"Saraba, tomo yo"

C'est parti pour une critique à chaud, même pas 1h après avoir vu le film.

Je vais être franc, si je n'étais pas un aussi gros fan de la série, j'aurais probablement enlevé 1 point à cette note. Le film m'a déçu.
J'ai vu tous les films Godzilla japonais. Vraiment tous, même les plus obscurs avec Rodan (sans Godzilla) ou Varan. Il se peut donc que je compare beaucoup trop avec ces derniers.

Premier point, je me suis senti relativement trompé par la plupart des critiques d'avant premières que j'avais pu lire avant de voir le film. Beaucoup parlaient du fait que le film corrigeait le plus gros défaut de son prédécesseur, à savoir la faible présence de Godzilla à l'écran. Les critiques disaient les combats plus nombreux, et les monstres plus présents que jamais avec un Godzilla présent dès le début du film.
Alors oui, c'est vrai, mais en fait non. Qu'on soit clair, on a rarement eu droit à autant de mise en scène de kaiju dans un film (même si rien ne détrônera Godzilla Final Wars à ce niveau là).
Mais je m'attendais à plus. Peut-être que je suis très exigeant, mais proportionnellement, je trouve qu'on a presque la même chose que le premier film.
Je m'explique le film est plus long que le précédent. Si les scènes de kaiju sont plus longues et nombreuses, c'est aussi le cas de celles avec les humains. Résultat, les kaijus se font toujours globalement désirés, sachant que certaines scènes avec les humaines sont bieeeeen longues (on y reviendra). Et surtout, on a bien 1/3 du combat final qui est montré en flou dans l'arrière plan des humains en train de fuir, mon Dieu que je déteste ça...
Autre argument, ce film est une suite. Et maintenant qu'on connait bien le gros lézard et qu'on a eu droit à son Origin Story, on attend "beaucoup" plus que dans le premier opus, et pas "un peu" plus.

L'autre gros défaut c'est bien sûr le scénario des humains.
Qu'on se le dise, les humains ont toujours été chiant dans les Godzilla, et ça en est globalement devenu un charme. Mais là, c'est du chiant version Hollywoodien, et pour moi, ça passe mal.
Le scénario se perd dans des histoires relationnelles familiales, puis se dirige vers un message écologique et l'impact humain sur la planète et l'humanité elle-même, puis ça repart vers des éléments scientifiques débiles et incohérents pour revenir sur le sujet familial etc....c'est un vrai foutoir.
Evidemment on retrouve plein de gros clichés des super productions américaines :
- les personnages secondaires qui sont inintéressants et n'ont pas la moindre chance de l'être vu qu'ils ne sont pas développés et n'évoluent pas du tout durant le film (si ils ne meurent pas de façon complètement ridicule, n'est-ce pas Mme La Scientifique ?).
- "Oh zut, je résiste à des tas d'explosions et souffle atomique sans problème, mais je suis coincé dans un tas de câbles au moment où ça craint le plus"
- Les soldats super entraînés qui sont juste là pour se faire tuer.
- Les parents divorcés qui se rejettent mais finissent par se retrouver via la quête commune de retrouver leur enfant disparu (bordel, faut vraiment arrêter avec ça, on le retrouve vraiment dans trop de films...)
- Le méchant qui est vraiment très méchant (bien que pour une fois, je trouve ses motivations un minimum intéressante...c'est de l'éco-terrorisme classique, mais j'aime bien).
- L'humour mal géré. Grosse mention au moment le plus WTF du film où quand quelqu'un demande l'heure à Watanabe, celui-ci répond "L'heure de t'acheter une montre".....pardon ? Mais ça va pas bien dans votre tête ? Alors oui, la réplique est là pour que le héros rebondisse sur le fait que son fils décédé disait souvent la même chose...mais bon sang, en plus d'être horriblement cliché, c'est juste tellement mal amené...ils sont dans un sous marin nucléaire, limite dans une mission suicide, et l'autre te sors ça oklm...m'enfin...
- L'autre élément chiant mais qui fait le charme des Godzilla, c'est les interminables scènes où l'armée bombarde les Kaijus sans que ça ait le moindre effet. Ici, même si l’armée est toujours inutile, on voit quand même bien que les armes font effet sur les monstres, qui sont obligés de se protéger un minimum, voir fuir. J’interprète sûrement beaucoup trop, mais j'ai pas pu m'empêcher d'avoir un rictus et de rejeter ça sur le fait que les Américains peuvent pas s'empêcher de mettre un minimum en valeur l'armée dont ils sont si fier (bonjour, c'est moi, Mr. Cliché)...

