Et de quatre pour l'ère Heisei. Sorti en 1992, soit à peine un an après la sortie du précédent, le film souffre de ce très court laps de temps. Mais ça ne suffisait pas, il a fallu faire revenir un des monstres que j'apprécie le moins de la franchise, le bien-nommé Mothra, et bien entendu... les jumelles lilliputiennes qui l'accompagnent.
Inévitablement, des thématiques écologiques sont de retour avec elles, ce qui n'est pas plus mal, d'autant que c'est pas si mal abordé.
Las, le film va immanquablement pâtir de tous ces éléments qui, combinés, ont rendu mon expérience sacrément moins appréciable que lors des trois premiers Heisei.
Je vais me répéter une fois encore mais les larves, elles me font péter de rire tant je n'y crois pas une seule seconde. Je vais essayer de ne pas trop m'étaler dessus, j'en ai déjà suffisamment dit sur ces dernières et tout ce qui y est lié de près.
Après avoir saupoudré beaucoup de ses films avec une touche 007, la franchise pioche cette fois-ci dans la série Indiana Jones. Rien de bien méchant, mais ce n'est pas constant et c'est presque dommage.
Les scènes de panique et de destruction sont toujours assez convaincantes bien qu'en deçà des trois autres Heisei. Les miniatures, les incrustations, les explosions, les décors, etc, tout reste plutôt sympathique à mater. Malheureusement on se retrouve un peu vite sur des terrains bien simples à base de forêts et collines. Reste quelques plans sympas notamment quand Mothra est dans son cocon, adossée à une tour, et globalement dès que ça se passe en ville c'est plutôt cool à mater.
C'est dommage car sur le reste ce n'est pas fameux, notamment coté histoire.
Hormis le coup d'exploiter les jumelles par une corporation pointée du doigt à cause des répercutions de son action sur la Terre et auprès de laquelle ces jumelles avaient été amenées pour très justement les dénoncer, on file droit dans de la soupe classique de l'ère Showa.
Coté monstres, les plans de loin sont concluants, mais de près l'animation des larves comme des papillons laisse à désirer. Les papillons en particulier souffrent de la même raideur que King Ghidorah et que la quasi totalité des monstres volants de la franchise. Le design de Battra le désigne vraiment comme un méchant, pourtant ça ne sera pas totalement le cas. La poésie qui entoure Mothra ne me fait pas beaucoup d'effets, résultat c'est un couple de monstres bien peu intéressant à mon goût. Ça, plus un Godzilla qui se fait parfois victime par des choses que je suis incapable de prendre au sérieux, et c'est naturellement un résultat moins convaincant qui se présente à mes yeux qu'avant.
Avec une Mothra méchante prête à tout pour sauver les jumelles lilliputiennes, pis qui devient gentille quand ces mêmes jumelles lui disent que c'est pas bien d'être méchant et que c'est mieux d'être gentil, pis qui redevient méchante parce que le méchant gouvernement a décidé de l'éclater quand même de missiles, alors elle se couvre de toiles pour se transformer en pis là t'as Godzilla qui ressort des tréfonds de la fracture volcanique ET du scénario dans lesquelles il avait sombré pour lancer le dernier acte dans un grand cri de rage, c'est du pur miel, un délice.
La fin vire d'ailleurs à du pur Showa cheapos.
Et les jumelles chantent beaucoup trop, puisque une fois encore c'est leur façon de glorifier Mothra ou de l'appeler et qu'elles le font À CHAQUE FOIS.
Et ce rythme bon sang, on voit bien que le film a été trop rapidement lancé vu qu'il est aussi rushé qu'un mauvais porno et aussi bien monté que le premier Justice League.
Ce film fait de tels grands écarts entre ses bons et mauvais aspects que le visionnage était quand même laborieux, d'autant que comme raconté plus haut on se tape un plot d'une finesse sans égal.
D'ailleurs il sent quand même davantage le film de Mothra qu'un film avec Mothra. Et la raison est toute conne : c'est parce qu'à l'origine c'était un projet de film Mothra, auquel on a greffé Godzilla par opportunisme. Et faut croire que ça a fonctionné puisque le film avait cartonné au Japon, réalisant la meilleure performance au BO de l'année là-bas, juste après Jurassic Park.
Après deux épisodes pourtant très prometteurs, il a suffit de deux films supplémentaires pour que la franchise se rapproche dangereusement des défauts qui avaient coulé l'ère Showa, malgré l'aspect technique amélioré grâce au passage à une nouvelle époque et des budgets pas totalement misérables.