Inspirateur possible de très futur Jack l’éventreur, un assassin particulièrement sauvage, dit le Golem, massacre ses victimes sans qu’aucun compréhensible lien ne semble les lier ou motiver le coupable. Les investigations de l’enquêteur le conduisent à suspecter un homme récemment mort empoisonné par sa femme dans une autre affaire de meurtre. Entre la prison et la cour d’assise, celle-ci va bientôt devenir une partenaire privilégiée pour résoudre l’affaire du Golem.
Ce policier, captivant, étonnant et parfaitement mené dans son suspense et ses rebondissements, nous entraine dans le Londres glauque, crasse et misérable de 1880, et surtout dans une étude psycho-sociologique pertinente des différents personnages, enquêteur compris, et révélatrice pour l’enquête. Evoluant dans les cadres du théâtre, du music-hall, des victimes du misérabilisme et des écrivains, l’accent psychologique nous plonge particulièrement dans des profils dominants et récurrents, accès sur l’exigence de reconnaissance et d’identité : homosexualité, vanité des sauveurs de jeunes filles en détresse, créateurs artistiques, talentueux comme ratés, revanche sociale de ceux qui sortent du ruisseau.
Revendiquant le parti pris de visualiser les hypothèses criminelles avec les visages de ceux que soupçonne le policier, la mise en scène nous manipule tout autant que le machiavélique et insaisissable monstre de l’histoire, jusqu’à un final aussi lourd et sentencieux pour l’intrigue que dans les conséquences intimes des personnages.