Le gigantisme, des créatures incroyables, un imaginaire riche, voilà ce que Godzilla II : Roi des monstres promettait d’offrir. Successeur d’un premier opus assez intéressant sorti voici cinq ans, et d’un Kong : Skull Island beaucoup plus (trop ?) décomplexé, il vient alimenter cet univers qui se crée et doit préparer le futur affrontement entre le roi des monstres et King Kong. En attendant, j’attendais beaucoup de ce film, et il est temps de voir ce que ça donne.
Après une première bande-annonce accompagnée d’un très bel arrangement du Clair de Lune de Claude Debussy, ce Godzilla II : Roi des monstres s’annonçait plein de belles promesses, auxquelles j’ai été réceptif. Cette atmosphère apocalyptique, ce côté poétique, ces immenses créatures impressionnantes et fascinantes, ça promettait un film de monstres intéressant, capable de produire du spectacle tout en racontant quelque chose derrière. Ici, on se retrouve donc quelques années après les faits racontés dans le premier film il y a 5 ans, qui faisait revenir sur le devant de la scène le légendaire monstre version américaine.
Entre messages sur l’écologie, et l’inquiétude quant à l’avenir de la Terre et de l’humanité, Godzilla II : Roi des monstres reprend les principales thématiques du premier film, à la différence que, cette fois, beaucoup plus de monstres vont s’inviter à la fête. Un bestiaire faisant état de dix-sept « titans », même si seulement quatre d’entre eux vont avoir une réelle place à l’écran, car il faut en laisser aux humains, et c’est bien le problème. Il faut bien que l’humanité ait son mot à dire, le soucis étant que la grande majorité des défauts du film ressortent dans les arcs narratifs liés aux personnages humains. Génériques, pas ou peu intéressants, incapables de générer de l’empathie, parfois énervants, les personnages humains alimentent une intrigue trop prévisible, prenant trop de place dans une histoire où les monstres, bien plus intéressants, manquent. Godzilla II : Roi des monstres devient un fouillis, convenu, lisse, bien loin de ce qu’il laissait pourtant pressentir.
Les monstres restent au cœur des enjeux, mais même sur ce point, le film semble à la peine, notamment lors d’affrontements qui manquent souvent de lisibilité, et avec des scènes d’action beaucoup trop coupées, frénétiques, fatigantes. C’est bien là que pêche principalement ce second opus, dans son manque de maîtrise, et sa difficulté à associer tous les éléments à sa disposition pour faire preuve de fluidité et de percussion. Car, pourtant, il n’est pas dépourvu de beaux moments, notamment avec Mothra, qui se trouve au cœur des rares moments de poésie du film, et qui s’est trouvé être à peu près le seul personnage pour lequel j’avais de l’empathie. En face, Ghidorah, Rodan et, bien sûr, Godzilla, offriront des instants où la démesure sera reine, dans des scènes de pur chaos, mais quand le gigantisme vient stimuler la fascination du spectateur, le mal est déjà fait.
On nous vendait à l’origine quelque chose de poétique et apocalyptique mais c’est souvent désordonné et prévisible. Je n’ai pas envie de crier à la catastrophe, je n’ai pas passé un mauvais moment, mais pas un grand moment non plus, hormis quelques passages avec Mothra et des déchaînements de puissance toujours jouissifs. Le résultat s’avère finalement hélas assez anecdotique, et je peux parler, en ce qui me concerne, de déception. Comme j’ai pu le lire sur une autre critique : c’était mieux avec Debussy.
Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art