Amy pour la vie
Brillantes, les surfaces de verre et les chromes étincelants des 4x4 d’une suburb impeccable du Missouri. Brillante, la photographie d’un univers bleuté, haut de gamme, au glacis de magazine. Beaux,...
le 22 oct. 2014
225 j'aime
22
---- Spoilers inside, j'ai essayé d'épurer au maximum la critique mais cela m'est presque impossible en raison des parallèles avec le livre ----
De deux choses l'une : dès que j'ai appris l'annonce de la sortie prochaine d'un film réalisé par David Fincher et que j'ai lu le pitch, je me suis résolu à voir ce film. J'ai voulu le voir immédiatement au cinéma, ce qui n'a malheureusement (dans un premier temps) été possible. Ensuite, après avoir dévoré Les apparences dont est tiré le film, mon envie s'est décuplée au point tel que j'ai tanné ma copine pour le regarder avec elle le soir-même, argumentant qu'elle allait adorer.
Il se trouve que j'avais tort sur toute la ligne. Non seulement, elle a détesté le film mais je ne l'ai moi-même que moyennement apprécié par dessus le marché. Pourtant, ce film partait avec toutes les cartes en mains : alors que je lisais le livre, je me faisais la réflexion que celui-ci semblait être taillé sur mesure pour Fincher, le casting comprenant un Ben Affleck qui colle à l'image que je m'étais fait de Nick Dunne, une introduction pernicieuse et trompeuse, l'histoire d'un amour mourant, ce que refuse Amy Dunne, personnage d'une intelligence froide et calculatrice n'ayant d'égal que celle d'un Hannibal Lecter, etc.
Le film n'est pas mauvais pour autant -- peu s'en faut --, il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'un thriller ficelé de main de maître mais il pèche sous bon nombre d'aspects.
Tout d'abord, sa durée excessive (deux heures et demies) qui fait que l'on a l'impression que le film tire en longueur. Paradoxalement, Fincher a employé plusieurs raccourcis qui l'auront finalement égaré ; quitte à présenter les choses autrement, ce film aurait tout aussi bien pu durer deux heures.
Par ailleurs, il manque une réelle introduction qui tienne la comparaison avec celle que fait Gillian Flynn dans son roman. Pour commencer, on est loin de l'image du couple parfait que nous présentait Flynn, mais plutôt d'un couple merdique au bord de la rupture. Ensuite, alors que Flynn faisait dangereusement vaciller l'aiguille de la culpabilité vers l'un soit vers l'autre, le film, semble présenter d'emblée Nick comme seul et unique suspect, ce qui -- en mon sens -- est une erreur lorsque l'on envisage le scénario dans cette perspective : on part d'un a priori bien forgé selon lequel Nick est (présenté comme) coupable pour n'être que trop rapidement contredit par la révélation du premier twist. La première moitié du film perdant alors toute sa saveur, le spectateur n'ayant pas eu l'occasion de se poser la terrible question quant à l'identité du réel coupable.
En outre, le dernier et non des moindres reproches que j'adresserais à Fincher est d'avoir négligé la psychologie des deux personnages Sans doute est-ce parce que j'ai lu le livre (très récemment) mais il n'est en aucun moment question du rapport de Nick à son père si ce n'est une misérable séquence qui ne laisse en rien envisager la haine -- ni même les raisons de celle-ci -- que Nick nourrit à l'égard de ce dernier. Le seul aspect abordé au cours du film est la propension de Nick à s'énerver, et ce plus particulièrement à l'encontre des femmes (un héritage caractériel de son père). Pire encore, la psychologie d'Amy Elliott Dunne n'a été qu'effleurée, tout au plus. On sait, il est dit, qu'elle entreprend cette mascarade afin de châtier Nick de son infidélité, ce qui fait déjà montre de sa mégalomanie, de sa cruauté, de son absence de remords et d'empathie, mais son côté analytique et calculateur est sous-estimé. En effet, à la lecture du roman, il apparaît qu'elle n'a absolument rien laissé au hasard, tous les scénarios, toutes les réactions de Nick ont été envisagées, de sorte à ce que son plan se déroule comme prévu quoi qu'il arrive. Même lorsqu'elle change de programme après avoir tué Desi (encore un raccourci), elle parvient à rester maître de la situation par divers subterfuge qui manquent de profondeur dans la version cinématographique.
Toutefois, rendons à Fincher ce qui revient à Fincher : adapter ce roman à l'écran n'était pas une tâche aisée, et il y est parvenu tant bien que mal avec quelques accrocs qui ne lui retirent probablement pas son charme, au vu de sa note globale. J'ai sans aucun doute fait preuve d'une exigence particulière au vu du roman et du réalisateur à l'origine de Gone Girl, peut-être mon avis changera-t-il une fois que le souvenir du livre sera moins clair dans ma mémoire.
Créée
le 13 avr. 2015
Critique lue 319 fois
D'autres avis sur Gone Girl
Brillantes, les surfaces de verre et les chromes étincelants des 4x4 d’une suburb impeccable du Missouri. Brillante, la photographie d’un univers bleuté, haut de gamme, au glacis de magazine. Beaux,...
le 22 oct. 2014
225 j'aime
22
David Fincher, Il a fallu attendre que tu entres dans ta cinquième décennie pour réaliser ton plus beau film, il faut dire que contrairement à certains je ne t'ai jamais réellement voué un culte...
le 10 oct. 2014
182 j'aime
12
D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...
le 10 oct. 2014
172 j'aime
35
Du même critique
Véritable chef d'oeuvre médiatique, "The beauty inside" est une série de six épisodes, d'approximativements dix minutes chacun. Drake Doremus allie magnifiquement la websérie et la publicité - le...
Par
le 2 oct. 2012
9 j'aime
Dexter, c'est mon ami. C'est la première série qui m'a vraiment scotché devant mon écran. Le concept est original, à côté de toutes la panoplie Playmobils policiers des Experts, ou Ken et Barbie dans...
Par
le 30 janv. 2012
9 j'aime
1
Oui, certains auront vomis tripes et boyaux devant, justement, les viscères des victimes. Et ? Fallait pas s'attendre à se retrouver devant la vidéo des meilleurs moments des Bisounours... Le titre...
Par
le 21 août 2011
8 j'aime
11