Pour mon premier James Bond vu au cinéma dans une petite ville de province j'avais eu de la chance, j'étais tombé d'emblée sur le meilleur. Revu avec la peur d'être déçu 35 ans après sur grand écran car les îles de rêve, les voitures de luxe et les belles filles ou le décor de Fort Knox (camp militaire du Kentucky pour ceux qui seraient tentés par le braquage) ne s'apprécient bien que sur grand écran, le même plaisir s'est manifesté.
Ce serait un peu vain d'énumérer tous les gadgets de l'Aston Martin DB5 tel l'ancêtre du GPS (plutôt sommaire), les innovations technologiques telle la découpe laser de métaux qui menace de découper James Bond en deux ou les trouvailles plus farfelues comme le bowler hat décapiteur. Ces plaisirs techniques ne doivent pas faire oublier que les personnages sont particulièrement bien fouillés.
Le film repose en grande partie sur le charisme de James Bond, avec celui qui restera James Bond pour l'éternité, Sean Connery bien sûr, celui qui est le père d'Harrison Ford dans Indiana Jones et la dernière croisade* et le mari d'Aretha Franklin dans le civil.
Passons ensuite au rôle titre : Auric Goldfinger : il faut remarquer que le personnage du méchant interprété par Gert Froebe n'est pas simplement poussé par la soif de l'or mentionnée par Virgile dans l'Enéide (Auri sacra fames), il est aussi guidé par la soif de gloire (obtenir le prix Nobel de criminalité) et la soif de pouvoir. Il est donc très humain et comme on dit aux Etats-Unis il « pèserait beaucoup en dollars». Et pour approfondir un peu il serait à l'heure actuelle, dans notre monde réel, médiatisé, admiré, vénéré et pourrait même accéder aux plus hautes fonctions politiques aux Etats-Unis ou ailleurs.
Le personnage de Pussy Galore ( jouée par Honor Blackman ) est fort et complexe. Méchante par vénalité féminine au départ, chef d'une escadrille exclusivement féminine lâchant des gaz létaux sur Fort Knox, puis amoureuse éperdue de James Bond pour terminer. A noter que la James Bond Girl dévêtue revêtue d'or n'est pas Pussy Galore. C'est Shirley Eaton qui joue le rôle (trop court) qui a tant fait pour la renommée du film. Je ne voudrais surtout pas oublier de mentionner la voix de Shirley Bassey et les cuivres puissants du générique qui pourraient cacher un film brillant par les détails, par l'action et par l'intrigue.