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Andrew Niccol a décidément l'art de cerner la façon dont une technologie parviendrait à avoir suffisamment d'impact dans notre monde pour le transformer et modifier nos habitudes de vie, le tout avec une anticipation glaçante de réalisme. Ainsi après le déterminisme génétique dans Bienvenue à Gatacca, L'utilisation de comédiens entièrement numériques dans Simone et les minutes de notre vie utilisées comme monnaie officielle dans Time Out, le scénariste s'attelle aujourd’hui à une histoire encore plus actuelle et réaliste puisqu'elle prend place de nos jours, dans notre propre univers. En effet, Good Kill nous dépeint la guerre propre et moderne à laquelle se livre dorénavant l'armée américaine en Afghanistan. Une guerre où les pilotes de ligne sont remplacés par des drones pilotés à distance dans une base militaire climatisée et loin du conflit, permettant ainsi à notre personnage principal Frank de pouvoir tranquillement bombarder du taliban sans le moindre risque pour sa sécurité et de rentrer le soir faire cuire son barbecue auprès de sa jolie petite famille. Autrement dit, Frank est apparemment le soldat le plus chanceux de la terre et n'a donc aucune raison d'être malheureux. Cependant tout n'est pas aussi parfait qu'on pourrait le croire et cette nouvelle forme de guerre si elle résout pas mal de problèmes en génère également de nouveaux.


En effet le travail a changé et les qualifications requises pour y accéder ont elles aussi évoluées. Désormais n'importe quel pro de Call of Duty peut rentrer dans l'armée et faire le boulot des tireurs de ligne. Par conséquent, notre cher Frank, véritable soldat ayant combattu à 6 reprises directement sur le terrain se retrouve à travailler avec une bande de gamers tous extrêmement jeunes et n'ayant jamais vécu l'horreur du conflit de leurs propres yeux. Le rapport à la guerre évolu lui aussi. Forcément quand on travaille dans des conditions pareilles, on a plus l'impression d'être devant un jeux vidéo que devant un véritable champ de bataille et on peut facilement oublié que chaque personne sur lesquels on envoi un missile ne sont pas justes des méchants à dégommer mais bel et bien des êtres vivants constitués de chair et de sang.


Si certains n'ont aucun remord à tuer de la sorte et sont même prêt à ce que quelques civils meurs pour que que des talibans périssent, d'autre comme Frank et sa coéquipière ne vivent pas très bien leur position de supériorité vis à vis des personnes qu'ils exterminent. Notre héros en a particulièrement marre de son job et regrette presque le temps où il risquait sa vie jour pour jour sur le front.


Le temps où il se sentait d'égal à égal avec ses ennemis, le temps où le danger de mort lui filait une adrénaline et une énergie incomparables, le temps où il avait l'impression de se mettre en danger pour quelque chose qui en valait vraiment la peine. Aujourd'hui tout a changé. Frank n'a plus l'impression d'être un combattant mais un bourreau, qui n'a plus qu'à semer la mort sur des victimes sans moyens de défense et qu'il peut parfaitement voir dans une superbe résolution HD, tout cela rien qu'en appuyant sur un bouton. Cette technique permet également des frappes chirurgicales bien plus ambitieuses, tuant au passage de plus en plus de civils se trouvant dans le sillage. Des massacres immoraux, froids, sans pitiés et pas si éloignés de ceux perpétraient par les terroristes. D'où pour Frank le sentiment de faire un travail de lâche boucher et de ne plus œuvrer pour un combat juste et équitable.


A la maison aussi tout est loin d'être rose. Alors qu'il a maintenant la chance d'être auprès des siens tous les jours, Frank regrette le temps où il s'absenter pour des périodes bien plus longues, le temps où son absence se faisait bien sentir et où il était acclamé en héros à chaque fois qu'il revenait de la guerre. Désormais enfermé dans un train-train quotidien, exerçant un boulot de merde et incapable de dire à sa femme ce qu'il fait au quotidien, notre homme se renferme et son couple part inévitablement en lambeaux.


Vous l'aurez compris le film est excellemment bien écrit et regorge de bonnes idées extrêmement pertinentes qui chacune d'entre elles amène à des pistes de réflexions profondes et intéressantes sur les comportements et les individus qu’engendrent cette nouvelle guerre. Certes il est par moment un peu redondant mais la richesse et la justesse de son discours valent vraiment le coup.


Plusieurs personnes ont reproché au film d'avoir une réalisation assez pauvre et très classique. Mais les gars on parle de Andrew Niccol là. Le mec n'a jamais été un grand réalisateur, c'est un excellent scénariste qui se contente de faire des mises en scènes correctes mais jamais très recherchées. Pourquoi ? Parce qu'il sait que ses scénarios se suffisent à eux même et qu'il n'y a pas besoin de les gonfler avec une mise en scène inutilement complexes. Je suis de ceux qui pensent que c'est avant tout par une bonne histoire que l'on fait un bon film et qu'un mauvais scénario, quelque soit la qualité de sa réalisation, fera obligatoirement un mauvais film. La mise en scène se doit d'être adapté à l'histoire qu'elle met en image et certains récits n'ont tout simplement pas besoin d'une réal très poussée. Regarder 12 hommes en colère. Personne ne se plaint de sa mise en scène très simpliste, mais c'est normal, car tout l'intérêt du film réside entre ses interactions avec les personnages, par conséquent une mise en scène très travaillée aurait vraiment plus desservit l'histoire qu'autre chose. Et ici, dans Good Kill c'est la même chose. C'est un film jouant avant tout sur le développement de son personnage principal, par conséquents sur les interactions entre les personnages, il n'y a donc pas besoin d'avoir ici une mise en scène inutilement tape à l’œil.

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le 25 août 2015

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Alfred Tordu

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