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Pendant que les studios hollywoodiens élaboraient leur univers étendu avec Godzilla comme centre d’intérêt, la Toho (maison mère du plus célèbre des lézards géants), quant à elle, continuait d’exploiter sa star fictive et cette fois-ci par le biais de l’animation. Annonçant en 2018 la diffusion sur Netflix d’une trilogie à la gloire du Roi des Monstres, histoire d’élargir son public et les possibilités que peut offrir un film de kaijus. Et après un an à rugir sur la plateforme de streaming, voilà que cette saga se clôture avec Le Dévoreur de Planètes (The Planet Eater). Et du coup, que pouvons-nous tirer de cet ultime opus ? Finit-il cette aventure futuriste en beauté ? Autant ne pas gâcher le suspense : c’est par l’impression d’avoir assisté à une série « vaine et inutile » que ce conclut cette trilogie, avec ce troisième et dernier film…


Pourtant, ses prédécesseurs laissaient augurer un final d’envergure. Faisons un petit résumé pour se resituer. La Planète des Monstres était loin d’être parfait et ce à cause de plusieurs points. L’animation, principalement, qui pouvait en rebuter plus d’un avec un aspect amateur (malgré un travail apporté au visage des personnages). Mais aussi le fait que ce film se présentait comme une introduction à ce que devait montrer ses successeurs (induisant un réel manque de spectaculaire), au point de ne pas vraiment être considéré comme un film Godzilla (le monstre géant n’apparaissant que trop rarement). Cependant, il avait le mérite de proposer une histoire, avec ses personnages et son univers futuriste. De permettre à la Toho, via le domaine de l’animation, d’explorer de nouveaux horizons à ses films Godzilla qu’elle ne pouvait atteindre avec ses figurants en costumes et ses effets spéciaux bas de gamme. Et surtout d’offrir à sa célébrité reptilienne une image iconique encore plus prononcée qu’auparavant. De par la terreur qui s’en dégage (le passé des personnages, la façon dont ils en parlent, le fait que le décor soit une Terre post-apocalytique où la nature a repris ses droits…), son envergure (le Godzilla le plus grand qu’on ait vu jusque-là) et sa puissance démesurée (cette séquence finale…). Le second, La ville à l’aube du combat, dévoilait les faiblesses de l’entreprise, révélant que l’histoire, tout aussi intéressante soit-elle à ses débuts, ne pouvait pas durer sur trois films. Faisant pour le coup du surplace et trainant un peu trop en longueur. Mais pouvait se vanter de réadapter l’univers des kaijus de la Toho, comme en témoigne l’exploitation surprenante et intelligente de Mechagodzilla. Annonçant au passage la venue de Ghidorah et Mothra pour le troisième film. Et de se finir sur une nouvelle séquence spectaculaire, augurant un dénouement de taille pour Le Dévoreur de Planètes.


Eh bien non ! Tout ce que promettaient ces deux films, vous ne l’aurez pas dans cet ultime épisode. L’histoire travaillée ? Plus que de stagner, elle vire dans un n’importe quoi qui arrive à nous faire dire que « 1h30, c’est long quand même ! ». Le métrage, bien que de courte durée, nous semble beaucoup trop long et ennuyeux. La faute à une dérivation dans un fanatisme religieux qui sort de nulle part (vu que les deux autres volets mettaient en avant l’écologie comme thématique principale), servant de prétexte à l’entrée en scène de Ghidorah et n’ayant aucun sens. Les personnages ? Avec leur intrigue respective n’ayant pas bougé d’un iota depuis La Planète des Monstres, il nous a été difficile de nous attacher à eux et de nous désintéresser totalement de leur sort. Mothra ? La mite géante était annoncée via l’introduction de jumelles au scénario (propres au monstre). Elle ne viendra à l’écran que pour deux secondes, le temps d’une séquence d’hypnose. Excessivement décevant ! Le final spectaculaire ? Sans que l’on sache pourquoi, Le Dévoreur de Planètes est l’épisode le plus mou et fade de cette trilogie d’animation. Hormis une séquence mettant en scène Ghidorah attaquant un vaisseau, le fameux combat tant annoncé (le dragon à trois têtes contre Godzilla) n’a tout simplement aucune ampleur. Pire, les réalisateurs et le scénariste semblent avoir trouvé plus intéressant de centrer le conflit sur deux protagonistes et non sur les titans dévastateurs. La conclusion ? Tous les enjeux qui nous ont été présentés depuis le premier opus se retrouvent absents de ce film et ne trouvent aucun aboutissement, ce dernier se terminant comme si de rien n’était. Par « Godzilla bat Ghidorah, les survivants s’adaptent à cette nouvelle Terre, le héros se suicide. Fin. ». Après plus de trois heures d’attente, il est très rageant de n’avoir rien du tout à nous mettre sous la dent. Comme si ces trois heures n’étaient que du vent, entachant l’aura de ce cher Godzilla.


Et c’est vraiment dommage car il y avait de quoi faire ! D’autant plus que, comme ses prédécesseurs, ce Dévoreur de Planètes possède quelques atouts à ne pas négliger. Comme une émotion beaucoup plus prononcée se traduisant par le choix de certains plans d’animation (le suicide du héros), le doublage des personnages et le fait que le film ose certaines séquences véritablement adultes (le rite d’incarnation de Ghidorah, un personnage féminin qui se dénude, un cauchemar…), se détachant du côté enfantin qu’on pouvait encore ressentir avec le choix de l’animation. Mais là où le long-métrage apporte quelque chose à l’univers de Godzilla, c’est par sa réinterprétation de Ghidorah même. Si le nouveau look du monstre pourra décevoir et rejoindre le manque d’impact du combat final, son aura a été renforcé. Jamais le kaiju n’a été aussi terrifiant, sournois et imprévisible que dans ce film. Comment les réalisateurs y sont parvenus ? Par une relecture de sa « légende » (dieu d’une religion à la limite satanique). Par une introduction en mode séquence horrifique vraiment réussie. Par une musique tendue et lourde, reprenant son rugissement de base ridicule et en faisant une note étonnamment dérangeante. Par ses entrées en scène impressionnantes (dans l’espace, dans l’atmosphère terrestre…). Ghidorah est littéralement la star de ce film, volant la tête d’affiche à Godzilla, c’est pour dire !


Mais le résultat reste le même : Le Dévoreur de Planètes est une bien mauvaise conclusion. Un dénouement qui confirme le côté vain de cette trilogie d’animation qui, pourtant, avait de quoi faire frémir les fans du monstre géant. Mais mise à part un premier film intéressant, les bonnes idées se sont peu à peu effacées derrière des défauts aussi immenses que ses kaijus. Un véritable coup d’épée dans l’eau, qui devrait inciter la Toho de faire mieux que ça à l’avenir. En attendant que la société de production se réveille, il me tarde de découvrir le second film de la Warner qui sortir d’ici quelques mois. Blockbuster hollywoodien qui, aux vues de ses bandes-annonces, promet un spectacle ahurissant et visuellement magnifique. De quoi faire oublier cette trilogie d’animation finalement anecdotique.


Critique sur le site https://lecinedeseb.blogspot.com/2019/01/godzilla-le-devoreur-de-planetes.html

Créée

le 31 janv. 2019

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