"La longévité de la saga du lézard radioactif géant gonfle encore et toujours. Qu’y a-t-il encore de fascinant pour ces films de monstre, qui mêlent intimement les codes du film catastrophe à son ADN ? Pourquoi est-ce que Godzilla, grand monument de la Toho et de la pop culture, semble immortel à l’écran ? La réponse est dans Godzilla Minus One, qui ne risque pas de décevoir les fans de kaiju eiga et de sensations fortes dans ce portrait du Japon d’après-guerre."
"Pour Takashi Yamazaki, ce Godzilla Minus One constitue un souffle libérateur, car le nombre d’œuvres embarrassantes qu’il a réalisées auparavant ne manquent pas (Space Battleship, Lupin III : The First). Tout laisse cependant croire que cette nouvelle altération du roi des monstres peut fièrement marcher dans le sillage de Shin Godzilla et il piétine sans peine les blockbusters hollywoodiens de ces dernières années, pour seulement 15 millions de dollars de budget. Qu’on ne s’y trompe pas, on peut reconnaître de nombreux défauts d’écriture chez le cinéaste, mais en aucun cas le manque flagrant de générosité époustouflante est à pointer du doigt. Ce qui est largement suffisant pour éclipser les faiblesses de ce pur objet de divertissement."
"Takashi Yamazaki remet les cartes de l’avenir dans les mains de ces citoyens et soldats survivants qui ont tout perdu, jusqu’à leur honneur. Et malgré le sacrifice et les regrets de chacun, tout ce beau monde est appelé sur le front d’une nouvelle menace inconnue, au large des côtes nippones. La guerre ne semble pas terminée et Godzilla est de retour pour un grand terrassement. [...] Yamazaki en appelle également à un mélodrame qui n’est certainement pas avare en bons sentiments, même s’il manque encore de finesse dans l’écriture des personnages pour parfaire la tragédie humaine qui se joue devant nous. Pas non plus question de rester de marbre face à un deuil national qui se rejoue l’écran, car l’étrange et la poignante complicité entre Kōichi, Noriko et un enfant a tout le potentiel de vous émouvoir le temps de belles promesses. Puis, dans un silence ou dans une impulsion musicale méticuleusement composée par Naoki Sato, l’émotion est formidablement accompagnée, jusque dans la réutilisation du thème mythique d’Akira Ifukube.
"Rares sont ceux qui ont pu se rendre dans les quelques salles combles d’IMAX et de 4DX, uniques points de chute pour accueillir Godzilla Minus One, les 7 et 8 décembre 2023. Bien qu’une grande partie de l’intrigue puisse sembler programmatique, cela n’enlève en rien les sensations exceptionnelles que peuvent générer un tel spectacle, audacieux, tonique, solidaire et inoubliable. On se laisse volontiers marcher dessus par des blockbusters aussi généreux et sincères que celui-ci. Et dans le fond, les spectateurs ne demandent que ça. Il nous tarde déjà de retrouver Godzilla au sommet de son trône, reconquis avec ferveur. Longue vie au Roi des Monstres."
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