Dans la lignée de Twillight Zone et Au-Delà Du Réel, la nouvelle créature titubante de Charlie Brooker&co nous plonge dans un mélange de sordide, d'horreur et de science-fiction. Mais à la différence de ses illustres prédécesseurs, Black Mirror a une cible en tête, et une seule. Cette cible comme le nom de la série l'indique, c'est cet écran, qu'il serve à diffuser des programmes télévisés ou à charger des pages web. Un miroir qui, même s'il est rétro-éclairé, ne réfléchi que l'obscurité et ne nous guide certainement pas vers la lumière.
Alors, la nouvelle série des créateurs de Dead Set serait donc une satyre de la télévision ou bien rien d'autre qu'une nouvelle série gentiment subversive ? Ou peut-être même un peu des deux ?
Au fil de ses trois épisodes, Black Mirror impose donc un constat navrant sur les influences réciproques qui existent entre l'information (au sens large) et la population (vous, nous, tout le monde quoi).
Ainsi le premier épisode met en scène l'influence que possède la population sur les médias. Et comment cette influence peut altérer les actes des symboles qui nous gouvernent. Les scénaristes mettent aussi l'accent sur ce canal d'information émergeant qu'est devenu internet et de l'impact qu'il a aujourd'hui sur la gestion de l'information.
Même si le message est de temps à autre lourdaud, il faut avouer qu'une mise en scène au poil, des acteurs convaincants et des raccourcis très souvent évités donnent naissance à un premier épisode pile comme il faut. Ni plus, ni moins.
Le second épisode traite de l'attraction inverse en projetant dans un futur d'anticipation sa réflexion sur l'influence du petit écran sur la masse.
Malgré une dernière partie relativement inattendue, Brooker et son équipe se contentent de défoncer des portes ouvertes.
Dans le dernier épisode, le rapport malsain qui unis l'homme et l'information devient plus subtile : l'homme devient l'information. Cet épisode traite de notre rapport à l'image, comment elle s'insinue dans notre vie privée, comment nous la gérons. Le constat semble clair : notre culte de l'image pourrait bien devenir une obsession et petit à petit détruire notre libre arbitre.
Cet épisode, en plus d'être particulièrement subtil et original, est très certainement le meilleur des trois tant il ouvre au débat.
Alors oui, Charlie Brooker est un petit malin qui diffuse son pamphlet contre l'image et les médias CARRÉMENT à la télévision. Ouhlala que c'est audacieux !
Mais en faisant cela il me fait penser aux personnages de son second épisode qui, en croyant changer le système, finissent absorbés par ce dernier. Ou alors Brooker était conscient de ce mécanisme anthropophage en proposant son bébé aux décideurs de Channel 4...
Comme quoi, un brin de naïveté ou un soupçon d'opportunisme donnent parfois naissance à de bons divertissements. Mais ne cherchez pas ici d'hymne révolutionnaire, voyons, ne soyez pas si candides !
Cette année encore, la menace ne viendra pas de l'intérieur...
Mise à part cela, avec Black Mirror les nostalgiques des séries citées au début de cette critique en auront pour leur argent et devraient caresser l'espoir de voir un jour une seconde saison.
J'avoue en faire partie.
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