Marche funèbre
Ce n'est pas très conventionnel, mais commençons par une mise au point entre rédacteur et lecteurs : je fais partie des rares personnes qui n'ont pas aimé Birdman, le précédent travail d'Alejandro...
le 25 févr. 2016
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41
Je ne suis visiblement pas client du cinéma d'Iñárritu. The revenant ne fait que confirmer la tendance pour moi : ce mec ne peut pas s'empêcher de se regarder filmer et ça nuit vraiment à ses films. La recherche de la performance d'acteur démonstrative , la démesure , la prétention auteuriste... toute son oeuvre est vaine et vulgaire.
Et dans The revenant, le forme est vraiment problématique à mon sens. Sa façon de foutre des plans séquences tape-à-l'oeil a n'importe quel moment (et surtout pas quand ils seraient éventuellement efficaces), ou de privilégier l'esthétique à tout pris fait qu'au bout d'un moment on ne voit plus que la caméra et plus l'action. On ne peut plus faire abstraction du fait que ce sont des acteurs qui évoluent devant une caméra physique : les projections sur l'objectif, la buée qui vient remplir le cadre dès qu'Iñárritu se rapproche du pif de DiCaprio d'un peu près, ou bien quand l'ours est dans le coin (alors même que l'ours est en images de synthèses et donc n'a pas pu générer pour de vrai cette buée qui est donc rajoutée en post prod ou bien encore quand la caméra est bousculée par un combat. Il pense surement que ça place le spectateur dans la réalité de l'action et que c'est bon pour l'immersion mais l'effet est complètement l'inverse !
Ensuite il y a un énorme problème de durée. Iñárritu pense clairement faire son Grand Oeuvre et a décidé que cette histoire simple de vengeance méritait d'être explorée sur 2h36 (ce n'est pas un problème en soit, s'entend . Sur le même principe on a bien eu Kill Bill volumes 1 et 2 et c'était quand même autre chose) . Le film aurait grandement bénéficié d'un montage plus humble (au moins 30 à 40 minutes à enlever). L'évènement déclencheur du film n'arrive qu'au bout de 45 minutes, et une bonne partie du film consiste a filmer DiCaprio pendant qu'il subit toutes les tortures physiques et psychologiques imaginables (assassinat de son fils, attaque d'ours, abandon, infections, balafres sanglantes, la consommation d'animaux crus). Très vite on finit par s'en désintéresser et attendre la prochaine horreur que vivra le personnage , mi-amusé, mi blasé (quand l'avalanche apparait, j'avoue avoir été surpris qu'elle n'emporte pas DiCaprio)
Et puis honnêtement, j'ai trouvé le temps long parce que le film doit approximativement être composé :
- à 30% de plans du visage de DiCaprio la moustache congelée, avec plus ou moins de fluides corporels s'échappant de divers orifices (sang, vomi, morve, bave, bave qui mousse...)
- à 20% de plans d'arbres en contreplongée avec le soleil qui peine a percer la brume
- à 20% de plans de gens tout petits dans la nature qui est tellement puissante que l'homme est une petite crotte dans le cadre
Le tout en alternance ad nauseam - ou bien sûr dans un plan séquence liant ces 3 options en un, avec un passage entre des branches, ou un autre ou on est sur un cheval puis a pied, puis a nouveau a cheval (il ne faudrait pas qu'on oublie a quel point c'est impressionnant comme façon de filmer) - alterné avec diverses scènes à cheval ou des scènes de dialogues incompréhensibles (tout le monde parle avec un accent idiot -Tom Hardy- ou la bouche pleine ou dans des dialectes indiens qu'on choisit de sous titrer ou pas complètement aléatoirement.
Enfin le message du film est tellement trivial et transparent qu'Iñárritu a carrément eu l'idée de l'écrire tel quel sur un écriteau à un moment du film "On est tous des sauvages" histoire que le dernier des cons qui n'avait pas compris en voyant le film finisse par l'intégrer.
Visuellement c'est somptueux, cependant, je ne peux pas dire le contraire. Le tournage en lumière naturelle rend très bien. Après ca participe encore du phénomène de ras-le-bol de la performance démonstrative (oui on a filmé 2 h par jour maximum, pour avoir la pluie/la lumière/la neige qu'on voulait. Oui DiCaprio a vraiment mangé du foie de bison cru et il vomit vraiment , oui. BON. Le travail du son est aussi vraiment très impressionnant.
Mais du film je ne garderai que 2 séquences magistrales , devant lesquelles je ne peux que m'incliner parce qu'individuellement ce sont de grands moments de cinéma :
- L'attaque des indiens qui ouvre le film : c'est à la fois riche visuellement, bien filmé, captivant, tout en tension et pour l'instant pas encore dans la performance d'acteur grimaçant.
- L'attaque de l'ours.
Le reste n'est plus pour moi qu'un mélange vague de violence, de cruauté , de sadisme et d'ennui (un étrange mélange entre les films emmerdants/mystiques de Malick et la delectation clinique de la souffrance de la passion du christ de Gibson) dans lequel je ne me suis jamais senti impliqué ou ému. C'est un film techniquement très bien fait mais complètement phagocyté par l'égo de son réalisateur et complètement vide de toute humanité, ou beauté. Le monde est laid, on est tous des monstres. la nature c'était mieux avant l'homme. SUPER.
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Créée
le 28 févr. 2016
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