Robert Altman décortique avec ironie la face cachée d'une famille anglaise et d'une société, je ne l'aurais d'ailleurs pas imaginé être le réalisateur d'un tel film, à l'esprit aussi British, mais en tant qu'Américain, il a peut-être l'oeil plus incisif pour livrer cette peinture jubilatoire de l'agonie de l'aristocratie britannique.
Inspiré de la Règle du jeu de Renoir, le film est brillant par son casting absolument époustouflant, alors même que la mise en scène est sans effet particulier, mais retrouver dans un même film une telle brochette d'acteurs, c'est prodigieux, et ce, quelque soit leur emploi : Charles Dance, Kristin Scott-Thomas, Derek Jacobi, Michael Gambon, Richard E. Grant, Helen Mirren, Alan Bates, Maggie Smith, Emily Watson, Jeremy Northam, Ryan Philippe (le seul Américain), et Clive Owen dans un de ses premiers rôles importants.
Etude des gens snobs, rivalité ironique entre la vieille Angleterre et l'Amérique, critique acerbe de leurs patrons par les domestiques... tout ceci est abordé de façon souvent savoureuse et caustique, et rappelle aussi un peu le Guépard qui voyait la fin de la noblesse sicilienne. Et puis dans sa seconde partie, le film bascule dans une sorte d'enquête à la Hercule Poirot, suite au meurtre du maître de maison, là aussi, c'est un vrai jeu de massacre sur les mentalités.
Mais surtout, ce film m'a fait immédiatement penser à un feuilleton britannique des années 70-80 dont j'avais vu de nombreux épisodes, Maîtres et valets (Upstairs and downstairs) qui montrait la servitude sous un angle très rigoriste et surtout deux mondes qui se côtoyaient mais ne se mélangeaient jamais, comme l'indique son titre original, qui signifie que ces deux mondes sont séparés par des escaliers ; c'est également le cas ici. On peut y voir aussi des ressemblances avec la mini-série Downtown Abbey. Un très bon film d'atmosphère.