Ce film illustre à la perfection l'idée selon laquelle notre perception des films varie énormément selon l'époque où on les voit.
Étant plutôt fan de la série des James Bond, j'ai toujours eu une grande indulgence envers certains des films qui la composent. Découvert en salle à sa sortie, ce film m'avait tout de suite emballé : de l'action parfois spectaculaire, des rapports tendus avec M., une certaine innovation (toute relative, certes) dans le propos, etc.
Mais le revoir de nos jours, le mesurer à l'aune de ce qu'est devenu Bond sous les traits de Craig, cela permet de remettre les choses à leur place.
Dans Goldeneye, il y a quand même pas mal de choses vraiment mal foutues. Et ça commence par les scènes d'action, lentes, poussives et complètement tirées par les cheveux. La scène d'ouverture, en pré-générique, en donne un merveilleux exemple : de l'action pas crédible un instant, avec les bombes qui explosent juste quand il faut et là où il faut, les invraisemblables retournements de situation, les méchants qui roulent dans les escaliers, etc.
Autre scène dont le ridicule m'est apparu subitement : l'attaque contre la station russe. Le général Gros-Pif qui arrive, il tue tout le monde et s'empare de Goldeneye. Certes, rien à redire de ce côté là. Mais la rescapée ? Celle qui, comme par hasard, se faisait un café bien tranquille quand les méchants sont arrivés ? Celle qui échappe vingt fois à la mort en deux minutes ? Celle qui se cache sous l'escalier lorsque la station part en miette autour d'elle ?
Oh, et puis, j'oubliais encore : arrêtez, s'il vous plaît, le coup de "je saute par terre au moment de l'explosion". C'est pathétique.
Mais, voyez-vous, je suis incorrigible. Un indécrottable optimiste. Malgré tous ses défauts, j'apprécie quand même ce film. Ou plutôt, certaines scènes.
J'apprécie ce film pour Judi Dench, actrice pour laquelle j'ai de plus en plus d'admiration. Son passage (trop bref) dans le rôle de M. marque la série d'une façon indélébile.
J'apprécie ce film pour Joe Don Baker, son franc-parler, son manque de classe à l'Américaine et sa façon de réparer les voitures russes à coups de maillet.
J'apprécie ce film pour la course-poursuite en char.
J'apprécie ce film pour Sean Bean.
Et surtout, plus que tout (parce que c'est toujours la première image qui me vient en tête en parlant de Goldeneye), j'apprécie ce film pour l'hallucinant personnage de Xenia Onatopp, tueuse sado-masochiste qui prend autant son pied lorsqu'elle assassine que lorsqu'elle se fait tuer.
Alors, ça se conclue par un petit -1 quand même, parce que faut pas déconner. Et puis, je ne vais pas le revoir tout de suite, non plus.