Le site est de retour en ligne. Cependant, nous effectuons encore des tests et il est possible que le site soit instable durant les prochaines heures. 🙏

David Fincher poursuit avec succès sa plongée dans les tréfonds de l’âme humaine. S’appuyant à nouveau sur une structure d’intrigue policière, il se délecte des codes relatifs à l’investigation mais délaisse en grande partie le côté purement policier. Avec une relative économie de moyens, Fincher nous plonge dans un captivant abîme où brillent à plein régime les puissances du faux.

L’évolution et circonvolution de l’intrigue ainsi que des protagonistes entraînent tout un panel d’impressions contradictoires avec lesquelles le cinéaste prend un malin plaisir à jouer. Ben Affleck (Nick), d’abord péquenaud amélioré, devient bourreau violent et sans scrupule, puis naïf, victime ou encore sûr de lui et revanchard. Rosamund Pike (Amy), la blonde inquiétante qui semble s’être échappée d’un opus de Cronenberg dernière période, est tour à tour représentée telle une victime expiatoire, une femme blessée fuyant la violence conjugale, une cinglée manipulatrice. On sent d’ailleurs quelque chose de « cronenberguien » dans le déchainement des pulsions destructrices et de la folie mentale la plus sombre qui se jouent ici.

Le film n’évite pas certaines incohérences et l’ensemble peut parfois paraître bancal mais Fincher illustre avec une précision diabolique les esprits retors des personnages. Les mystifications brillantes du récit et de la mise en scène induisent, presque à chaque instant, un questionnement ontologique face à ce qui est représenté. L’image (souvent projection d’images mentales d’un esprit malade), la voix off (fallacieuse), le journal intime (factice), rien ne fait foi.

Dans cet univers malsain et paranoïaque, Fincher dénonce avec acidité l’ère des médias tout puissants et de l’humain connecté, interconnecté. La notion de mise en scène de la vie quotidienne prend ici tout son sens. Il n’est même plus question d’irruption de la sphère médiatique et publique dans la vie privée, mais du privé prenant les devants et s’exposant pour tenter de construire, de contraindre, ou tout du moins de réorienter l’opinion publique. Une société de l’exposition du faux généralisé que le cinéaste dépeint avec une folie toute maîtrisée, contenue, et qui explose au travers de quelques climax fugaces. Une fois encore, voilà qui n’est pas sans évoquer le Cronenberg de ces dernières années, passionnant donc.

Rémi Labé
r_labe
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2014

Créée

le 16 oct. 2014

Critique lue 298 fois

2 j'aime

r_labe

Écrit par

Critique lue 298 fois

2

D'autres avis sur Gone Girl

Gone Girl
Sergent_Pepper
8

Amy pour la vie

Brillantes, les surfaces de verre et les chromes étincelants des 4x4 d’une suburb impeccable du Missouri. Brillante, la photographie d’un univers bleuté, haut de gamme, au glacis de magazine. Beaux,...

le 22 oct. 2014

225 j'aime

22

Gone Girl
Kobayashhi
8

Lettre ouverte...

David Fincher, Il a fallu attendre que tu entres dans ta cinquième décennie pour réaliser ton plus beau film, il faut dire que contrairement à certains je ne t'ai jamais réellement voué un culte...

le 10 oct. 2014

183 j'aime

12

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

172 j'aime

35

Du même critique

Winter Sleep
r_labe
5

Paroles, paroles et toujours des paroles

Un comédien à la retraite. Un hôtel taillé à-même la roche d’Anatolie. Une jeune femme mariée à un vieil homme. Une femme désarçonnée suite à son divorce. Une famille qui ne peut/veut pas régler son...

le 1 oct. 2014

3 j'aime

2

Gone Girl
r_labe
7

Les Puissances du faux

David Fincher poursuit avec succès sa plongée dans les tréfonds de l’âme humaine. S’appuyant à nouveau sur une structure d’intrigue policière, il se délecte des codes relatifs à l’investigation mais...

le 16 oct. 2014

2 j'aime

Le Paradis
r_labe
9

Un grand « paon » de cinéma

On ne saurait jamais assez le répéter : Alain Cavalier est un artiste précieux, subtil et tendre. Son dernier film en date, Le Paradis, se revêt au premier abord des atours d’une toute petite chose,...

le 19 déc. 2014