La mise en scène maitrisée de Villeneuve

Sicario est le dernier film réalisé par Denis Villeneuve. Denis Villeneuve est un réalisateur Canadien qui a aussi réalisé les films Prisoners et Enemy. Dès le plan d’ouverture le spectateur reconnaît directement le style de Villeneuve avec des plans millimétrés et une esthétique très travaillée.
Avant de parler précisément des forces du film, il convient de mettre en exergue le scénario du film. Pour éviter toute révélation sur le scénario, un agent du FBI (joué par une intéressante Emily Blunt) va intégrer une équipe d’intervention anticartel mais va vite remarquer les méthodes extrêmes utilisées. Ce qui est intéressant à analyser dans les films de Villeneuve c’est sa mise en scène extrêmement travaillée. Villeneuve utilise peu de dialogue et préfère raconter son histoire par la mise en scène. La scène quand l’équipe d’intervention se trouve dans la ville de Ciudad Juarez dure plusieurs minutes. Une tension extrême se crée non par le dialogue mais l’utilisation de l’excellente musique de Jóhann Jóhannsson (qui avait déjà travaillé avec Villeneuve sur le film Prisoners). L’utilisation de la musique est complémentaire à la mise en scène, elle accentue les scènes de tension. Les plans du film sont très souvent longs comme dans tous les films de Villeneuve et à chaque plan on n’anticipe jamais la finalité de la scène. Cela renforce encore plus la tension du récit. L’intelligence des plans de Villeneuve par exemple le réalisateur utilise des plans aériens pour montrer les villes américaines et ensuite des plans aériens pour Juarez au Mexique. Ces plans nous montrent l’organisation urbanistique chaotique de Juarez, les plans aériens nous permettent de comprendre la situation complexe de la ville.
Mais Sicario n’est pas un film parfait, on peut lui reprocher des scènes qui ralentissent la narration comme l’histoire du père de famille de Juarez. Elles auraient pu être expliquées par des dialogues de quelques secondes et non par une mise en image de plusieurs minutes ce qui vient ternir le rythme du film. Une autre critique peut porter sur un début de scénario très classique avec un agent du FBI idéaliste qui se retrouve dans une équipe où la barrière morale est presque inexistante. Une facilité scénaristique peut-être un peu trop classique même si cela sera mieux exploité plus tard dans le scénario.
Pour finir quelques mots sur la magnifique photographie du film faite par un grand directeur de la photographie Roger Deakins (qui a travaillé sur des films comme No Country for Old Men des frères Coen et Skyfall de Sam Mendes). La photographie du film sert la mise en scène du réalisateur de manière implicite, les deux deviennent indissociables. Sicario reste un film intéressant à voir.