[Attention spoilers, mais est ce que c'est vraiment grave, surtout quand le film les rend clairement évidents dès les premières scènes ?]


Par où commencer ?


Se lancer dans le visionnage d'un film de monstres, c'est signer un contrat tacite avec ce dernier, stipulant que l'on accepte de faire preuve de suspension d'incrédulité. Le bullshit est forcément de rigueur, et c'est même parfois ce qui fait tout le charme du genre - un bon exemple de ceci est The Monolith Monsters de 1957, qui s'en sort vraiment bien sur un concept pourtant complétement idiot à base de cailloux géants.


Je partais dans Godzilla vs. Kong avec cet état d'esprit, ayant aimé jusqu'alors les œuvres du Monsterverse, qui m'avaient toujours fourni ce que j'en attendais : des gros monstres qui se foutent sur la gueule dans une orgie pyrotechnique, le tout emballé par un scénario sinon intelligent, au moins cohérent. Ça partait plutôt bien, surtout avec le premier combat en mer entre nos deux titans préférés, qui envoie sérieusement du lourd. C'est cependant quand le film a voulu me faire croire qu'on pouvait passer par des vortex à la Star Trek sous la surface pour rejoindre le centre de la Terre que j'ai commencé à comprendre qu'on me prenait un tout petit peu pour un con.


Qu'on prétende que la Terre est creuse et abrite tout un écosystème muto-préhistorique passe encore, c'était, après tout, la base d'un des chefs-d’œuvre de Jules Verne. Mais qu'on y ajoute carrément des portails spatio-temporels, c'est un peu gros ; et ce n'est plus que connerie sur connerie à partir de là. Personnages humains inutiles, lien télépathique miraculeusement créé par des restes de Ghidorah, échantillons de matière envoyés par DropBox et sortis par une imprimante 3D dix minutes après, j'en passe et des meilleures. Honnêtement, c'est le film Godzilla le plus débile que j'aie vu, et c'est en prenant en compte tous ceux où des acteurs en costumes en caoutchouc se chamaillent dans des décors en polystyrène. Ajoutons l'insulte à l'injure en donnant le nom de Serizawa, meilleur personnage des films précédents et héros tragique du Godzilla de 1954, à un méchant de dernière zone qui meurt électrocuté comme une vieille merde en n'ayant rien fait du film.


Godzilla vs Kong ne respecte même pas sa propre mythologie, et jette par la fenêtre tous les autres titans qui avaient été introduits dans les précédents opus (Rodan en tête de liste). Le générique de fin de Godzilla 2 nous avait vendu un battle royale avec la horde menée par le dieu lézard se dirigeant vers Skull Island - il n'aura jamais lieu. À défaut, on se tape un Mechagodzilla un peu miteux littéralement animé par la magie du Saint-Esprit, contre lequel les deux protagonistes vont évidemment se liguer parce que les blockbusters modernes ne peuvent pas se permettre de tuer l'un ou l'autre, comme c'était déjà le cas dans Batman v Superman.


Il y a pourtant quelques très bonnes scènes parsemées çà et là au cours du film, et les combats en sont vraiment le point d'orgue en offrant du très grand spectacle. Malheureusement, le premier est le meilleur, et la qualité ne fait que baisser - malgré quelques plans phénoménaux dans la dernière partie du film, avec Kong sautant d'immeuble en immeuble à Hong Kong pour éviter le souffle atomique de Godzilla - jusqu'à une bataille finale un peu bancale qui ne se conclut pas sur le sentiment triomphal qu'elle aurait dû laisser.


C'est assez pour que la note ne soit pas plus basse, mais clairement pas pour qu'elle passe au dessus de la moyenne, même pour moi. Au moins, on aura toujours l'original de 1962 pour se consoler...


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le 4 avr. 2021

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