Un policier moscovite aperçoit lors de sa ronde de nuit trois cadavres, le visage arraché, les empreintes digitales effacées au sein du parc de Gorki. Il va mener son enquête sur ces morts atroces, qui semblent impliquer les plus hauts sommets de l'Union Soviétique ainsi qu'un homme d'affaires américain qui semble avoir ses entrées.
Michael Apted est un réalisateur qui m'intéresse en haut lieu, pas que pour ses films, mais aussi et surtout pour sa série Up, qui filme plusieurs personnes depuis leur enfance jusqu'à un âge avancé qu'il a continué peu de temps avant sa disparition, en 2021. Et là, j'ose dire que Gorky Park est peut-être ce qu'il a fait de mieux au cinéma, tant le thriller est haletant et avec des acteurs au top. Je pense en particulier à William Hurt, incarnant ce fameux policier de haut rang, qui va être pris comme dans un engrenage jusqu'à douter de ses propres convictions en tant que Soviétique. On retrouve aussi Lee Marvin, Brian Dennehy ou encore Joanna Pacula. Bien que tous soient occidentaux, on se plonge très vite dans l'URSS des années 1980, où la surveillance est permanente, mais dont la foi vacille pour certains et certaines, le tout dans une enquête que je trouve passionnante, et même la musique signée James Horner se veut orientale à travers ces décors enneigés de Finlande. Oui, ça a été tourné dans ce pays, et non en URSS pour cause de guerre froide mais l'illusion est parfaite.
Du coup, je ne suis pas surpris que le film n'ait pas marché à sa sortie, mais avec le recul, il se révèle diablement efficace, et montre sous une apparente perfection, à quel point le modèle soviétique de l'époque commençait à s'effriter. Notamment dans le jeu de William Hurt qui semble de plus en plus spectral, presque effacé, car il comprend.