Hier soir alors que la fête du bruit battait son plein en dessous de mes fenêtres, je décidais d’honorer ce jour spécial à ma manière en regardant le biopic de Terri Hooley, fondateur du label Good Vibrations aux origines du mouvement punk en Irlande…J’ai ainsi pu comparer en live le battement sourd et mécanique des basses provenant de la soupe technoïde diffusée en bas de chez moi avec toute l’énergie insoumise et déjantée de groupes comme Rudi, The Undertones ou The Outcasts. Il n’est pas étonnant qu’une telle musique se soit développée dans un contexte aussi violent et liberticide que le Belfast des années 70…Le film n’oblitère rien de ces années sombres en faisant un lien explicite entre les pressions policières ou d’autres groupuscules armés et le refus des factions, la soif de liberté, l’idéalisme de ces groupes d’ados ayant trouvé dans la scène punk un exutoire à leurs frustrations quotidiennes.
Terri Hooley n’est d’ailleurs qu’un idéaliste barbu et plus âgé avec un peu de suite dans les idées. La musique étant pour lui ce qui peut réunir pacifiquement les catholiques et les protestants, il va ouvrir un magasin de disques dans un vieil immeuble de la Great Victoria Street et commencer à produire ces groupes qu’il n’estime pas assez reconnus. La séquence où il les emmène en tournée dans un van pourri à travers toute l’Irlande du nord s’inscrit directement dans cette démarche. Aucune autre motivation que celle de partager une musique qui le transporte. L’argent lui manque, et lui manquera toute sa vie, mais il veut absolument faire découvrir ces groupes à ces jeunes irlandais d’abord ébahis devant tant d’anticonformisme puis très vite bourrés et pogotant comme des fous sur des refrains dont la pauvreté lexicale est largement compensée par la conviction furieuse avec laquelle ils sont chantés. Alors certes le label de Terri n’a rien révolutionné en Irlande mais il méritait bien sa petite histoire comme une preuve, s’il en fallait une, que la concrétisation d’un rêve n’est pas une question de moyens mais d’envie.


NB : Michael Fassbender était pressenti pour le rôle titre…Nul doute que la carrière de ce très bon film de Glenn Leyburn et Lisa Barros D’Sa aurait été tout autre si tel avait été le cas. Même si je n’ai absolument rien à reprocher à l’interprétation de Richard Dormer…


Pourquoi regarder : parce que New York avait les coupes de cheveux, Londres les pantalons et Belfast les motivations (dixit Terri Hooley).


Pourquoi ne pas regarder : parce que les punks ne sont pour vous que des gens qui aiment les chiens.

Outbuster
7
Écrit par

Créée

le 25 févr. 2016

Critique lue 400 fois

2 j'aime

Outbuster

Écrit par

Critique lue 400 fois

2

D'autres avis sur Good Vibrations

Good Vibrations
Sophia
7

Critique de Good Vibrations par Sophia

Petit film sympathique comme le sont souvent les films "musicaux" anglais. J'avais déjà vu un film sur l'arrivée de la funk dans un petit village anglais au même festival, et j'en garde la même...

le 19 oct. 2012

2 j'aime

Good Vibrations
magyalmar
7

Critique de Good Vibrations par magyalmar

Passionnant morceau de vie et d'Histoire qui retrace l'ascension du punk en plein conflit nord-irlandais, à travers les yeux de Terri Hooley, disquaire visionnaire. Le film compile quelques...

le 18 juil. 2015

Du même critique

Lumières dansantes
Outbuster
8

Mads Mikkelsen n'aime pas les vaches.

Dans ce film Mads Mikkelsen, que vous connaissez surement, tue une vache en lui tirant dans la tête à bout portant. Elle le regardait de son air impavide et néanmoins entendu. Dans ce film Nikolaj...

le 24 févr. 2016

18 j'aime

6

Mandibules
Outbuster
7

Le dernier Dupieux qui fait mouche !

Découvert cette semaine dans le cadre du festival Grolandais de Toulouse, le nouveau film de Quentin Dupieux est une comédie burlesque qui raconte les aventures de deux amis un peu con-con qui...

le 18 sept. 2020

10 j'aime

Himizu
Outbuster
3

Himizu: un film socialement valorisant.

Sion Sono est un artiste japonais polyvalent, touche-à-tout et anticonformiste. Ce qui en fait tout naturellement un réalisateur singulier. Son cinéma reflète son obsession d’une société japonaise...

le 25 févr. 2016

9 j'aime

5