Bref, tout ça fait que les scènes humaines sont encore plus chiantes que d'habitude, là où le film de 2014 avait réussi à installer une ambiance thriller assez intéressante et qui tenait plus en haleine (selon moi).

Heureusement, tout n'est pas à jeter dans ce film.
Celui-ci est rempli de fan-service. Mais du bon fan-service. Pas dégoulinant de partout, mais juste assaisonné comme il faut pour faire vibrer les fans comme moi.
Les monstres sont très fidèles. Comme en 2014, les cris sont sensiblement les mêmes que les originaux, mais en légèrement modifiés pour leur donner un côté plus bestial (oui parce que le cri de Gidorah, ça aurait jamais passé pour le public qui connait pas). Au vu de la bande-annonce, j'avais très peur du traitement de Mothra et surtout Rodan, mais au final ils ont bien été gérés.

Le film est bourré de références qui font vraiment plaisir : ils ont gardé le fait que Gidorah est un alien, les Shobijin (les jumelles pour les non initiés) de Mothra sont présentes, ils ont casé Burning Godzilla (même si ils auraient du le garder pour une suite à mon avis) et ils ont fait intervenir le f***ing Oxygen Destroyer => l'arme qui a tué le Godzilla de 1954 et qui ouvre surtout la porte pour introduire dans la suite l'un des adversaires les plus appréciés du Kaiju,

Et surtout, autre super élément qui a monté directement d'1 point la note pour moi: l'utilisation des thèmes originaux de Godzilla et Mothra !! Je sais pas combien ils ont dépensé pour pouvoir les utiliser, mais j'apprécie énormément. J'ai globalement trouvé l'OST du film bon, mais pas sûr que je sois vraiment objectif.

Enfin pour finir, le film ne fait pas que piocher dans les références, et se permet aussi des petites innovations bienvenues.
Outre les quelques kaiju originaux (qui cassent pas trois pattes à un canard), certains éléments ont été ajoutés à la mythologie des monstres, notamment les notions de reproduction (c'est même sous-entendu que Godzilla et Mothra sont "en couple, aussi wtf que ça puisse être, j'aime bien).

Les références bibliques et mythologiques sont également bien fichues. Gidorah est par exemple constamment comparé au diable. Lucifer est un ange déchu tombé du ciel, Gidorah est un alien tombé de l'espace. Les documents crypto-zoologiques du film comparent Gidorah à un dragon qui dans les récits bibliques, est l'incarnation des démons et les ennemis des archanges (souvent dépeints en train de leur trancher la tête). Un des nouveaux Kaijus se nomme Matusalem, et le film a clairement un ton apocalyptique qui donnent encore plus de force à cette notion mythologique et donne un style bien particulier au film.

Enfin dernier élément. Une des scènes fait la jointure parfaite entre le fait de piocher dans la nostalgie et s’approprier un univers à sa façon.
ATTENTION SPOIL :

Je pense à la scène où Watanabe se sacrifie en détonant une ogive nucléaire pour renforcer Godzilla.
Je trouvais la scène ridicule au départ, mais avec du recul, je la trouve magnifique.
Dans le 1er film, le Pr. Serizawa se sacrifie en descendant dans les profondeurs de l'océan pour allumer son invention (l'Oxygen Destroyer, cité plus haut) et tuer Godzilla avec lui.
Ici, on a tout l'inverse. Serizawa (oui, je n'avais pas réalisé qu'il s'agissait du même personnage rebooté dans le MonsterVerse) se sacrifie en utilisant l'arme même qui a donné naissance à Godzilla et le soigner, ironiquement, de l'Oxygen Destroyer.
La symbolique derrière cette scène est vraiment très forte, le tout, appuyée par une magnifique bande son, qui la rend encore plus émouvante.
Mais dommage, au final, peu de gens feront le rapprochement...

FIN DU SPOIL

Bref...je suis déçu du film, mais il n'est pas pour autan un étron (hum comme Skull Island par exemple hum). Il utilise à bon escient tout un tas de références qui relèvent bien le niveau du film et brossent dans le sens du poil les fans comme moi.
Néanmoins, je préfère largement le film de 2014, sûrement parce qu'on avait la découverte d'un nouveau Godzilla, qui transpirait de puissance et de classe (renforcé par ce que tout le monde critiquait du film: la construction lente de son apparition). Ici on connait déjà le Kaiju, et on ne retrouve pas ce charme du 1er opus.
Peut-être que certains apprécieront plus, mais ce ne fut pas mon cas.

PS: Hum...maintenant que j'ai fini cette critique et que j'ai un peu digéré le film, je me demande si j'ai pas été un peu dur et que ça mérite pas un petit 7........on va dire 6,5.