Entré dans le top 111 des meilleurs films de tous les temps Sens critique, je ne pouvais pas résister. Par un mécanisme psychologique bien connu chez de nombreux gens chiants tels que moi, plus un film est apprécié par la critique, et plus je suis inquiète à l'idée de le visionner, voire moins j'en ai envie. La peur de la déception et tout ce qui s'en suit. Autant Mommy ne m'avait pas inquiétée puisque j'avais déjà vu tous les autres Dolan, autant c'est exactement pour la même raison que j'étais assez perplexe sur Gone Girl, tant j'ai pu adoré Fincher dans des Fight Club, Seven, The Game, Alien 3, autant il a pu me décevoir dans l'Etrange Histoire de BB, Zodiac et autre. Bref, rentrons dans le vif du sujet parce que je m'égare.
/Critique truffée de spoilers/
Gone girl donc, c'est en plus entre autre Ben Affleck, un acteur que je juge somme toute moyen, mais jamais vraiment surprenant ou très profond. Le pitch est simple : sa femme a disparu et les soupçons se tournent rapidement vers lui.
Le choix du générique, avec des prises de vue de quelques secondes qui s'enchainent, je me dis "oh ça a l'air pas mal", j'adhère avec le choix. Mais dans les 20 premières minutes du film, j'étais, je l'avoue, malgré tout carrément déçue en pensant à toutes ces personnes qui me l'avait chaudement recommandé parce que les flash back sur la rencontre nous laissent assez perplexe : le rêve américain version folle histoire d'amour parfaite, au premier baiser magique, à la rencontre idéale, l'humour, la compréhension, bref tout y est. Je regarde du coin de l'oeil ma cousine que j'ai embarqué dans cette aventure de plus de 2h, et en la voyant souffler je me dis que même si elle allait me détester, on est au moins sur la même longueur d'onde.
Mais bonne surprise évidemment, le film continue et s'enracine dans une histoire moins caricaturale, où le héros semble cacher des éléments importants et où la version de Nick et celle d'Amy (Rosamund Pike) se superpose et se contredise. Plusieurs éléments et attitudes du héros nous laisse voir qu'il n'est pas aussi clair qu'il l'annonce.
Pourtant très vite, l'accumulation évidente de preuves contre lui ainsi que l'absence de corps nous porte à croire qu'il n'est pas coupable, et que sa femme ne peut pas être morte (twist classique). A ce moment, deuxième déception, fin attendue. Mais non l'histoire plutôt que de s'enliser prend un autre tournant et très vite la certitude de Nick se tourne dans la même direction et les indices laissées par Amy font basculer l'intrigue : il n'est plus question de savoir si elle est morte mais plutôt où elle se cache. C'est alors que le personnage d'Amy fait son apparition. Pendant les 10 premières secondes, on pourrait croire que, même si la vengeance est excessive, elle a permis à cette femme de se sortir d'un mariage dans lequel elle ne trouvait pas son compte. Mais très rapidement, exit la version fantasmée d'elle-même, on découvre un nouveau personnage.
Cette nouvelle Amy est effrayante et Pike joue parfaitement la sociopathe. La tension qui se dégage du film à partir de ses retrouvailles avec Neil Patrick Harris est palpable et la pression que celui-ci exerce sur elle n'est pas sans redoubler celle sur le spectateur à base de "elle va te niquer".
Le meurtre du personnage de Harris en plein coït marque un nouveau tournant dans le film, où Amy apparait de plus en plus dangereuse mais avance pour le spectateur à visage découvert. Son retour, s'il sauve Nick de la peine de mort, l'entraine dans un couple dont il ne veut pas et au sein duquel il craint pour sa vie, avec une femme qu'il voit enfin sous son vrai visage sans pouvoir l'arrêter ni pouvoir la quitter.
Cette seconde partie du film permet d'appréhender les image de la rencontre du couple sous un nouveau jour, et d'y analyser le choix volontairement caricatural de plans parfaits (musique romantique et baiser sous une pluie de sucre).
Si Ben Affleck est égal à lui-même, Carrie Coon, qui joue sa soeur jumelle, ancre quant à elle le duo dans un rapport plus réaliste à la situation. Bien évidemment, Gone Girl, qui avait tout pour être un film psychologique, ne creuse pas assez ses personnages pour leur donner une épaisseur nécessaire. L'atmosphère et l'intrigue prennent le pas sur la construction des personnages alors même que paradoxalement le film est construit autour de ce(s) personnage(s). Mais c'est un film qui fonctionne bien malgré ses incohérences puisque le culot du réalisateur dans l'ignoble qu'il génère fait rire et surprend, et tient en haleine. L'histoire fonctionne très bien donc, et Fincher, s'il n'écrit pas ses films, sait pourtant leur donner des plans propres et une consistance visuelle appropriée.
Moralité : Quand tout semble trop beau pour être vrai, ce n'est peut être pas réel.