Après ce qui était peut-être son film le plus décevant, The Cut, Fatih Akin se devait de rebondir. Du coup, on ne l'attendait certainement pas aux commandes d'une adaptation d'un roman à succès auprès de la jeunesse allemande. Le début du film n'est d'ailleurs pas très convaincant mais le road-movie doublé d'un récit d'apprentissage finit par faire sens et l'on y retrouve en partie l'univers du cinéaste germano-turc. Dysfonctionnements familiaux, rébellion face aux conventions, goût pour la marginalité, le tout enveloppé dans de fines couches d'humour et de tendresse mais sans mièvrerie aucune. Mine de rien, sous des dehors assez classiques, Tschick ne fait pas de concessions et trace sa route sans freiner. C'est un peu foutraque, souvent, mais c'est ce qui a toujours fait le charme des films d'Akin. En s'enfonçant dans l'Allemagne intérieure, loin de Berlin, cette ballade en Lada s'évade peu à peu du réalisme, croise des cochons sur l'autoroute, dévaste un champ de maïs, fait la nique aux policiers et célèbre l'amour maternel. Entre autres. Et remet Richard Clayderman (!) au goût du jour. Et ça, ce n'est pas rien.