Retour vers le futur

Avec ce troisième long métrage de l’ère Heisei (reboot de la saga durant les années 80), Godzilla contre King Ghidorah (1991) tente de revenir aux origines du célèbre Kaiju. Mieux encore, la narration biscornue du film tente à son tour de traiter le thème du voyage temporel.

Sur les terres de James Cameron et Robert Zemeckis

Godzilla contre King Ghidorah entreprend donc l’absurde idée de singer James Cameron et Robert Zemeckis sur leur terrain : celui du voyage dans le temps. Le voyage dans le temps est de nos jours un thème récurrent dans le monde du cinéma, et malgré tout il est souvent sujet à tout un tas de bizarreries et d’incohérences s’il n’est pas employé correctement. Utiliser le voyage dans le temps nécessite donc un certain savoir-faire. Au sein des œuvres qui maîtrisent ce thème on citera notamment des films comme Terminator, Retour vers le futur, ou encore pour citer une œuvre moins connue et populaire, Prédestination.

A l’inverse, sans un minimum d’organisation le voyage dans le temps peut rapidement devenir le meilleur moyen pour rendre une narration déjà bancale très tortueuse. C’est le cas dernièrement de Avengers Endgame qui s’est lui aussi attelé au voyage temporel en s’emmêlant les pinceaux dans sa propre intrigue et son univers. Toutefois, et contrairement aux idées reçues, Godzilla contre King Ghidorah maîtrise étonnamment le thème du voyage dans le temps.

Godzilla contre le temps

Au fil des films, plusieurs moyens sont mis en place afin de combattre et vaincre Godzilla. Comme suscité, la nouvelle méthode à la mode pour venir à bout du roi des monstres n’est autre que le temps. Les humains obtiennent donc la possibilité de voyager à travers le temps et se rendent quelques instants avant la naissance de Godzilla. L’occasion de raconter d’une autre manière les origines du célèbre monstre qui est ici un dinosaure qui mutera sous les radiations émises par la bombe H. Évidemment, l’objectif est de supprimer Godzilla avant qu’il ne devienne le Dieu vivant qui terrorisera tout le Japon. Si le concept peut faire peur, il est pourtant maîtrisé. Le film reprend les bases simples du voyage temporel où une action du passé modifie les événements du présent une fois de retour à la bonne époque.

Les changements opérés sont aussi l’occasion de démontrer qu’une fois encore, lutter contre le temps et modifier la temporalité d’un événement engendre une réaction du temps lui-même. C’est ainsi que le film change également les origines de King Ghidorah. Ennemi emblématique de Godzilla, le monstre extraterrestre intervient dans une réalité où il a pris la place de Godzilla. Le résultat est de se rendre compte du monde tel qu’il est sous l’emprise de King Ghidorah plutôt que celle de Godzilla. Mieux encore, le film tente également de prouver que certaines choses ne peuvent définitivement pas être modifiées, même au moyen d’une arme ultime comme le voyage dans le temps.

Conclusion

En somme, Godzilla contre King Ghidorah est étonnamment un film qui maîtrise son sujet. Celui-ci traite son thème sur le temps de la même manière qu’un Terminator de James Cameron avec toutefois, avons-le, un savoir-faire moindre mais loin d’être honteux.

En tant que nanar assumé, le film fera sans doute rire plus d’une fois. Cependant, le thème du film permet de revisiter les origines de deux monstres emblématiques du l’ère Kaiju Eiga tout en offrant un combat titanesque entre Godzilla et King Ghidorah.