Elle a buté des aliens qui bavent ok, mais elle est aussi la pote d'un dos argenté de 200kg

[biopic sur la vie de Dian Fossey, donc si vous voulez apprendre certains détails de sa vie et ce qu'elle est devenue en matant le film, bah y a comme un spoiler ici, sinon bah nan]

Un film qui est loin d'être totalement parfait oui, a qui l'on reprochera facilement quelques défauts de rythme et de longueurs parfois lourdes. Mais c'est bizarre parce que j'ai beau écrire ça, je ne l'ai que très peu ressenti, écrivant cette impression que par pure hypocrisie naissante d'un amalgame entre les souvenirs que je garde de ce film (vu pourtant récemment) et l'ensemble des critiques qu'on peut en lire.

En réalité, ce film m'a énormément touché. Le personnage de Dian Fossey est quelqu'un que j'admire énormément et son interprétation par Sigourney Weaver est tout à fait convaincante, semblant plus que jamais impliquée dans son rôle. Et c'est d'ailleurs un avantage pour se détacher d'Ellen Ripley (ouais, ce rapprochement est très con mais c'est dur de ne pas faire la liaison directe dès qu'on voit sa tronche, un de ces rôles qui empiètent sur une vie) et ne plus penser qu'à Dian Fossey, une personne qui ne s'est pas battue contre des gros aliens baveux hostiles et griffus mais qui a su approcher un groupe de gorilles de montagne, les comprendre, apprivoiser leur regard et se faire accepter parmi eux, affrontant la présence craintive et protectrice d'un mâle somptueux, le dos argenté, énorme masse de muscles faisant bien ses 200 kilos, avant d'acquérir sa confiance et ce qu'on aime à se laisser appeler de façon anthropomorphique son amitié et sa reconnaissance.

Le film, histoire d'un coup de foudre, montre l'approche douce et précautionneuse d'une femme déterminée et téméraire vers ces animaux splendides pour les "comprendre", les apprivoiser, et éprouver chaque jour son amour pour eux, peuple pacifique où elle trouve son salut et le sens à sa vie, puis l’aliénation progressive à cet autre monde qu'elle subit face à l'incompréhension et son incapacité à défendre seule ses causes, s'engageant sur un chemin loin de toute raison, vers une fin tragique.

Le film, comme la biographie de Dian Fossey, au delà des questions éternelles (mais hélas justifiées) de l'inconscience et de l'irrespect de l'homme envers la nature, pose la question de la barrière entre homme et animal, la frontière du langage, le mur de l'incompréhension, les enclaves de la pensée humaine face à un être pour qui on s'engage émotionnellement et dont on ne peut qu'interpréter les réactions et en aucun cas les prédire.
Et il pose ces questions de façon tant optimiste que pessimiste, montrant les images purement magnifiques d'une beauté limpide d'un être approchant doucement un autre être, sauvage, bestial, fort comme un boeuf, aussi beau que mortel mais pacifique. N'engageant ni guerres ni combats autre que pour la survie de son groupe, retiré là où il subit placidement les agissements de ce qu'on appelle avec emphase la civilisation.
Sur la superbe musique de Maurice Jarre, elle s'allonge précautionneusement dans l'herbe, respire lentement et mime leurs gestes, et l'énorme dos argenté approche aussi, sans agressivité, sans rancune, juste curieux, et il assoie sa masse démesurée de force tranquille pour goûter une pousse de bambou sans se préoccuper de la présence humaine, en toute confiance. Elle est acceptée.

Ces images "sonnent vraie" et sont à ce titre d'autant plus réelles que c'est bel et bien ce qu'a vécu Dian Fossey. Elle a su traverser cette frontière, cette barrière bestiale. Ses engagements et sa cause obstinée l'ont détruite par la main de l'homme. Celle du singe, elle n'a fait que partager une caresse et une pousse de bambou avec cette femme dévorée de passion.

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le 26 janv. 2013

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zombiraptor

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