Ce film m'a impressionné, impressionné dans le sens où j'étais en totale immersion dans le film alors que le cinéaste met volontairement une distance entre son film et le spectateur.
Gomorra apparaît comme un mix entre documentaire, film choral et film sur le crime organisé. Or force est de constater que le mythe du gangster est ici totalement détruit pour laisser place à un film dur et d'un réalisme froid sans jamais tomber dans la surenchère ni dans la dénonciation. Au contraire, Garrone reste dans l'observation de la Camorra. A la manière d'un reporter il y observe les mécanismes, le terrain, les actes sans pour autant délaisser le côté fiction.
On y suit les destins croisés de plusieurs personnages n'ayant aucun rapport entre eux si ce n'est d'être embarqué dans la spirale du crime. Les personnages qui m'ont le plus marqué restent les deux potes se prenant pour Tony Montana, c'est l'illustration-même du côté trop glorifiant que la majorité des personnes imaginent de la mafia alors que la réalité est toute autre. Ce film m'a vraiment oppressé, je ne sais pas vous mais moi je craignais le coup de feu à chaque instant, j'étais vraiment plongé dans l'ambiance.
La mise en scène de Garrone est intéressante. Celui-ci offre une forme extrêmement épurée et pourtant si belle... La photographie est à tomber et la réalisation est excellente. Les personnages, les décors sont sans artifice aucun poussant le réalisme à l'extrème.
Ce film n'a pas volé son grand prix à Cannes en 2008 tant il fait preuve d'une grande intelligence sur tous les niveaux. Ce côté aride et anti-spectaculaire sert le propos avec brio, la mafia est démystifiée pour mieux nous en dresser le portrait sans concession, ce qui correspond à sa véritable image. Un film coup de poing!