L'Amérique de Fincher

Gone Girl est la dernière réalisation d’un réalisateur très connu qui est David Fincher. En effet, Fincher qui a débuté dans la réalisation de clip en autre pour Madonna est connu pour sa mise en scène millimétrée et sa photographie très soignée. Donc Gone Girl pour résumer rapidement l’histoire parle de Nick Dunne qui le jour du cinquième anniversaire de mariage voit sa femme disparaître. Nick Dunne et sa femme représentent le couple en apparence parfait à l’américaine mais lorsque l’enquête de police ce soit disant couple parfait va voir son image s’effriter. Nick va devenir petit à petit le suspect numéro un dans l’affaire notamment a cause de la médiatisation de l’affaire. Dans cette première partie on ne peut que penser à l’affaire Viguier qui a eu lieu en 2009. Ce qui est important de préciser avant d’analyser le scénario c’est que le film est découpé en trois parties. La première partie est la disparition. Pendant toute cette partie du film Nick incarné par un bon Ben Affleck l’interprète parfaitement on ne sait pas quoi penser du personnage aucune émotion ne ressort de son visage. A cela s’ajoute son comportement totalement perdu par exemple quand Nick sourit quand une femme prend un selfie avec lui lors des recherches pour retrouver sa femme. Fincher dans cette partie gère très bien la tension dans sa mise en scène cela est notamment renforcé par la musique de Trent Reznor et Atticus Ross ( Fincher avait déjà collaboré avec Reznor et Ross sur Millenium et The Social Network). Une première partie très intéressante avec les médias qui s’infiltrent dans la vie privée de Nick jusqu'à le détruire. Notamment avec la scène de l’aéroport où Nick se cache des autres voyageurs car une présentatrice sous entend à la télé que Nick aurait des rapports avec sa sœur.
La deuxième partie est la révélation. C’est pour moi la plus décevante. En effet, Fincher avait deux choix soit lever le voile du mystère dans la partie deux ou soit le prolonger avec le personnage de Ben Affleck. Malheureusement il choisit de lever le voile et cela va faire perdre au film une tension scénaristique et un suspense qui ne faisait qu’augmenter dans la première partie. Certains personnages sont un peu trop caricaturaux dans cette deuxième partie à l’exemple du rôle de la jeune voisine un peu beauf jouée par Lola Kirke. Mais cette partie du film n’est pas non plus totalement mauvaise il ne faut pas oublier le rôle de l’avocat de Nick joué par un étonnant Tyler Perry plus habitué aux comédies américaines. D’ailleurs une petite déception pour moi c’est le rôle de Neil Patrick Harris qui n’est pas très consistant dommage pour un acteur comme lui qui essaye de se débarrasser du rôle de Barney stinson dans la série How i met your mother. Dans cette deuxième partie Fincher va s’attarder sur la femme de Nick qui est Amy jouée par une excellente Rosamund Pike.
La troisième partie va s’attarder sur le retour cette partie va finir de parachever les propos de Fincher sur les médias, l’image et sur le mariage. En effet depuis le début de l’enquête les médias vont s’immiscer dans la vie du couple Dunne sans se soucier un instant de l’impact sur Nick ou Amy leur vie privée va être mise en pâture à un public qui en redemande. Cette instrumentalisation des médias sur la vie privé des gens avait déjà été le sujet de Rapt de Lucas Belvaux. Ce que montrent ces deux films c’est qu’à l’heure actuelle les médias s’acharnent en toute impunité sur un individu même si celui ci est présumé innocent mot qu’aucun médias n’utilisera durant tout le film ! Les média répondent juste à une demande immédiate de leur téléspectateur et font du média sensationnel toute la journée comme l’émission dans le film du personnage de Ellen Abbott les médias ne sont plus que des infos people que la population écoute. Et Nick va vite le comprendre dans la deuxième partie du film.
Fincher va mettre en avant la puissance de l’image médiatique au Etats-Unis. Nick va s’apercevoir dans la deuxième partie du film que l’image peut faire pencher la balance de son côté malgré les révélations sur sa vie privée. Fincher est un réalisateur qui aime bien mettre de l’humour noir dans ces films et Gone Girl est l’exemple parfait le film en est rempli. Dans la dernière partie du film quand Amy rentre chez eux et qu’il y a donc une conférence de presse Nick doit faire s’emblant d’aimer sa femme et doit l’embrasser pour prendre une photo devant les photographes. Cela résume un peu l’avis de Fincher sur l’image médiatique qui n’est pour lui qu’une hypocrisie totale le « couple » Dunne est fictif mais en surface il présent. Fincher s’est toujours intéressé à ces faces cachées et aux choses cachées derrière l’image.
Le dernier point sur lequel Fincher insiste c’est la relation dans le mariage entre deux individus. Il la compare presque a une guerre surtout quand la femme de Nick lui dit « j’ai tué pour toi ». Nick est plus seul que jamais et vit reclus dans une chambre enfermée en ayant peur de sa propre femme alors qu’à l’extérieur tout le monde les applaudit quand ils sont ensembles. A la fin du film on a l’impression que Nick est un otage dans son couple et chez lui il n’est plus que l’ombre de lui même alors qu’à l’extérieur il est le mari qui soutient sa femme.
Pour conclure Gone Girl est un film intéressant pour ses thématiques mais il n’est pas non plus le meilleur film de Fincher. Cela est dû a une narration un peu alambiquée et une tension scénaristique qui redescend dans la deuxième partie mais Fincher maitrise toujours aussi bien sa mise en scène et les acteurs sont relativement bons. A rajouter aussi la photographie toujours aussi magnifique de Jeff Cronenweth (Millenium, The Social Network et Fight club).