Un peu le parallèle français de Spotlight, mais qui s'intéresse aux personnages et aux témoignages plus qu'au scoops et à l'enquête. le film a d'abord été envisagé comme un documentaire par Ozon, ca se ressent, parce que le film n'est vraiment qu'une galerie portraits d'individus plus qu'une grande enquête édifiante sur un sujet sulfureux. Ozon oujours soucieux de présenter la parole des concernés, la parole qui se libère et qui soigne mais aussi qui rouvre des blessures mal refermées, et la parole utilisée pour etouffer l'affaire quand on se place parfois du côté des institutions religieuses. Les victimes choisies pour être les personnages principaux permettent d'avoir une variété des points de vue, de caractère, de sensibilité vraiment remarquable. et la façon dont Ozon traite Brabarin et surtout le père Preynat est vraiment très très juste pour moi
Formellement, j'ai été surpris par la quantité de lectures de lettres et de mails en voix off sur des images assez quotidiennes des victimes. Au début j'ai trouvé ca assez artificiel mais en fait ca permet d'apprécier justement là violence sourde des echanges faussement polis et cordiaux avec le cardinal Barbarin et sa secrétaire (ces personnages terriblement aimables mais profondément pourris par le mal). je ne m'y attendais pas mais j'ai passé près de la totalité des deux heures de film en larmes. L'intégralité du casting est fabuleux, des rôles principaux aux plus petit rôle secondaire.
La seule faute pour moi ce sont ces rares flash-backs des agressions où ozon semble jouer sur un suspense un peu sale en mode "hé hé jusqu'où vais-je pouvoir aller avant de couper".