier film de Gareth Edwards : de grandes créatures aux longues pattes avec des tentacules sur la tête.
Methuselah : portant le nom d'une figure biblique connue pour vivre très longtemps, il est plutôt difficile de savoir à quoi il ressemble car il porte sans cesse une montagne sur son dos. Il a été créé dans le but de montrer que les Titans font naturellement parti de la faune.
Reine MUTO : reprise du précédent film car Dougherty aimait beaucoup le design des MUTOs, il voulait aussi montrer que d'autres MUTOs pouvaient être encore en vie dans le monde.
Mokele-Mbembe : il porte le nom d'une cryptique congolaise qui consiste en un dinosaure sauropode. Comme tous ceux qui vont suivre dans cette liste, on ne les verra pas réellement, ou alors de façon très très brève. Ici, on aperçoit très rapidement son avant-poste sur un écran.
Yamata no-orochi : vient de la légende du dragon à huit têtes et huit queues du Japon. Il est aussi celui qui a inspiré Ghidorah. On peut aussi apercevoir son réveil très brièvement.
Sekhmet : une déesse guerrière de la mythologie d'Egypte Ancienne, qui a la forme d'une lionne dont le souffle créé les déserts.
Leviathan : le nom est plus connu dans nos contrées, puisqu'il vient de la créature biblique du même nom, qui est aussi associée à Behemoth. Dans le film, c'est très bref mais on peut apercevoir que son avant-poste est situé en Ecosse, sur le Loch Ness : il est donc directement inspiré de Nessie.
Na Kika : il était le dieu poulpe de la mythologie austronésienne et micronésienne. Il est aussi surnommé le Kraken, du céphalopode géant qui aurait attaqué des navires scandinaves.
Dans le livre, il se réveille suite à l'appel de Ghidorah, puis fait le mort afin de duper les humains et les machines qui le retenaient prisonnier, avant de s'enfuir.
Abaddon : il est, dans la Bible, un ange déchu, parfois vu comme l'ange de la mort ou de la destruction.
Baphomet : le nom est celui du faux Dieu démonique à tête de chèvre vénéré par les anciens Templiers.
Tiamat : d'un mythe un peu plus obscur, elle était la déesse de l'eau dans les mythologies de Mésopotamie. Elle apparaîtra dans un des comics avec comme apparence, celui d'un dragon d'eau.
Typhon : père de Scylla dans la mythologie grecque, il est un serpent géant et une des plus puissantes créatures au monde.