Dans la chambre d’Allan, le « beau ténébreux » de l’hôtel des Vagues, on pénètre, raconte Julien Gracq, comme on transgresse un interdit. Le locataire des lieux est absent, tout est calme, rien ne frappe le regard. Mais on entre la sur la pointe des pieds, comme si une révélation était tapis entre les murs. Un sentiment analogue, celui de frôler un secret, frappe de prime abord le spectateur, qui entre dans Gone et dans les forêts épaisses et compactes de Suède comme on entrerait par effraction dans une nature tumultueuse et inquiétante, celle d’un peintre expressioniste allemand du 19 eme, précautionneusement guidé par une caméra à la fois sobre et vigilante d’un metteur en scène qui a l’air de savoir où il va.Un sentiment d’oppression nous saisit en même temps qu’une promesse d’haletant suspense. Promesse non tenue : le suspense ne tient pas la distance et s’évente assez rapidement devant les gaucheries et les invraisemblances qu’accumule un scénario cousu de fil très blanc, et si Sofia Ledarp épouse les tics les plus éprouvés de l’innocente victime, la médiocrité de Bjorn Kjellmanest est un boulet permanent pour sa compagne d'infortune et surtout pour la motivation du spectateur.Dommage.