François Ozon est un cinéaste passionnant. Deux ans près le très élégant Frantz, mélo d'après guerre en noir et blanc et tourné en allemand, il s'attaque à un sujet brûlant, tourné dans la plus grande discrétion et d'abord envisagé comme un documentaire sur la pédophilie au sein de l'église.
Ainsi, en s'intéressant au Père Preynat et à une affaire en cours, (et quelques jours avant la sortie de Sodoma,un livre sur le poids des homosexuels dans le gouvernement de l’Église) Grâce à Dieu se retrouve sous le feu des projecteurs d'une affaire en cours, qui a même failli lui empêcher une sortie au cinéma, ayant même provoqué (en partie) un sommet au Vatican.
Le film, loin des artifices, s'emploie ainsi à une justesse totale. Ainsi, ce qui peut d'ailleurs rebuter, et c'est pourtant ce qui fait l'une de ses (nombreuses) qualités, c'est le temps qu'il prend. Le temps des mensonges, le temps de voir l'irruption dans les vies de ses personnages de ces souvenirs douloureux que chacun avait enfoui.
Prenant le temps de décrire chaque destin lié à ces crimes, chaque portrait ne dispose pas de la même qualité. Ils sont tous cependant portés par des acteurs exceptionnels. Chaque parole et chaque mot touche ainsi profondément de par sa dureté ou sa lumière. Ozon regarde ces hommes se relever, dans un film qui s'avère être un cheminement dans tout ce qu'il a de plus douloureux. Un cheminement semé d'embûches que sont celles du silence, de l'envie de justice, où la lumière paraît bien dure à trouver dans une maison remplie d'ombres.