Divertissant et un brin réfléchit. Why not !
Indéniablement, Kazuaki Kiriya est un réalisateur qui a beaucoup de choses à dire. Mais cela lui a causé bien des tords avec son premier film, le soporiphique (quoique très joli) Casshern !
Du coup il recidive avec Goemon après avoir visiblement digéré son premier essai.
Ainsi, Goemon est un film épique à la japonaise avec son héros marginal qui s'en va combattre les forces du mal (représentées ici par les grandes puissances qui dirigent le pays)
Il est donc tout à fait normal que l'on retrouve dans Goemon tous les archétypes du genre : le méchant despote, des hommes de l'ombre sans états d'âme, le tout saupoudré d'un amour impossible et d'une intrigue de cour (qui, pour le coup, est rudement bien menée !)
Quoique souvent un peu trop bavard (chassez le naturel...), cette fois Kiriya parvient à jongler plus habilement avec les scènes de baston qui sont de toute beauté !
Comme pour Casshern, les images de synthèse ont la part belle, et même s'il en abuse souvent trop, le tout donne au film une allure de manga qui n'est pas pour me déplaire. Mais là où le tout-numérique trouve un réel intérêt c'est bien dans les scènes de combats dantesques, en particulier la scène finale tout simplement sublime.
Dans ces scènes, le sang est presque un protagoniste à part entière : il ne s'agit pas ici de simples giclées de sang esthétiques, mais cela va plus loin. Ainsi, à chaque figurant que Goemon tue, une trainée de sang balafre sa joue comme pour rappeler au spectateur que celui qui tient une arme verra son corps souillé. Et Goemon le sait très bien car son histoire est ponctuée par le fameux discours sur la légitimité de la vengeance. Morale sur-exploitée dans le cinéma japonais mais qui passe très bien dans la candeur ambiante de ce film. Ce thème trouvera d'ailleurs dans le récit une conclusion très intéressante et moins racoleuse que ce à quoi on aurait pu s'attendre.
Pour finir sur les discours qui ponctuent Goemon, on ne peut que remarquer qu'en adaptant la légende de ce Robin des bois Japonais, Kiriya se sert de cet univers pour en faire une parabole de notre société actuelle où les grandes puissances s'enrichissent en appauvrissant les classes plus modestes. Encore une fois, le propos est très naïf mais le tout passe très bien dans l'ambiance générale du film.
Pour finir, on notera que le personnage de Goemon est doublé par la voix francaise de Johnny Depp, c'était la moindre des choses tellement le personnage fait penser au début du film à un espèce de Jack Sparrow du XVIeme siècle ! Un élément plaisant qui contrebalance avec l'univers pesant du film. Malheureusement, à mesure que le réalisateur nous lâche des informations sur le passé lugubre du héros, celui-ci perd de son aspect partagé entre cabotinage et mélancolie, pour finalement devenir très sombre et passablement ennuyeux.
M'enfin, le film vaut le coup ! Mais tachez juste d'avoir fait une bonne nuit auparavant, au risque de décrocher très rapidement.